Chronique écrite par Caroline Kulko, spécialiste RP
C’est ce que j’ai tendance à penser. Ou en tout cas, il n’a pas une santé de fer. Pourtant, que l’on soit à l’école ou en entreprise, parmi les codes, les règles et les outils que l’on nous décrit comme essentiels si l’on souhaite faire notre métier correctement, figure en bonne posture le communiqué de presse. Ce serait l’outil par excellence qui permettrait à notre actu d’être relayée dans les media.
Vraiment ?
Si au début j’étais plutôt d’accord, je me suis progressivement détachée de cette idée.
En effet, comme tout professionnel des RP, au commencement, j’envoyais mon communiqué aux journalistes que j’avais identifiés, pensant que j’allais viser dans le mille. Combien de fois ai-je fait un flop ? Bien trop pour me souvenir du nombre !
Non, il n’est pas nécessaire de préparer un communiqué pour une prise de contact avec un journaliste. Et non, le communiqué ne garantit pas d’avoir une retombée dans Le Temps.
Comment j’en suis arrivée à cette conclusion ?
En faisant exactement ce qu’on ne m’a jamais appris : contacter le journaliste de manière directe.
L’e-mail qui sort de nulle part
Il y a deux ans, l’entreprise pour laquelle je travaillais voit son actualité bondir : annonce de recrutements, emménagement au sein de nouveaux locaux, croissance à deux chiffres… De quoi faire une communication ! Mais dans ce contexte où se succèdent de multiples annonces, il m’aurait fallu cumuler les communiqués de presse à quelques semaines d’intervalle. Pas une bonne stratégie selon moi.
Je pense à une journaliste d’un quotidien économique suisse qui serait à coup sûr intéressée. Je compile alors toutes ces news dans un e-mail bien ficelé, mets en avant les informations-clés, un ou deux angles sous lesquels elle pourrait traiter l’information, et lui propose une entrevue avec le Country Manager de la société, en suggérant quelques dates à Genève.
Mon message fait mouche ! Sa réponse arrive dans l’heure. On cale ensemble l’interview, la rencontre a lieu et l’article paraît quelques jours plus tard.
Ce qui a fonctionné ?
Lui avoir fourni tous les détails dont elle avait besoin dans un e-mail clair et concis. A aucun moment elle ne m’a demandé de lui transmettre le communiqué de presse. De toute façon, il n’existait pas . Elle a donc pu organiser son article avec ce que je lui ai donné, plus les éléments de réponse que le Country Manager lui a apportés lors de l’entrevue.
Le coup de téléphone du jeudi à 18h57
Et pourquoi pas appeler dans ce qui n’est généralement pas une heure dite « de bureau » ?
Une news singulière et extraordinaire à la fois, pas l’envie d’envoyer le communiqué à ce journaliste avec lequel j’ai une relation professionnelle bien établie… Allez, je compose son numéro. Ça sonne. Il décroche. Est disponible pour m’écouter. Je lui présente le projet et lui propose de lui réserver l’exclusivité. L’actu lui plaît. Le lendemain, son article paraît sur le site web du media. Un exemple de plus qui a fini de me convaincre que le communiqué de presse n’est pas une fin en soi.
A ce stade, il me vient la phrase d’un professeur qui intervenait en relations media lors d’un de mes cours il y a plus de 12 ans : « Vous verrez, des occasions de rédiger un communiqué de presse, vous en trouverez ! Une entreprise a toujours quelque chose à faire savoir. » Eh bien avec le recul, je crois l’inverse : le communiqué de presse n’est pas LA vérité. D’autres méthodes ou outils permettent tout aussi bien, voire mieux, de transmettre l’information.
Alors pourquoi vouloir systématiquement écrire un communiqué de presse ? Est-ce pour se rassurer et avoir sous les yeux le texte que l’on répètera au téléphone lors de relances ? Est-ce pour prouver que l’on a fait son boulot parce qu’on a passé 3 heures à le rédiger ? Ou bien parce que l’on estime qu’il a plus de valeur qu’un simple e-mail échangé avec un journaliste ?
S’il y a de nombreux cas où le communiqué n’est pas justifié, il ne doit pas être pour autant définitivement enterré. En effet, il y a des situations où il a toute son utilité, notamment pour des annonces fortes et formelles, ou afin que des citations soient reprises telles quelles. Mais est-ce une raison pour en user et en abuser ?