Selon les prévisions de l’Institut CREA d’économie appliquée de l’UNIL, l’économie suisse a commencé à être impactée par les mauvaises performances de l’économie européenne et cela à travers ses exportations. La plupart des PME exportatrices ne désespèrent cependant pas et presque la moitié s’attendent malgré tout à une croissance de leurs exportations pour la fin de l’année. Mais d’ici là il faut s’attendre à un repli général des activités économiques, faisant reculer la croissance helvétique à 1,4% en 2019, avant de commencer un redressement, d’abord modeste, avec 1,9% en 2020 et ensuite plus fort avec 2,3% en 2021. L’écart de production s’approchera momentanément de zéro en 2019, mais redeviendra nettement positif en 2020-2021.
L’explication de différentes institutions économiques
Selon les estimations de l’OFS, le PIB réel suisse a progressé de 2,5% en 2018, sous l’impulsion des exportations nettes. La croissance de la demande intérieure finale a reculé par rapport à 2017, s’établissant à 1,2%, et celle de la demande globale n’a atteint que 1% (2% sans or et objets de valeur). C’est donc la baisse de 1,9% des importations totales qui a poussé la croissance du PIB vers le haut (les importations totales venant en déduction dans le calcul du PIB). En outre, on note une nette différence entre le premier semestre et le deuxième, les composantes principales du PIB s’étant nettement repliées en fin d’année. Il en est ainsi de la demande intérieure et de la demande globale, ce qui a fait passer le taux de croissance du PIB de 3,2% au premier semestre à 1,9% au deuxième. La consommation privée ne s’est guère renforcée en 2018 et évolue à des rythmes peu élevés, soit 1% en moyenne.
Selon les dernières estimations de l’OMC, alors qu’il a pu progresser de trimestre à trimestre jusqu’au troisième de 2018, le commerce mondial n’a finalement plus résisté aux vents contraires et a diminué au quatrième trimestre de 2018. Même en valeur, il a fortement baissé en fin d’année 2018, avec 3,1% au mois de décembre. Les premières estimations pour l’Europe indiquent une baisse de 4,1% en janvier 2019. L’OMC a révisé vers le bas de 0,4 point ses prévisions pour 2019, le commerce mondial ne devant croître plus que de 2,6%, en raison du net repli de la croissance mondiale. Le récent indicateur avancé du commerce mondial de l’OMC a chuté de 6% au mois de mars et s’est enfoncé dans la zone inférieure à la tendance de long terme, où toutes les autres composantes se trouvent également. Mais on doit cependant relever que l’indice des commandes à l’exportation a commencé à se redresser au mois de février poursuivant sur cette tendance au mois de mars et redonnant ainsi un peu d’espoir pour le futur.
Les indicateurs avancés de l’OCDE pour l’économie de la zone euro continuent de pointer vers un infléchissement de la croissance. Depuis plusieurs mois, ces indicateurs avancés évoluent pour la plupart le long d’une tendance baissière. Par rapport au début de 2018, la zone euro a perdu un peu plus de terrain que l’OCDE dans son ensemble. L’indicateur pour les Etats-Unis est resté au-dessus de la moyenne de long terme jusqu’en octobre 2018, ensuite sa tendance s’est également inversée et, par rapport au début de 2018, c’est l’indice qui a perdu le plus de terrain. Dans la zone euro, l’indicateur pour la France donne toujours une croissance stable, contrairement à celui pour l’Allemagne qui est nettement tourné vers un infléchissement de la croissance. A noter également que l’indicateur pour la Chine gagne des points depuis le début de l’année et se trouve en croissance stable. Les tendances négatives l’emportent sur les positives et on s’attend à un fléchissement de l’activité économique mondiale au cours des trimestres à venir.