Rock, skate, art… Voici 16 ans qu’Yvan Gonthier et Fabien Cuffel se connaissent et partagent les mêmes centres d’intérêts. Professionnellement, ce sont plutôt leurs différences qui les ont amené à se réunir : artiste de la Street Culture, autodidacte tombé dans le web par intérêt pour le premier et designer, graphiste ayant travaillé en agence (Gyro Groupe, Lunic) pour le second. « La finesse dans la lourdeur » et « la créativité dans la rigueur », voici comme ces deux associés se plaisent à se définir. Un binôme Ying et Yang qui se bat, depuis 2004, pour pouvoir rester artistiquement libre et commercialement indépendant. Pas si simple lorsque l’on travaille autant pour des institutions publiques, des associations que des marques. « Notre moteur c’est d’en faire toujours plus pour nos clients. Cela doit plaire puisque le bouche-à-oreille a été jusqu’à présent notre seul outil de démarchage.»
Faire autrement… c’est possible !
Changement de stratégie aujourd’hui. Fresh veut se profiler plus clairement sur le marché romand. Et la maturité n’est pas la seule explication à cette nouvelle orientation. Jusqu’à présent coincé entre des agences omnipotentes et des clients pressés, cet atelier de graphistes s’apparentait à une Hot Shop Creative que l’on consultait dans l’urgence lorsque toute la chaîne était à court d’idée. Avec l’avènement du digital et le retard patent des agences de publicité classique sur le web, une petite structure capable de coder, étant à l’aise avec les outils 2.0, sachant monter des opérations événementielles (Fureur de Lire, cigarettes Fred, etc.) et étant pointilleuse sur la qualité visuelle des ses productions papier et à l’aise avec tous les supports classiques, a assez d’arguments pour se profiler comme une solution et une alternative crédible.
« Nous sentons que les clients sont à la recherche de nouveaux prestataires. Nous avons toujours fonctionné autrement. Notre ambition est de bousculer les règles afin d’amener de la créativité dans les messages de communication. Et non l’inverse !»
Et peu importe le support. Ici, on ne fonctionne pas comme dans une agence traditionnelle où le planning média est construit en fonction des capacités internes. « Notre partons du corporate puis nous élaborons le message et, finalement, nous choisissons les médias. » Du transmédia avant l’heure.
Autre particularité de cet atelier, leur lien avec la Street Culture a construit leur style provocateur au second degré. Le jet d’eau qui se transforme en couteau pour la Fureur de Lire, la communication décalée de la marque de cigarette Fred, c’est eux. Mais lorsqu’ils travaillent pour du packaging dans le secteur des pharmas ou qu’ils conçoivent des sites pour du B2B, ils innovent tout en respectant les codes. « L’intérêt de notre métier est de proposer des lectures différentes afin d’attirer le regard. C’est pourquoi nous n’aimons pas la publicité telle qu’elle se pratique. Le public attend et mérite autre chose. »
Victoria Marchand