Chronique écrite par Romain Pittet, co-président de l’association SRRP
L’affaire des faux comptes Facebook utilisés pour soutenir le PLR à Yverdon-les-Bains ternit l’image de la profession des RP. La SRRP condamne l’usage de procédés trompeurs ou mensongers. Ils sont contraires aux principes déontologiques de notre métier, que nos membres se doivent de respecter.
Mardi 17 novembre, le quotidien 24 Heures a publié un article titré «De faux profils Facebook mènent campagne pour le PLR», On y lit qu’un communicant du Nord vaudois mandaté par la section yverdonnoise du PLR aurait utilisé de faux comptes Facebook à l’appui d’une campagne du parti.
Le communicant a déclaré qu’il a fait lui-même le choix de cette approche. Le PLR affirme qu’il n’était pas au courant de cette pratique, qu’elle dépasse le mandat convenu.
Une représentation faussée de la réalité
Cette stratégie a permis de gonfler artificiellement ce qu’on appelle «l’engagement», c’est-à-dire le nombre de likes, de partages et de commentaires liés aux publications du PLR d’Yverdon-les-Bains. Plus le taux d’engagement est élevé, plus Facebook aura tendance à rendre une publication visible.
Par conséquent, la population yverdonnoise a pu être amenée à croire que le soutien populaire en faveur du PLR était plus élevé qu’il ne l’est en réalité. Dans l’article, la vice-présidente des socialistes yverdonnois ne s’y trompe pas lorsqu’elle parle de «pratique douteuse du PLR».
Le PLR affirme qu’il ne savait rien des pratiques adoptées par son mandataire. Mais que le parti ait été au courant ne changerait rien à l’affaire: ce n’est pas au client de connaître nos règles déontologiques. C’est à nous, professionnelles et professionnels de la communication et des relations publiques, de les faire respecter.
Quelles sont les règles de déontologie en vigueur ?
Les membres de la SRRP sont soumis à un cadre déontologique étendu, composé de quatre codes et chartes.
L’utilisation de faux comptes Facebook contrevient directement à l’un d’entre eux, le code de Lisbonne. Il prévoit notamment à son article 3:
«Dans son comportement professionnel, le professionnel de relations publiques doit faire preuve d’honnêteté, de probité intellectuelle et de loyauté. Il s’engage notamment à bannir tous commentaires et informations qui, à sa connaissance ou appréciation, sont mensongers ou trompeurs.
Dans cet esprit, il doit veiller à éviter l’usage, même accidentel, de pratiques ou de moyens incompatibles avec le présent Code.»
Est-ce que les règles s’appliquent à toute la profession ?
En Suisse, seuls les membres de la SSRP et ceux des autres associations professionnelles rattachées à l’association faîtière PR Suisse ont l’obligation de respecter le cadre déontologique, qui est fixé par des organismes internationaux. Bien entendu, rien n’empêche les autres professionnels de s’y soumettre volontairement. Mais sans risquer de sanctions en cas de violation.
D’après nos informations, le communicant incriminé dans l’affaire du PLR d’Yverdon-les-Bains n’est pas membre de la SRRP. Si ça avait été le cas, nous aurions traité cet épisode avec la fermeté nécessaire, ce qui peut aller jusqu’à une dénonciation auprès de l’association faîtière.
Lorsque vous confiez un mandat de communication ou de relations publiques, le mieux est de vous assurer que votre mandataire est bien membre d’une association professionnelle.
Que faire en cas de comportements douteux ?
Si vous agissez en tant que mandataire et que votre client vous incite à adopter des pratiques que vous jugez contraire à la déontologie, vous avez le devoir de refuser ces instructions. Si vous ne parvenez pas à faire approuver une approche qui respecte vos engagements déontologiques, vous devrez renoncer au mandat.
Si vous êtes un client et que votre mandataire agit d’une manière qui vous paraît douteuse, contraire à l’éthique ou qui vous rend inconfortable, vous ne devez pas valider ses propositions. Entamez un dialogue pour trouver une autre approche ou mettre fin à vos appréhensions. Dans un cas grave où votre mandataire aurait agi sans votre consentement, vous pouvez le dénoncer auprès de notre association.
Quelles sont les sanctions ?
Les cas disciplinaires comme les contraventions aux codes de déontologie de la profession sont soumis au Conseil d’honneur de PR Suisse. Ce conseil est composé de professionnelles et de professionnels qui bénéficient d’une longue expérience ou de compétences particulièrement élevées dans notre métier. Il peut prononcer des sanctions qui vont de l’avertissement à l’exclusion de l’association.