Depuis quelques jours, Bühnen Bern (Théâtre de Berne) et l’agence Stämpfli Kommunikation proposent une initiative originale autour de leur prochain événement : le concert gaming « Epic Game Moments in Concert », qui se tiendra les 27 et 28 juin. Pour concevoir l’affiche officielle de cet événement mêlant musique et culture vidéoludique, ils lancent une battle de prompts IA ouverte à tous les créateurs en herbe.
Un concours 2.0 : créer avec des prompts
Le principe est simple : à l’aide d’un générateur d’images par intelligence artificielle disponible sur une plateforme dédiée, les participants sont invités à soumettre leurs meilleurs prompts autour du thème « gaming et musique ». Les visuels générés sont ensuite soumis au concours. Le visuel gagnant sera décliné en affiche officielle et affiché dans toute la ville de Berne.
Une idée rafraîchissante, participative, et alignée avec les tendances actuelles en communication visuelle… mais elle soulève une question cruciale : quels sont les droits d’auteur dans ce type de création assistée par IA ?
Droits d’auteur : qui possède quoi ?
Dans la plupart des juridictions européennes, une œuvre générée exclusivement par une IA ne peut pas être protégée par le droit d’auteur au sens strict, car elle n’a pas d’auteur humain identifiable. Toutefois, le prompt fourni par un utilisateur peut constituer une contribution créative susceptible de faire valoir une certaine forme de paternité ou de droit moral.
Mais dans le cadre d’un concours tel que celui-ci, les organisateurs prévoient généralement dans leur règlement que toute participation implique une cession totale des droits— actuels et futurs — sur l’image soumise. En d’autres termes, le visuel gagnant deviendra la propriété exclusive des organisateurs, sans rémunération ni royalties pour le créateur du prompt.
Attention aux contenus sous licence
Autre point sensible : le contenu généré par IA peut emprunter des éléments visuels issus de franchises connues (personnages, logos, univers graphiques), souvent sans autorisation. Or, une utilisation commerciale – comme une affiche diffusée publiquement – peut constituer une infraction au droit des marques ou au droit d’auteur.
Les organisateurs du concours gagneraient à rappeler aux participants les limites à ne pas franchir, afin d’éviter que l’affiche gagnante ne devienne source de litige avec des ayants droit.
Une belle vitrine, mais un cadre à clarifier
Ce concours illustre bien les nouvelles possibilités offertes par l’intelligence artificielle générative dans le domaine du design et de la communication. Il montre également les **zones grises juridiques** que cette technologie introduit, tant du côté des créateurs que des commanditaires.
Pour les marques et les institutions qui souhaitent explorer ces formats participatifs innovants, il est essentiel de :
– Définir des conditions générales claires, notamment sur les droits cédés ;
– Préciser les limites liées aux droits des tiers (marques, contenus protégés) ;
– Réfléchir à la manière de valoriser les participants, au-delà de la visibilité.
L’initiative de Bühnen Bern a le mérite d’ouvrir le débat et de sensibiliser un large public à ces enjeux. Reste à voir si d’autres suivront… avec les garde-fous nécessaires.