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Editeurs germanophones se positionnent contre l’IA, l’audiovisuel public et l’European Media Freedom Act

La traditionnelle rencontre présidentielle des associations d’éditeurs germanophones, à laquelle l’Association des journaux autrichiens (VÖZ) s’est tenue les 30 et 31 mars à Vienne. Les représentants des organisations d’éditeurs ont profité de cette rencontre pour adopter un catalogue de revendications commun : Dans la « Déclaration de Vienne », BDZV, VÖZ et SCHWEIZER MEDIEN se sont prononcés en faveur d’une réglementation plus efficace de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les médias, de règles plus strictes pour la radiodiffusion publique afin de préserver la diversité des médias, ainsi que d’une réparation fondamentale du projet de loi sur la liberté des médias européens (EMFA).

Intelligence artificielle : protéger les droits d’auteur et lutter contre la désinformation mondiale
Pour les associations d’éditeurs germanophones, l’intelligence artificielle générative est sans aucun doute un développement fascinant. Toutefois, sans une réglementation conséquente, elle représente un grand danger pour nos sociétés démocratiques, selon les représentants des éditeurs. En particulier pour le travail journalistique tel qu’il est fourni par les médias d’origine éditoriale, en tant que source de cette technologie, l’intelligence artificielle comporte également des risques, selon Andrea Masüger, président de l’association des éditeurs MÉDIAS SUISSES : « Il faut s’assurer que l’intelligence artificielle n’exploite en aucun cas les prestations des éditeurs et des rédactions, car cela signifierait la fin du journalisme tel que nous le connaissons aujourd’hui ».

Dans ce contexte, les associations d’éditeurs réunies à Vienne se sont prononcées en faveur d’une indemnisation adéquate des médias lorsque leurs contenus sont utilisés par des chatbots et autres applications d’intelligence artificielle. « Aucune utilisation de contenus médiatiques ne doit être autorisée sans licence ou rémunération correspondante. C’est la seule façon de préserver les droits d’auteur et d’empêcher la diffusion de la désinformation », souligne Masüger.

Radiodiffusion de service public : « Il faut plus de restrictions »
Les droits et obligations de la radiodiffusion de droit public ont également été discutés au cours de la réunion des présidents. Les représentants des associations d’éditeurs estiment que l’extension constante de l’offre numérique des chaînes publiques met en péril, preuve à l’appui, les fondements du journalisme de qualité du secteur privé et demandent dans ce contexte une limitation efficace et à long terme des publications financées par la redevance. En outre, les fournisseurs de services publics devraient se concentrer à nouveau davantage sur la mise à disposition de contenus audiovisuels, selon les représentants des éditeurs.

Le président de la VÖZ, Markus Mair, s’est exprimé en faveur d’une réduction considérable de l’offre de textes, en prenant l’exemple d’ORF.at. « Nous savons que l’offre web d’ORF.at devrait en fait, selon les directives de l’UE, proposer un reportage d’ensemble et ne devrait en aucun cas ressembler à un journal. Mais la réalité est bien différente et contredit donc ces dispositions légales », a expliqué Mair. « Les restrictions doivent donc en tout cas être précisées et même renforcées, car sinon, on assistera à des coupes menaçantes dans la diversité des médias en Autriche ». Le président de la VÖZ a précisé que cela impliquait également un retrait des activités sur les médias sociaux ainsi qu’une limitation efficace et durable dans le domaine de la publicité, afin que le caractère de service public des offres ne soit pas endommagé et que l’équilibre du système dual puisse être rétabli.

L’échange avec les autres représentants germanophones des médias privés a montré, a résumé Mair, que des problèmes similaires existent dans tous les pays. Ceux-ci seraient aggravés par le développement des modèles commerciaux numériques. « Nous demandons aux gouvernements de nos pays : faites en sorte que les médias privés puissent également exister dans le contexte numérique ».

EMFA : vérifier l’adéquation des mesures
Le European Media Freedom Act (EMFA) vise à réglementer, en vertu du droit de l’Union, certains aspects du travail éditorial des médias. Les objectifs de l’EMFA sont justes et méritent d’être soutenus, la liberté de la presse et la diversité des médias étant les piliers de la démocratie. Toutefois, les éditeurs germanophones craignent que les ordres médiatiques existants et fonctionnant bien dans leurs pays respectifs ne soient ainsi mis à mal. C’est pourquoi les éditeurs demandent à la Commission européenne d’améliorer fondamentalement l’EMFA, car elle dispose déjà aujourd’hui de suffisamment d’instruments pour lutter contre le manque de liberté de la presse dans les différents États membres.

« Toutes les mesures de l’EMFA doivent être examinées quant à leur pertinence dans le processus législatif qui est actuellement en cours », a déclaré Valdo Lehari, vice-président de l’association allemande des éditeurs numériques et de journaux (BDZV) ainsi que pasteur et vice-président de l’association européenne des éditeurs de journaux (ENPA) : « Le projet actuel de l’EMFA n’est pas la bonne voie. Il n’améliorera rien dans les pays où l’Etat de droit et la liberté de la presse sont aujourd’hui fortement mis à mal. Au contraire, il risque de provoquer des dommages collatéraux dans les autres Etats membres où la liberté de la presse est vécue et fonctionne au quotidien ». Les associations d’éditeurs ont donc demandé que « la compétence en matière de réglementation du contenu des médias reste du ressort des États membres ».

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