Jeudi 27 avril, la chaîne romande de la SSR a diffusé de 9h à 19h, un programme entièrement conçu par de intelligence artificielle. Les voix des présentateurs ont été clonées au préalable et les textes générés par le robot de chat américain ChatGPT. Un bilan de l’expérience sera tiré vendredi à la station basée à Lausanne VD.
« La rédaction de la radio veut explorer les limites de l’intelligence artificielle, remettre en question les habitudes et même provoquer un peu, a déclaré le directeur de Couleur 3, Antoine Multone. Pour jouer la carte de la transparence les auditeurs ont été régulièrement informés de cette expérience hors du commun.
Les plus
• S’emparer d’une technologie dès ses débuts. Les médias ont mis du temps à se déployer sur les réseaux sociaux, ils ne veulent pas rater la vague IA.
• Etre challengé par de « nouvelles » offres et voix : c’est toujours une source d’inspiration
• Tester ce que le fonctionnement d’une rédaction totalement virtuelle : qui devrait faire quoi et comment ?
Les moins
• Prendre le risque d’être comparé. Quid si le public ne voyait pas la différence ? Pire, s’il venait à préférer cette nouvelle offre ?
• Créer de la confusion : dans un univers où les médias ont pour mission de contrer les fake news, proposer délibérément un programme fabriqué sans intervention humaine ne peut laisser indifférent. Quel message veut-on donner ? Les médias ne devraient-ils pas justement revendiquer le statut de « Faits pas des humains au bénéfice de la communauté » ?
• Si la principale fonction de l’IA dans le monde des médias est de permettre d’alléger les charges par une allocation plus stratégique des ressources rédactionnelles, et ainsi retrouver plus de latitude financière, ce type d’exercice n’est-il pas une menace pour les rédactions ?
Attendons le retour d’expérience promis mais quoi qu’il en soit, nous savons tous que l’IA va continuer à se diffuser et à s’améliorer (c’est d’ailleurs dans son code génétique). Rappelons que le taux d’adoption de ChatGPT n’a été le plus rapide pour une technologie : seulement 5 jours !
Lors de dernier webinaire de Inside Intelligence, on a pu découvrir le profil des Américains qui se sont familiarisé avec l’outil ChatGPT. Il est intéressant de constater que le portrait robot de l’utilisateur majoritaire est un homme de 18 à 44 ans avec une formation universitaire. Un public très recherché par les médias traditionnels (et par les annonceurs) qui rêve de convertir ce segments de SPP++ en abonnés, en téléspectateurs ou en auditeurs fidèles. Mais s’ils ont rapidement adopté l’IA, ils n’en sont pas pour le moins critiques. Dans quelles mains finiront toutes ces demandes ? Lorsque tous les moteurs de recherche, tous les CRM, tous les réseaux sociaux proposeront leur outil d’IA que deviendront tous les visuels, plans stratégiques, code de sites, mots clés etc qui auront été fournis pas ces outils ?
La question reste ouverte. L’expérience Couleur 3 nous en apprendra certainement plus !
