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5e Forum des médias romands : comment sauver les médias?

Les acteurs des médias romands se sont donné rendez-vous au Musée Olympique ce 9 octobre pour suivre le 5e Forum des médias romands. Dès l’introduction, le ton était donné. « Depuis la création de ce forum, a commenté Christine Gabella, l’ancienne directrice romande de Tamedia, tout s’est complexifié, mais nous devons continuer à nous adapter, refuser le statu quo et échanger entre nous. »

Mais pour s’adapter, il est indispensable de comprendre l’évolution de la consommation des médias. Le professeur de l’UNIL, Olivier Glassey, en a profité pour préciser que la fragmentation des médias va désormais de pair avec des habitudes qu’il a définies comme « kaléidoscopiques ». L’environnement digital a désormais 25 ans, ce qui signifie qu’une nouvelle génération est née en héritant de nouveaux codes. Résultat : cette GenZ ne fait pas de différence entre des publications humoristiques, l’avis d’influenceurs, des articles détaillés provenant de médias traditionnels ou des breaking news sur des applications mobiles !

Face à un tel constat, est-il encore utile de quantifier les audiences à l’aune du temps de lecture ou d’écoute ? Et comment aider les médias, pris en tenaille par des réseaux sociaux qui génèrent un enfermement numérique ? Tout ne semble pourtant pas perdu : le public commence à comprendre le fonctionnement des algorithmes qui privilégient les contenus addictifs et violents. Une fatigue est en train de s’installer.

Peut-on s’attendre à un changement de comportement ? Pour Florian Jeanneret et Olivier Solioz, qui font partie de la Fondation pour l’éducation aux médias, les élèves doivent être accompagnés dans leur découverte des médias. Cette initiative du CIIP, de la SSR (RTS et RSI), de l’association Médias Suisses, des radios régionales romandes et des télévisions régionales romandes a pour ambition d’éviter le formatage de l’opinion par le biais d’ateliers médias.

 L’IA et les rédactions
Si le public s’est digitalisé, les rédactions ont aussi fait un grand saut avec l’IA. Autant Thomas Deillon d’ESH Médias, Laurent Gilliéron de Keystone ATS, Titus Plattner de TX Group qu’Eric Borgo de la RTS ont présenté les projets et applications déjà en fonction. Indéniablement, l’IA a sa place au sein des rédactions, car elle permet d’automatiser les tâches qui demandent le plus de temps (transcription d’interviews, traductions, recherches, etc.). Mais la ligne à ne pas franchir est celle de la rédaction « synthétique » : l’humain doit garder le contrôle du texte final. Certains de ces médias ont déjà leur propre charte IA. Le danger, cependant, provient des outils. Développer ses propres LLM (modèles de langage) serait dérisoire face aux investissements déjà réalisés par des sociétés comme OpenAI, Google DeepMind ou Meta. Que faire dès lors pour ne pas alimenter l’outil qui pourrait te « tuer » ? « Ne pas transmettre toutes les datas, mais développer des solutions techniques d’ingénierie journalistique permettant de proposer de la transcription text-to-speech, des chatbots conversationnels, du sous-titrage automatique d’images, ainsi que de la recherche d’images capable de tracer l’image mère. »

Quid de la liberté d’informer ?
Les menaces ne sont pas que commerciales ou technologiques. Elles peuvent aussi être légales. L’article 47 de la Loi fédérale sur les banques, qui traite du secret bancaire, les nouvelles dispositions sur les mesures provisionnelles contre les médias, la loi sur la transparence de l’administration qui ne cesse d’être limitée, ainsi que les procédures-bâillons, placent la Suisse en 9e position en matière de liberté de la presse sur 180 pays répertoriés !

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