Le 2 décembre, une initiative parlementaire visant à limiter la publicité des caisses maladie est à l’ordre du jour du Conseil national. Concrètement, il s’agit d’interdire aux caisses-maladie de faire de la publicité pour leurs services si celles-ci sont responsables de l’assurance de base et si la publicité est financée par les primes des caisses-maladie.
Le texte qui sera proposé aux parlementaires
La loi fédérale sur l’Assurance-maladie (LAMAL) est modifiée de sorte à ce que les caisses-maladie en charge de l’assurance de base ne puissent plus faire de publicité pour leurs services, d’autant plus si cette présence publicitaire est financée par les primes dont les assuré.e.s doivent s’acquitter.
Alors même que les primes maladies prennent l’ascenseur, et que de nombreuses personnes envisagent de changer d’assureur, force est de constater avec consternation le matraquage publicitaire déployé par les caisses-maladie dans le but d’augmenter leur nombre d’asssuré.e.s.
Si pour ces mêmes caisses il s’agit indéniablement d’une opportunité, il n’en va pas de même pour les citoyennes et les citoyens qui, sans le savoir, voient leurs primes être investies dans des spots, des panneaux publicitaires et des messages sur grands écrans dont la plus-value pour l’assurance de base est inexistante, puisque cette dernière est obligatoire, que les messages diffusés ne contiennent aucun élément lié à la prévention dans le domaine de la santé publique, et que les assureurs ne peuvent pas faire de bénéfices. Cependant, comme le relève la RTS dans son article paru le 8 novembre 2022 : » En réalité, elle [la publicité] est souvent un produit d’appel pour vendre des produits plus lucratifs, notamment les complémentaires « .
À l’heure où nombre de foyers sont contraints de faire des économies et s’inquiètent des perspectives qui se dessinent à la fin du mois, ce gaspillage de moyens financiers, effectué aux frais des assuré.e.s, n’est plus acceptable. Ne serait-ce qu’en 2021, ce sont quelques 62 millions de francs qui furent dépensés dans la publicité liée à l’assurance obligatoire, toutes caisses confondues, Helsana faisant office de record puisque ce ne sont pas moins de 22 millions de francs qui furent investis dans sa publicité et ses commissions. Ainsi, à l’instar des recommandations formulées entre autres par la Fédération romande des consommateurs, il paraît plus que nécessaire de mettre un terme à ces dépenses inutiles, en interdisant cette pratique qui s’effectue au détriment des assurées et des assurés de notre pays.
Qu’en penser ?
Les données spécifiques sur les dépenses publicitaires des assurances maladie en Suisse pour l’année 2023 ne sont pas encore disponibles. Cependant, les tendances des années précédentes montrent une augmentation continue de ces dépenses. Par exemple, en 2021, les assurances maladie auraient dépensé environ 62 millions de francs pour la publicité liée à l’assurance de base, et les dépenses totales en publicité et en courtage s’élevaient à près de 102 millions de francs en 2018. De plus, en septembre et octobre 2022, les dépenses publicitaires des caisses maladie ont atteint plus de 14 millions de francs pour ces deux mois seulement, marquant une augmentation de 13% par rapport à l’année précédente.
Par ailleurs, la décision du Conseil fédéral pour une modification de l’ordonnance sur l’assurance-maladie du 20 novembre 2024, qui permet aux assuré, dès le 1er janvier 2025, de pouvoir changer en cours d’année de modèle d’assurance au sein de leur propre caisse-maladie va augmenter la communication de ces entités. Le message sur les complémentaires va devoir être développé tout au long de l’année. Et comme l’indique KS/CS, toute interdiction totale de la publicité ne va pas dans le bon sens car l’absence de concurrence sur les prix n’irait pas dans l’intérêt des assurés.
La confusion provient du fait que l’on ne considère pas la publicité comme une information… et c’est une erreur. Les consommateurs doivent avoir le choix d’opter pour la meilleure offre. Le problème des assurances n’a rien à voir avec la communication des caisses. Si l’on compare ces 62 millions de francs qui auraient été dépensé en publicité par rapport à 32 milliards de revenus engrangés par les caisses, le ratio est juste dérisoire.
Tuer le messager n’aura aucun effet sur un système tellement opaque que plus personne dans ce pays ne sait ni le contrôler, ni améliorer… le vrai scandale est bien là!