La larmoyante. A toute saigneuse, toute honneur, voici la plus ancienne tactique pour nous faire perdre tous nos moyens d’abord, et tout notre pouvoir ensuite. La larmoyante use et abuse de ses capacités au débordement oculaire pour manipuler ses collègues masculins. D’abord, elle se débrouille pour arriver toujours au dernier moment avec un brief impossible ou un problème énorme à résoudre en 24 heures chrono. L’œil est déjà humide, la voix subtilement tremblante. Comme c’est pas marqué Jack Bauer ici, la plupart des mecs ont pour première réaction de l’envoyer balader. Erreur fatale, car voici que les vannes s’ouvrent et de grosses larmes commencent à ruisseler sur les joues blushées, de préférence lorsqu’il y a plein de monde dans les parages immédiats. Le Neinsager passe alors aussitôt pour un immonde macho tortionnaire et n’a pas d’autre alternative que de revenir sur son refus avec un pitoyable borborygme d’excuses. Dans les 30 secondes suivantes, séchage de larmes et sourire fourbe garantis.
La tueuse. Ce genre de Walkyrie se distingue souvent par son gabarit imposant, au moins 1 mètre 80 et pointure 41… Elle entre en réunion comme une vachette landaise dans les arènes de Nîmes et gare à qui ose lui faire front. Pulvérisation assurée. Elle assène ses arguments à coups de massue et impossible de ne pas se plier à ses volontés. Côté agence, on la trouve généralement dans le camp commercial, terreur des créatifs quand elle ordonne ses changements sur les story-boards avec un ton à la Dark Vador. Côté client, elle traîne souvent dans son bruyant sillage une troupe d’homoncules acquiesçant d’un air soumis à ses tonnantes affirmations. La plus célèbre d’entre toutes se trouve du côté de Vevey, connue sous le patronyme de l’Orque qui, comme chacun sait, est l’autre nom de la baleine tueuse.
Je vous décrirais encore volontiers deux autres viragos mais je vais me faire foudroyer par ma cheffffffe si je dépasse la place qui m’est allouée. Patience jusqu’au mois prochain. Je me ferai alors un plaisir de vous présenter « la canon » et, ma préférée, « la chienne de garde ».