Selon l’Institut CREA d’économie appliquée de l’UNIL, en 2017, le PIB réel suisse a progressé de seulement 1%, suite à un premier semestre morose, compensé néanmoins par un deuxième semestre plus solide, présageant d’ailleurs le rebond que l’on devrait observer en 2018. La croissance est en effet passée de 0,5% au premier semestre 2017 à 1,6% au deuxième. La demande intérieure finale étant restée stable entre les deux semestres, c’est la demande globale qui, en se renforçant de 1,8% à 2,3%, a poussé le PIB helvétique vers le haut. Les exportations nettes, sans objets de valeur, y ont également contribué en s’accélérant à 3,5%. En revanche, la consommation privée a suivi le chemin inverse, en passant de 1,4% au premier semestre à seulement 1% au deuxième.
Les indicateurs avancés de l’OCDE pour l’économie de la zone OCDE pointent vers une croissance stable, mais les changements mensuels sont négatifs depuis décembre 2017. Il en est de même pour l’indicateur avancé pour la zone euro, tirés vers le bas par les indices allemand et français qui diminuent depuis décembre et septembre 2017 respectivement. Pour l’Espagne et l’Italie le retournement s’est opéré en janvier de cette année. Ceci laisse présager un ralentissement des activités économiques qui pourrait intervenir dès la fin de l’année. En effet, l’année 2018 sera caractérisée par des taux de croissance encore assez élevés. Par la suite, la normalisation des politiques monétaires avec une probable hausse des taux, la mise en doute de certaines règles commerciales, les taux d’investissement bas et plus globalement les tensions géopolitiques surgissant ou se renforçant un peu partout risquent de freiner les activités économiques en 2019-2020. Si l’OCDE prévoit encore un renforcement de la croissance mondiale, ce n’est plus le cas pour la zone euro, où la croissance devrait fléchir en 2018-2019 par rapport à celle enregistrée en 2017. En Chine et au Japon la tendance semble également pointer vers un fléchissement de la croissance économique.
L’économie suisse sera impactée par les développements ci-dessus à travers ses exportations, mais probablement en 2019 seulement, car l’année 2018 devrait se solder par un rebond de la croissance. La plupart des entreprises exportatrices, en particulier les PME, s’attendent à une hausse de leurs exportations en 2018. L’impact positif sur le PIB helvétique viendra d’ailleurs essentiellement de la demande globale, la demande intérieure fluctuant autour des taux actuels et ne se renforçant guère. Selon les modèles, le PIB devrait croître de 2,4% en 2018, 2,2% en 2019 et 2,1% en 2020, et l’écart de production redeviendra positif en 2019.
L’indice du climat de consommation reste nettement supérieur à la moyenne observée au cours des onze dernières années, mais il s’est quand même légèrement replié et s’approche de la zone négative. Certains sous-indices témoignent des hésitations des ménages sondés à dépenser plus dans les trimestres à venir. On ne note pas de changement quant à l’appréciation sur le marché du travail qui reste bonne, mais les ménages sont plus dubitatifs quant à leurs dépenses pour l’achat de biens durables et ils semblent vouloir épargner un peu plus. Le commerce de détail a une nouvelle fois diminué au cours des trois premiers mois, en termes nominaux et réels et corrigés des effets calendrier. On note en particulier une nette baisse du commerce de détail non alimentaire. Au vu de l’évolution conjoncturelle dans les trimestres à venir et des tensions qui apparaissent sur le marché du travail, les salaires réels devraient à nouveau augmenter, ce qui aura malgré tout un impact positif sur la consommation privée qui devrait ainsi se maintenir au moins autour des taux de croissance actuels, voir se renforcer légèrement en 2019-2020.