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BoudoirBelles : Personnel et confidentiel

A l’heure de la mode des « selfies », le photographe Olivier Cefai se propose comme un coach afin de revaloriser l’image de la femme par un conseil spécialisé sur-mesure. Les photographies qui en résultent peuvent constituer un précieux atout sur les réseaux sociaux ou les sites de rencontres.

« Où en suis-je de mon image, de mon potentiel de séduction ? » Une question que l’on peut se poser à tout âge et à laquelle BoudoirBelles apporte une solution originale. Olivier Cefai, patron de la petite société, allie son expérience du marketing et de la photographie en proposant à ses clientes un conseil personnalisé en termes de maquillage, vêtements, coiffure ou postures corporelles ainsi qu’un travail photographique semi-thérapeutique destiné à aider les femmes à se valoriser et à prendre conscience de leur beauté. Chaque élément du dispositif de prise de vue fait l’objet d’un examen attentif, du choix de l’atmosphère à celui des tenues, en passant par les registres d’expression.

Un processus par étapes
C’est par le bouche-à-oreille ou le site Internet de BoudoirBelles que ses futures clientes ont généralement un premier aperçu des prestations de cette société unique en son genre. « La quasi-totalité des photographes se concentrent sur la photographie elle-même. Or, mon travail consiste à rendre belle le modèle ET la photographie », explique Olivier Cefai. Un vrai défi quand on a affaire à des clientes qui n’ont ni le corps, ni le savoir-faire des mannequins. Après le choix d’un type de représentation photographique en adéquation avec la personnalité de la cliente, débutera un travail de stylisme sur la base du dressing qu’elle aura apporté au studio, mais également de suggestions d’Olivier Cefai, notamment en matière de lingerie. « A ce stade, je leur signale sans détours ce qui leur va et ce qui ne leur va pas. On est dans la mise en scène, certains physiques se prêtent mieux que d’autres à certains univers. Quant à moi, je propose des styles et cette approche, guidée étape par étape, a pour objectif d’engager les femmes à jouer le jeu et à se découvrir davantage. » Un shooting peut durer entre une heure et demie et quatre heures. Il est précédé par une séance de maquillage haut-de-gamme, en lien avec l’univers retenu: burlesque, rétro, en passant par la photographie d’art, jusqu’à des clichés très osés de type fétichiste avec ses matières qui brillent. Durant la séance de pose, qui se déroule généralement en musique, la cliente sera guidée de A à Z dans son travail d’approche de ses vraies ressources en séduction. « J’effectue un travail de posing qui implique beaucoup de recherches régulières. Une personne debout, face à un mur, peut être posée d’un million de façons différentes. », observe Olivier Cefai, qui conçoit son rôle un peu à la manière d’un miroir réactif qui démentirait le bon mot de Jean Cocteau selon lequel il ferait bien de réfléchir un peu avant de nous renvoyer notre image. Au terme du shooting, le photographe opère une sélection drastique parmi les centaines de clichés obtenus. « Grâce à mon œil de professionnel de la communication, je repère tout de suite ce qui est le plus vendeur en fonction du projet de mes clientes : faire plaisir à son mari ou se valoriser sur un site de rencontres, ce n’est pas du tout la même chose. » Une photographie réussie pourra même, par la suite, devenir un tableau d’art, imprimé sur de la toile et montée sur un châssis.

Travailler la séduction
Communiquer sur son intimité, phénomène récent qui semble étroitement lié à l’avènement des réseaux sociaux, est un exercice périlleux. En général, les femmes ont parfaitement assimilé les codes de séduction adoptés par les mannequins des magazines, mais elles ne réalisent pas toujours que se les approprier est sans intérêt. Dès lors, le fait de recourir à un coach en image leur permettra, d’une part, d’adopter des codes plus personnalisés qui la mettront vraiment en valeur pour ce qu’elle est, et d’autre part, de ne pas se tromper entre la séduction et la vulgarité. Comme la limite est ténue, une méthode est nécessaire : « Le principe, c’est que le corps, l’image, le vêtement et le regard disent chacun quelque chose. Il y a donc plusieurs niveaux de langages, et ma stratégie consiste à dissocier ce que disent toutes ces parties. » Par exemple, une femme dans une tenue prude avec un regard très séducteur établira une certaine tension érotique avec le spectateur. C’est de la séduction. Si cette même femme choisit de diriger chacun de ces mêmes éléments vers l’érotisme, en ajoutant les couleurs criardes, c’est de la pornographie. Trouver l’équilibre parfait dans ce jeu de oui/non, c’est le défi du photographe. « Il m’arrive parfois, lors d’un shooting, de voir quelque chose d’un peu plus vulgaire, et en tournant parfois la tête de cinq centimètres sur la gauche, en modifiant légèrement l’éclairage, soudain, ça ne l’est plus. » L’une des spécialités de BoudoirBelles, qui participe de cet accent mis sur la séduction, est l’utilisation de la lumière continue. Elle donne aux photographies d’Olivier Cefai un aspect cinématographique proche du travail des studios Harcourt. Une sublimation de la peau ? « Pas forcément. Il y a également des lumières continues très dures, mais qui vont mieux que d’autres simuler des effets de lumière naturelle. Ma force, c’est que je dispose d’un grand choix de ces lumières, que je teste, travaille, filtre, et ensuite, sur mes photos, on voit qu’il y a quelque chose de différent. »

Un travail sur la durée
Le contexte d’un shooting est si particulier que l’on peut se poser la question des méthodes dont disposent les clientes d’Olivier Cefai pour transposer ce qu’elles y ont vécu, appris, dans la vie réelle. « Je pense d’abord qu’en se revoyant sur les photos, ces femmes vont se remémorer certaines choses, certains conseils, notamment la nécessité de se relaxer pour avoir un sourire naturel. Il y a aussi les retours qu’elles ont sur Facebook, où tout à coup des contacts qui ne leur disent jamais rien se mettent à leur envoyer des signes de valorisation très intéressants. » Le photographe précise également qu’il entretient un suivi avec de nombreuses clientes, qui reprennent par exemple contact avec lui pour une séance de pose plus courte et plus ciblée sur un visuel précis qu’elles ont en tête. « Ce qui est beau, c’est que je les vois évoluer. Certaines changent radicalement de coiffure, leur manière de se maquiller. Je leur apprends à aimer leur corps, à ne plus avoir aucun tabou avec lui, et cela ressort de la plupart de témoignages qu’elles ont la gentillesse de laisser sur mon site. »

 

Huber Gauthier

Journaliste culturel, écrit notamment pour le Kunst-Bulletin et Artpresss

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