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Frenchweb : le modèle de la presse de demain ?

C’est dans un appartement très parisien, en plein cœur du quartier du Marais, que se trouvent les bureaux de Frenchweb. Drôle de contraste pour cette rédaction « web only » qui évolue entre moulures d’époque et parquets qui craquent. Drôle de coïncidence également, l’interview a justement lieu un 1er avril. Mais ce n’est pas un poisson car, en l’absence du fondateur Richard Menneveux, la rencontre avec Laurent Balssa, directeur de développement, est bien réelle. Une belle occasion de rencontrer un spécialiste du marketing digital qui, avant de rejoindre le magazine de l’innovation, a travaillé dans le secteur du e-commerce, expérience très utile pour un média dont le modèle d’affaires ne cesse d’évoluer en fonction de son développement.

Quand et comment est né Frenchweb ?
Voici six ans, Richard Menneveux regrettait que les médias français ne mettent pas suffisamment en avant le dynamisme des entrepreneurs du digital. Membre du Club Internet et fondateur d’AdsVark, une agence de contenu, il y a deux ans il a voulu construire une communauté digitale sur le site et, il y a deux mois, nous avons lancé la première newsletter.

En peu de temps, vous avez atteint une audience large et qualifiée.
Le site comptabilise aujourd’hui un million de visites par mois et nous avons 43 000 inscrits à la newsletter. Ce qui prouve que l’intuition de départ était juste et que l’on peut encore aujourd’hui créer un média.

Quel est votre business modèle ?
Au départ, nous avons misé sur la publicité en ligne et le sponsoring d’évènements. Mais très vite, nous nous sommes rendu compte que le display n’était pas une solution. Côté créativité, les annonceurs ne sont pas encore matures et ils ne se sont pas correctement appropriés ce support publicitaire, ce qui a un impact négatif sur sa performance. D’autre part, côté éditeur, ce modèle était trop chronophage car en plus de la recherche d’annonceurs, il nécessite un suivi de campagne qui mobilise trop de ressources. Ces raisons nous ont amenés, voici un an, à abandonner l’idée d’être rémunérés par de la publicité en ligne.

Quelles sont alors vos ressources ?
Notre modèle d’affaires repose sur quatre piliers. Le premier est le brand content. Nous publions sur notre site du contenu proposé par des marques et identifié tel quel à la fin des articles. Ces textes sont publiés sur le site et diffusés également sur notre newsletter. Nous n’acceptons que le contenu qui correspond à notre ligne éditoriale et, si besoin, nous nous permettons de les réécrire.
Ensuite, nous privilégions la génération de lead avec des livres blancs ou du « marketing inbound vidéo ». Dans ce cas, on interviewe un annonceur qui souhaite s’adresser directement au marché. On lui pose des questions afin de mettre en avant son expertise. Ces vidéos sont intégrées dans des pages bien identifiées. L’annonceur profite ainsi de l’audience de frenchweb, qui viendra dans un deuxième temps sur son propre site.

Facturez-vous ces prestations à la performance ?

On l’a fait au départ pour adopter ensuite à des forfaits mensuels. On perdait trop de temps à qualifier le bon ratio. Ce qui compte pour les marques, comme pour nous, c’est d’atteindre le bon public. Le volume n’est pas une fin en soi. Ce qui a de la valeur c’est de réunir une audience qualitative et cohérente et de la mettre en relation avec des marques. Cela a un prix que les marques sont prêtes à payer.

Quels sont les deux autres piliers ?
L’emploi, pour lequel nous proposons notamment la semaine de l’emploi numérique où, via un webinars, une entreprise peut se présenter et expliquer les compétences qu’elle recherche.
Enfin, le networking via notre Club et des conférences thématiques mensuelles French Day. Nous proposons également de l’accompagnement de conférences (par ex. Tech Days Microsoft) où nous animons des débats et pouvons gérer le plateau TV.

Quelle est la répartition de ces revenus ?
Environ un quart pour chacun de ces piliers.

Combien de personnes êtes-vous pour réaliser tout ceci ?
Douze collaborateurs, dont quatre personnes au contenu (deux journalistes, un Community Manager, une chargée d’études), quatre au marketing, principalement des chefs de projets, et deux personnes à la vidéo pour le tournage et montage ; enfin, deux à la direction.

Quel est le volume des publications ?
Une quinzaine de posts originaux par jour, vidéos et textes compris, en sus des brèves quotidiennes.

La barrière entre journalisme et content marketing s’amenuise de plus en plus. Ne craignez-vous pas d’y contribuer ?
Il est indéniable qu’un modèle de plus en plus serviciel s’impose aux médias, notamment les B2B. Cela ne signifie toutefois pas que l’on ne fasse plus la distinction entre ces différents métiers. Notre ambition n’est pas de faire le travail des agences de RP, ce n’est pas notre intérêt. Toutefois, on ne peut nier que les marques veulent collaborer différemment avec les médias. C’est à nous de définir la limite à ne pas franchir. Chez frenchweb, nous avons des convictions et nous ne nous gênons pas de les soutenir ou, au contraire, de critiquer tel ou tel évènements, opérations ou services.

Que pensez-vous du programmatique ?
Je répondrai à votre question par une autre question : quels sont les résultats du programmatique ? Autrement dit, ces plateformes font-elles progresser le ROI ? Pour en avoir fait, je peux dire que non. Pire, le branding et la notoriété sont au cœur de la valorisation de marque, or ces deux éléments n’ont que peu de place dans une logique d’achat d’espace programmatique.

Avez-vous pensé à éditer un jour un magazine ?
Bien que nous soyons conscients que cela implique un autre mode de production et de commercialisation, c’est une option que nous n’écartons pas. Compte tenu de notre organisation actuelle, des parutions liées à des évènements seraient une solution plus rentable qu’une publication mensuelle. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas encore une priorité pour frenchweb. Après deux ans de fort développement, nous devons consolider nos acquis. Cela ne signifie pas que nous n’allons pas continuer à évoluer. Nous sommes conscients que l’espace médiatique n’a pas fini de changer et que, plus que jamais, nous sommes joyeusement condamnés à rester agiles.

 

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