Il n’est pas rare de surestimer les mutations à long terme et de sous-estimer les changements à court terme. Alors que nous avons les yeux rivés sur le Big Data et l’intelligence artificielle qui transformera le web en un Internet des objets, on en oublierait presque de constater combien nos comportements se sont profondément digitalisés.
L’étude James 2016, publiée par le ZHAW et Swisscom, nous apprenait voici quelques semaines que les jeunes Suisses passent en ligne une moyenne de 2h30 (contre 2h en 2014) durant la semaine et de 3h40 (contre 3h en 2014) le week-end : des heures avec leur smartphone à la main, qu’ils utilisent principalement pour communiquer sur des applications sociales. Ainsi, 94% ont un compte sur au moins un réseau social : 97% utilisent WhatsApp quotidiennement, 81% Instagram, 80% Snapchat, 62% Facebook. Mais à part les réseaux sociaux, que font-ils avec leur mobile ? Ils visionnent des vidéos (78%), s’appellent (71%) ou s’envoient des SMS (58%).
Voilà pour les Millenials. Qu’en est-il du reste de la population suisse ? L’étude Medienbudget.ch a révélé qu’en 2015, les Suisses avaient déboursé CHF 10,3 milliards pour leur consommation médias, ce qui comprend globalement leurs abonnements aux journaux, la redevance TV, l’abonnement au câble et à Internet, les forfaits de téléphonie mobile et la télévision payante, l’achat de matériel et de programmes informatiques. Un budget qui représente CHF 2 773 par foyer ! Autant dire que les Suisses sont hyper connectés. Et le succès du Black Friday, ce qui paralysé certains sites marchands suisses, prouve que de nouvelles habitudes de consommation sont bien installées, comme le prouve également la croissance du e-commerce (de 10% par an en moyenne).
Du côté des entreprises, 2016 sera l’année du programmatique. L’étude TBS Group, qui a analysé dix marchés européens, dont la Suisse, révèle que 57% des entreprises connaissent et utilisent ces nouvelles techniques d’achat de publicité automatisée et que près de 60% d’entre elles y dépense plus de 20% de leur budget de communication. Et ces mêmes annonceurs seraient prêts à acheter aussi de l’espace radio, presse et télévision.
La phase « d’évangélisation » est donc bel et bien finie. La barrière technologique n’existe pratiquement plus. Nous entrons dans une étape de normalisation où nous allons moins nous laisser impressionner par les nouveautés pour nous concentrer sur les usages réels que nous avons à disposition sur les divers « stores ». Comme pour les chaînes du câble, nous n’utilisons vraiment qu’une dizaine de services digitaux. Il n’est plus rare de voir des messages sur les réseaux sociaux de personnes qui quittent telle ou telle application. Seul restera ce qui est vraiment utile. Peut-être fallait-il que tout change pour que rien ne change…