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1ère conférence internationale sur les médias de service public : résumé de cette journée

Lundi 4 mars, la SSR et le département de l’Office fédéral de la communication ont organisé la 1e conférence internationale sur le service public audiovisuel. Une initiative lancée par l’ex-conseillère fédérale Doris Leuthard, que la nouvelle – Simonetta Sommaruga – a inauguré au Musée Paul Klee à Berne.

La date du 4 mars n’a pas été choisie au hasard. En effet, voici un an, la votation No Billag a montré l’attachement du peuple suisse envers son service public. La nouvelle cheffe de l’OFCOM a rappelé que le 4 mars 2018, elle se trouvait à St-Gall au milieu d’une place pleine d’opposants à cette initiative. Elle a ensuite mis en perspective l’importance de médias de service public dans un pays plurilingue et fédéral comme la Suisse. Mais elle a également tenu a souligner que la survie du service public impliquait également celle des médias privés. « Les comportements de consommation des médias ont changé, la place des plateformes internationales a une incidence sur les revenus publicitaires locaux, l’équilibre est de plus en plus difficile. Cette situation est inquiétante. »

Quelle place pour le service public ? 
Karen Donders, chercheuse à l’Université Vrije de Bruxelles, a dénombrés six les défis auxquels  le service public doit faire face : l’audience, les institutions publiques, les concurrents, le gouvernement, le digital et le mouvement « Me and Myself ». Ainsi entre les nouvelles habitudes, les bouleversements politiques, la tension publicitaire sur le marché des médias et l’hégémonie des Google et autres Facebook, la vie des chaînes de service public est devenue plus mouvementée. Mais le fondement du contrat du secteur public reste plus que jamais la contribution à la société.

Le digital : une opportunité ou un défi ? 
La table-ronde a permis de comprendre que tout l’écosystème est en train de changer. Comme l’a précisé Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF, 95% des investissements de contenus s’adressent à des publics de + de 55 ans. « Notre mission aujourd’hui est de toucher les plus jeunes. Nous devons nous adresser à eux sur des supports et des modes qui correspondent à leurs attentes. Tony Hall, directeur général de la BBC, a également mis l’accent vers les plus jeunes comme une priorité. Et de reconnaître que « de gros player au niveau local, la BBC est devenue un petit acteur au niveau global. »

D’où l’importance de bien maîtriser les codes du digital, comme l’ont pointé tant par Karola Wille, directrice générale de MDR (Allemagne) que Cilla Kenkö, directrice générale Sveriges Radio (Suède) : « Les sillos entre tv, radio et web commencent à tomber », a commenté la première et la seconde a rappelé que ces mutations sont concomitantes aux changements législatifs qui fragilisent les services publics. « En Suède, nous sommes passés d’un modèle de redevance à celui d’un impôt, la situation financière est plus dépendante du politique. » Pour Gilles Marchand, directeur général de la SSR, cette journée du 4 mars avait une résonance toute particulière : « La votation No Billag n’est pas un blanc-seing, elle nous oblige envers le public qui nous a soutenu. Notre existence n’est pas un acquis, nous devons sans cesse nous adapter afin de nous adresser à tous les publics. »

L’impact du service public
Noel Curran, directeur général de l’UER a ensuite mis en perspective l’impact des sociétés audiovisuelles de service public, « 52,5% de leurs revenus sont dédiés à la création de contenu, là où Netflix n’en consacre que 5,3% et Amazon 3,9 %. » Un déséquilibre qui plaide en faveur de la qualité des contenus proposés par le service public. « Le public nous crédite cette crédibilité dans tous les sondages effectués dans les Etats membres de l’UER. Cela provient principalement du fait que le contenu est à 75% conçus à l’interne par les chaînes de radio ou de télévision, que 13% provient d’autres services publics européens et que le reste est acheté à l’international. »

Local vs global
Partout en Europe, les tiraillements entre services publics et médias privés s’estompent. Face à la pression des plateformes digitales, l’heure est au regroupement. Dans de nombreux pays sont lancées de nouvelles plateformes nationales qui agrègent des émissions de tv/radio publiques ou privées avec du contenu provenant d’éditeurs ou de stations de radio privées. Lorsque le public clique, on revient sur le site d’origine : tout le monde y gagne !  Sans compter que le public commence aussi à comprendre l’implication de ces plateformes locales qui sont plus transparentes en matière de gestion des données.

Même si le combat peut paraître inégal, la fin des médias publics européens n’est pas encore programmée !

 

 

Victoria Marchand

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