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#Edito : Ringier avec la Mobilière et TX Group sans « média »

Que restera-t-il du paysage médiatique suisse ? La transformation menée désormais tambour battant nécessite d’importants moyens financiers. Des revenus que la presse ne plus générer. « Fish where fishes are », a coutume de dire le gourou du digital Brian Solis. C’est exactement ce que vient de faire le groupe Ringier qui a fait entrer dans son capital La Mobilière à raison de 25%.

Pour Marc Walder, CEO de Ringier Suisse, cet apport d’argent frais va lui permettre de convertir le groupe Ringier en une entreprise technologique.  » Le groupe a beaucoup investi ces dernières années pour être à la pointe de la numérisation. Avec une part de bénéfice opérationnel provenant des affaires numériques d’environ 70%, elle occupe aujourd’hui une position de tête parmi les entreprises européennes comparables. »

Le choix de la Mobilière comporte peu de risques puisque que ces deux groupes collaborent déjà sur la plateforme Scout24. On parle donc «d’actionnaire stable et fiable.» Le montant de la transaction n’a pas été dévoilée mais comme il se doit le conseil d’administration de Ringier sera agrandi pour accueillir Markus Hongler et Urs Berger, président de La Mobilière.

Quelle sera la nouvelle feuille de route ?
Lors de la conférence de presse, Marc Walder a souligné l’importance deux piliers « orientation à long terme » et « orientation client ». Les consommateurs d’aujourd’hui ne cherchent pas simplement un produit, ils veulent des services tels que des assurances, des banques hypothécaires, des portails d’information. » L’association fait donc sens et surtout permet de développer sans urgence des solutions maison. Ce qui est impossible lorsque l’on dépend d’investisseurs ou de business angels. Pour une entreprise comme Ringier, entrée que récemment en Bourse, revenir à un système plus « familial » est une double assurance.  Pour la Mobilière, une coopérative suisse, investir dans le groupe Ringier présente également une première porte d’entrée vers la globalisation puisque le groupe est à l’international. Tout le monde y gagne.

Et les médias dans tout cela ? 
Marc Walder a plaidé pour l’indépendance journalistique… soit ! Mais les médias sont-ils encore un enjeu ? On sait que Le Blick va lancer Blick TV en mars, ce qui ouvre une nouvelle expérience à ce groupe qui a débuté avec l’imprimerie. Les autres titres seront-ils soutenus publicitairement par La Mobilière ? Ira-t-on vers élagage du portefeuille de titre ? Rappelons que Ringier Suisse compte deux titres quotidiens Le Blick et Le Temps et des magazines thématiques. Si la presse avait été le premier secteur a être touché par la baisse des revenus publicitaires désormais c’est aux magazines d’accuser d’importantes pertes de revenus. Pourquoi ne pas fermer les titres déficitaires ? Combien de temps, les éditeurs pourront soutenir à bout de bras des produits qui ne trouvent plus de lecteurs ?

Le concurrent de Ringier, TX Group (ex-Tamedia) a également mis l’accent sur le développement digital comme le prouve l’abandon du terme « media » de son identité corporate.  Plus que jamais, on sera en droit de se poser la question de savoir si ces groupes ont encore un lien avec les médias où si les médias ne sont plus pour eux qu’un apport de leads pour leurs plateformes digitales. Ces modifications ne sont nullement anodines à l’heure où ces groupes évoquent des aides à la presse auprès de la Confédération.

Victoria Marchand

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