Une étude publiée par l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, révèle que la plupart des influenceurs sur les réseaux sociaux ne prennent pas le temps de valider les informations avant de les diffuser auprès de leurs abonnés. Cette étude intitulée Behind the Screens, menée entre août et septembre 2024, a sondé des influenceurs ayant plus de 1000 abonnés. Il s’agit de la première analyse mondiale des motivations et des pratiques des créateurs de contenu numérique, ainsi que des défis auxquels ils font face. L’enquête a impliqué 500 influenceurs dans 45 pays, réalisée par la Bowling Green State University aux États-Unis.
Les « likes » et les partages est-ce un critère de validation ?
L’enquête révèle que les créateurs de contenu peinent à trouver des critères fiables pour évaluer la crédibilité des informations en ligne. Environ 41,7 % des répondants utilisent le nombre de « likes » et de « partages » qu’un post a reçus comme principal indicateur de sa véracité. 20,6 % se fient aux informations transmises par des amis de confiance, et 19,4 % prennent en compte la réputation de l’auteur ou de l’éditeur du contenu.
En revanche, peu d’entre eux recourent à des sources officielles comme les documents ou sites gouvernementaux. Et on ne parle pas des médias traditionnels qui arrivent seulement à la troisième source la plus utilisée par les créateurs (36,9 %), après leurs propres recherches et expériences. Ce manque de vérification peut se révéler problématique, notamment en période de crise, où la désinformation peut engendrer confusion et panique. « Le manque généralisé d’évaluation critique des informations montre l’urgence de renforcer les compétences des créateurs en matière de littératie médiatique », souligne l’étude.
L’éthique passe avant la loi
49,6% de ces créateurs de contenu connaît certaines lois relatives à la liberté d’expression, à la diffamation et au droit d’auteur dans leur pays. Seul un tiers (32,4 %) connaissent les réglementations légales qui régissent leurs profession. Plus étrange, 11,4% estiment qu’aucune règle ne les régit et seuls 6,6 % sont néophytes mais voudraient bien en savoir plus.
Si violer la loi n’est pas une priorité, par contre ils sont très soucieux face aux dilemmes éthiques. S’assurer que leur contenu ne perpétue des stéréotypes ou ne nuise à des communautés déjà marginalisées est un défi de premier plan. Environ un tiers (35,2 %) d’entre-eux ont été confronté à ces interrogations. Certains influenceurs expriment l’incertitude et l’inquiétude quant aux réactions potentielles à leurs posts.
Une profession peu réglementée
On le voit, les créateurs de contenu sont isolés. Le manque de fédération les rend très vulnérables par rapport à leurs audiences et à leurs clients. C’est ce qui fait toute la différence avec le monde du journalisme où pour obtenir une carte de presse, le rédacteur doit passer par une formation et adhérer à un code de conduite. Cette différence est fondamentale car elle crée toute la distinction entre la communication et l’information.
Harcèlement en ligne
Le harcèlement en ligne est un problème majeur pour les créateurs de contenu. 32 % des répondants ont déclaré avoir été victimes de discours haineux. Cependant, seulement 20,4 % ont signalé ces incidents aux plateformes de réseaux sociaux. Ce chiffre montre un besoin d’accompagnement pour aider les créateurs à gérer ces situations de manière efficace. Le mega-influenceur chinois Zhang Zhaoyuan témoigne de sa frustration face aux pratiques des plateformes : « Je subis également du harcèlement en ligne maintenant, bien que je m’y sois habitué avec le temps… Mais lorsque je signale ces problèmes, la plateforme me demande de fournir des preuves qu’il m’est impossible d’obtenir légalement, donc ils ne s’en occupent tout simplement pas. Pendant ce temps, le contenu non vérifié qui a été publié à mon sujet a déjà eu un impact sur ma vie. »
Et de plaider pour que les créateurs de contenu numérique disposent des outils, des ressources et de l’éducation nécessaires pour reconnaître et traiter ce type de contenu pour que la communauté de créateurs puisse évoluer dans un environnement en ligne plus sain pour tous les utilisateurs.