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1er Forum des médias romands : résumé de la conférence

Le premier Forum des médias romands est né de l’initiative de Média Suisse, représenté par son président Thierry Mauron et de différents médias romands : Pascal Crittin, directeur de la RTS, Daniel Pillard, directeur d’Axel Springer Suisse romande, François Besençon, vice-président de Communication Suisse, Vincent Bornet, président du Groupement des Télévision régionales romandes et Philippe Zahno, de l’Union des radios régionales romandes. Le choc de l’initiative « No Billag », après avoir rapproché les acteurs recevant la redevance, aura également fini par aboutir à créer une nouvelle dynamique entre les médias romands privés. Ce forum avait donc pour ambition de mettre en avant cette nouvelle entente. Un nouvel esprit résultat d’une situation de crise partagée par tous les acteurs. En effet, personne n’est épargné par la baisse des revenus publicitaires, du changement de comportement du public et de la nécessité d’entreprendre une transformation digitale.

Pas étonnant dès lors que les trois premières sessions aient été consacrées à la découverte de nouveaux projets médiatiques : AINews qui a pour ambition de dynamiser la diffusion du contenu de la presse régionale, le robot d’écriture Tobi de Tamedia qui permet de générer des textes automatiquement, l’utilisation de la reconnaissance faciale pour améliorer la recherche des archives de la RTS, l’utilisation de de WhatsApp pour créer une nouvelle proximité entre les auditeurs de Radio Chablais et la rédaction via l’utilisation de messages écrits ou audio et le projet Mojo de Léman Bleu, une expérience de mobile journalisme mis au service d’ONG ou d’associations.

Côté startups, on a pu découvrir les vidéos de Kapaw, la nouvelle plateforme Heidi News, l’outil de content marketing de Finity et la solution Swisspay (prochainement SmartWall) permettant à l’internaute de pouvoir franchir les paywalls en payant à l’article, ou via le visionnement d’une vidéo publicitaire ou via l’abonnement traditionnel. Enfin, le projet Initiative for Media Innovation et médias romands a laissé entrevoir l’intérêt d’un rapprochement entre le monde de la recherche académique et les rédactions.

L’ère des post-news 
L’innovation est en marche ! Après avoir pris du retard sur la digitalisation, les éditeurs rattrapent leur retard. Mais dans une logique digitale, l’expérience client est au coeur de la relation.  L’exposé d’Eric Scherer, directeur innovation prospectives à France télévision, s’intéressait justement au consommateur de média. De nombreuses études constatent le désintérêt du public pour l’actualité nationale et internationale. « On assiste à un repli, on sacralise la vie privée. » Un détachement du collectif accentué par les algorithmes qui amplifient la personnalisation et la recommandation. Résultat : on est de plus en plus isolé et en même temps ancré dans des communautés thématiques. Facebook l’a bien compris, lui qui privilégie les conversations entre amis et a relayé l’actualité aux oubliettes. Ce désintérêt a un impact sociétal et politique. Il en va de l’idée du vivre ensemble indispensable pour qu’une société soit la somme de différences et nous l’addition de personnalités incompatibles. L’heure est grave : L’information est un bien commun et y accéder est un droit de l’homme !

Pietro Supino interviewé par deux élèves journalistes
Déjà présent en Suisse romande en janvier pour Allmédia, le président du Conseil d’administration de Tamedia a fini cette journée en acceptant de se laisser interviewer par deux jeunes journalistes. Exercice réussit par un acteur médiatique zurichois qui commence à comprendre qu’en Suisse romande on gagne le respect en donnant de sa personne et non de son titre. Ainsi lors de la séance de questions-réponses « à la Konbini », l’assistance a particulièrement apprécié le  » je n’ai pas compris le deuxième mot » à la question « licencier ou négocier ? ».
Considérant que le développement technologique est une source d’opportunité, le président de Tamedia a plaidé pour le journalisme de qualité et d’investigation. Lucide, il ne s’attend pas à une amélioration des revenus pour la presse écrite. La solution passera par une meilleure gestion et organisation entre les titres. Quant à l’aide indirecte à la presse, il ne l’envisage que pour la distribution. Et pas question d’entrer en matière pour tout autre forme de soutien, « il faudra analyser d’abord nos déficits. »

A quelque chose malheur est bon dit le dicton.  Ainsi, le débat des rédacteurs en chef comme l’interview de Pietro Supino ont donné l’image d’une profession qui est prête à se batte pour reconquérir le public. Il y a un effet « après 4 mars » et on ne peut que s’en réjouir.

Un grand bravo à Christine Gabella pour l’organisation de ce forum.

 

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