Le schéma narratif suit un principe très simple, Yung Jake évoquant comment la vidéo qu’il vient de poster entame une ascension fulgurante après un Tweet de Justin Bieber. À première vue, rien de spécial à signaler et on écoute, sans conviction particulière, le flot désinvolte du chanteur. Quelques petites animations suspectes commencent toutefois à se manifester qui ne manquent pas de titiller l’attention. Le compteur de vues de son compte YouTube s’emballe, des fenêtres s’ouvrent ou sont redimensionnée pendant que des supports divers se bousculent à l’écran de manière presque inquiétante. De manière assez bluffante, le clip reconstitue de visu la dispersion du clip à travers les divers réseaux sociaux. Des premiers « like » sur FB jusqu’aux colonnes des sites généralistes, en passant par Pirate Bay ou Flickr, une avalanche de pop-up permet de suivre « en direct » les étapes cruciales de ce buzz. Même les mannequins des espaces publicitaires s’animent pour accroître les plaisirs fugaces qui jalonnent l’odyssée de version synchrone de cet avatar numérique de Citizen Kane.
Bien qu’e.mbed.de/d reste encore quelque peu bricolé, il ne fait aucun doute que cette contribution de Yung Jake parvient à cristalliser les préoccupations et les mécanismes qui conditionnent les stratégies virales actuelles. En nous forçant à regarder au-delà du rectangle de la vidéo, il nous invite à réfléchir sur notre tendance toujours plus marquée à considérer toutes formes de productions à travers le nombre de visites.
Joël Vacheron
N. B. : Il est préférable de visionner le clip via Chrome ou Firefox, de fermer toutes les fenêtres actives et d’attendre le téléchargement complet.