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Doubler une publicité : Noam Yaron nous raconte son expérience en tant que « speaker »

Le doublage dans la pub : voici une activité peu connue. Etrange, car dans un pays multilingue comme le nôtre, une grande partie des spots sont réalisés à Zurich pour des marques et par des agences de communication alémaniques. Alors lorsque j’ai lu le message de Noam Yaron sur LinkedIn qui commentait que « Le doublage est définitivement l’une des activités (non-sportive) que je préfère faire ! », je l’ai immédiatement appelé. Le moment est propice car après Nintendo, voici qu’il venait de prêteer sa voix à la dernière campagne d’Ikea Switzerland.

Noam Yaron : Comment se déroule une cession de doublage publicitaire ? 
L’agence de voix Hastings m’a mandatée et je me suis rendu à leur studio de Genève. On reçoit le texte qu’une fois en cabine. Par chance, le texte d’un spot n’est jamais très long mais on n’a pas le temps de répéter. Le client et le producteur suivent votre prestation en direct et il faut être juste immédiatement.

Qu’est-ce qui est le plus difficile ? 
Pour le spot d’Ikea, j’étais seul en cabine. La personne qui doublait le personnage féminin devait le faire dans un autre studio à un autre moment. Par conséquent, on doit trouver le bon ton, créer de l’interaction dans un temps court et sans échange. Tout se joue en quelques minutes. Trop de reprises et vous sortez du répertoire de voix de l’agence. C’est un véritable challenge….j’adore !

Toutes les pubs sont-elles doublées de cette manière ?
Le client se voit proposer un casting des voix comme il le fait pour les acteurs. Puis, tout est doublé comme je l’ai décrit. Je pense que cela détermine également la manière dont les  spots sont réalisés dans notre pays : peu de plans séquence, peu d’interactions et un message plus long à la fin.

Cette activité est-elle rémunératrice ?
Mon contrat m’interdit de révéler les montants perçus ! Ce que je peux dire c’est que c’est très intéressant si l’on compare la prestation au temps passé. Car la rémunération tient compte du temps, de l’achat média et des marchés de diffusion.

Pour vous, est-ce une reconversion ou une diversification ? 
Je le vois plutôt comme une évolution. Mon rêve serait de doubler un film ou une série, ça ne se réalisera peut-être pas demain, mais je suis déterminé à tout donner pour atteindre cet objectif.

Ne restait plus qu’à contacter le directeur de l’agence Hastings :

Yannick Schmuki : Comment constituez-vous vos listes de voix ?
Nous assistons régulièrement à des castings dans des théâtres et des écoles d’acteurs dans toute la Suisse. Nous sommes constamment à la recherche de nouvelles voix car les clients ont des idées très précises. Par exemple, Noam a une voix très fraiche, nous l’avons immédiatement retenue.

Si je comprends bien, vous devez avoir des speakers de tous les âges pour correspondre à l’âge du public-cible visé ?  
Ce n’est pas aussi précis mais effectivement on fait des casting par décennies. Il ne faut pas oublier la qualité de l’image pour les spots de télévision ou de cinéma, on doit être plus précis que pour des vidéos qui vont passer sur les réseaux sociaux.

Avez-vous dans vos listes, des « speakers » capables de doubler dans les trois langues ?
Oui mais c’est une mauvaise solution. On a toujours une langue de référence et le public le perçoit. Même si cette solution est la moins onéreuse, peu de marques la demandent. Il ne faut pas oublier qu’une publicité a pour but de délivrer le bon message au bon public.

Qui s’occupe des traductions ?
Le client. Nous recevons généralement les textes le jour du doublage. Le français a plus de mots que l’allemand, par conséquent, on doit en tenir compte pour que le texte corresponde au temps de parole de l’acteur de la version native. Plus le doublage est invisible et plus il est réussi.

Quid de l’allemand avec ses dialectes ?
Les doubleurs en allemand doivent en tenir compte. Selon les contextes, on va nous demander un accent d’un canton précis. Nous n’avons pas ce problème avec le français. Un spot doublé à Genève peut être diffusé sur un média français.

Le spot Ikea doublé en français par Noam Yaron

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