Les données partagées par la Fondation Statistique Suisse en Publicité présentent, pour la première fois, des estimations d’experts sur les chiffres d’affaires publicitaires des plateformes tech mondiales. On apprend ainsi que de 1,7 à 2,1 milliards de francs suisses par an, de dépenses publicitaires vont à Google, Facebook & Co. Sur le chiffre d’affaires publicitaire total en Suisse en 2022 correspondait à environ 6,2 milliards de francs, environ 2,5 milliards de francs ont été réalisés en ligne, les géants de la technologie perçoivent ainsi environ 30% du chiffre d’affaires publicitaire total réalisé en Suisse et ils perçoivent 74% du chiffre d’affaires en ligne.
Cette part énorme montre à quel point l’influence ces plateformes globales est importante sur le marché publicitaire suisse et quelle part considérable des dépenses publicitaires est soustraite à la chaîne de création de valeur du marché suisse. Le financement du journalisme en pâtit également dans une large mesure : alors que les recettes publicitaires des entreprises suisses de médias continuent de financer en grande partie les activités journalistiques, aucun franc des recettes publicitaires des plateformes technologiques n’est réinjecté dans le financement de l’offre journalistique.
Il est pourtant prouvé que les contenus journalistiques des maisons d’édition fournissent justement une valeur substantielle pour le modèle commercial des plateformes numériques : Les informations actuelles, fondées et crédibles augmentent entre autres l’attractivité et la qualité des plateformes technologiques ainsi que la confiance dans leurs services. C’est pourquoi l’association des éditeurs SCHWEIZER MEDIEN demande depuis longtemps une adaptation du droit d’auteur actuel aux développements numériques et aux normes internationales. Le droit voisin crée un équilibre équitable entre les plateformes technologiques, qui réalisent des chiffres d’affaires élevés grâce aux contenus rédactionnels des entreprises de médias, et les médias, qui supportent les charges journalistiques qui se cachent derrière.
Le Surveillant des prix est également parvenu récemment à la conclusion que la position dominante de Google & Co. sur le marché peut être menaçante pour la place médiatique suisse. En outre, une étude de FehrAdvice & Partner en collaboration avec des économistes de l’EPF et de l’université de Zurich a prouvé la nécessité d’une compensation – et calculé une rémunération due d’au moins 154 millions de francs par an par Google aux médias.