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Groupe Goldbach : Résultats 2015

Après l’échec de son expansion en Europe de l’Est, le groupe Goldbach s’est ressaisi et présente l’un des meilleurs résultats depuis 2007, date de son entrée en bourse. Mais l’embellie pourrait être de courte durée puisque la coentreprise réunissant SSR, Swisscom et Ringier a finalement été autorisée. La société ne présage toutefois aucune difficulté d’ici 2018.

En 2015, le groupe Goldbach a réalisé un chiffre d’affaires de 470,3 millions de francs (+ 1,4%) : la vente de publicité télévisée aura généré 339 millions (+ 7%), la publicité radio se chiffrant à 42 millions (+ 6,5%). Ce total s’élève à 79% du CA global, ce qui montre que Goldbach continue de gagner de l’argent grâce à la publicité électronique classique, surtout en Suisse. Le groupe doit toutefois reverser près de la moitié (46%) des bénéfices récurrents aux actionnaires minoritaires allemands de Goldbach Media et Radioworld : en 2015, 12,7 millions de francs sont donc partis à l’étranger. Les actionnaires du groupe en sont pour leurs frais, leur part de bénéfices contribuant d’abord à financer les frais généraux et les secteurs d’activité instables. Et les problèmes ne manquent pas chez Goldbach : l’affichage publicitaire en ligne n’a rapporté que 31,3 millions de francs (soit 28% de moins qu’en 2014), la publicité sur les moteurs de recherche a baissé de 17% à 14,6 millions de francs et le CA de Marketing Services chuté de 23% (à 11 millions de francs), cette division se trouvant désormais dans le rouge.
Les développements positifs (mais généralement peu élevés) concernent la commercialisation de vidéos en ligne (+ 2% à 20,5 millions), Digital Out of Home (DOoH, + 36%) et le secteur mobile (+ 5%).

Opérations à l’étranger
Le marché allemand est encore en cours de structuration, Goldbach y ayant investi 5,6 millions de francs depuis 2014 et réalisé 3 millions de CA. Le groupe compte bien tripler ses ventes en 2016 et atteindre l’équilibre. À l’heure actuelle, Golbdach s’occupe en Allemagne de la commercialisation de 28 chaînes thématiques représentant 1% de l’audience.
Nouvelle positive pour les actionnaires du groupe : fin 2015, Goldbach s’est séparé de l’ensemble de ses activités en Europe de l’Est, ce secteur ayant absorbé jusqu’en 2014 une partie des bénéfices du groupe. Le distributeur publicitaire se concentre désormais sur trois pays : Suisse, Allemagne et Autriche. Le bénéfice net revenant aux actionnaires du groupe s’élève donc à 7 millions de francs, soit une augmentation de 175% par rapport à l’année précédente. L’assemblée générale va donc proposer une augmentation du dividende de 25% ou 1 franc par action – ce qui serait la seconde augmentation la plus élevée depuis 2007, date de l’entrée en bourse.

Les ripostes face à Admeira
Alors que Goldbach s’est ressaisi après l’échec de son expansion en Europe de l’Est, la nouvelle régie Admeira semble être de mauvais augure pour le groupe. Lors de la conférence de presse de Bilan du 8 mars, le CEO Michi Frank s’est néanmoins montré confiant en l’avenir : « La co-entreprise ne nous effraie pas », a-t-il souligné à plusieurs reprises tout en se mettant chaque fois en colère (ce dont il s’est excusé). À son avis, le bureau Leuthard a commis une erreur en donnant le feu vert à la co-entreprise. Et de déclarer qu’il est « inacceptable que les données d’une entreprise sous dominance étatique, telle que la Swisscom, ne soient pas accessibles aux privés. Nous nous battons contre cette situation et souhaitons démontrer qu’il revient à la politique de s’occuper de ce thème. » Il n’a toutefois pas précisé qu’il avait pour ainsi dire ses entrées au Palais fédéral grâce à l’une de ses subordonnées : la conseillère nationale UDC Nathalie Rickli travaille chez Goldbach et est présidente de la Commission des transports et des télécommunications (CTT) du Conseil national. La CTT procède notamment à l’examen préalable des propositions en matière de médias et s’est récemment exprimée sur la co-entreprise (cf. Cominmag 2/16).
En plus de son travail de lobbying à Berne, la riposte de M. Frank consiste à commercialiser les plateformes IPTV Teleboy et Wilmaa auxquelles vient de s’ajouter Zattoo, 1,235 million de visiteurs uniques et une audience cumulée d’environ 21 % permettant d’occuper une position de force : « Ici nous pouvons travailler à partir de données et fournir une publicité orientée vers les publics cibles », a-t-il déclaré.

Cependant, M. Frank sait aussi que la coentreprise tentera de lui disputer les contrats conclus avec stations de radio, chaînes télévisées et portails en ligne. Mais tant qu’ils sont encore en vigueur, M. Frank profite de l’avantage que représente le fait de pouvoir diffuser de la publicité ciblée sur certaines chaînes – contrairement à la SSR qui aurait d’abord besoin d’une modification de la concession, modification qu’il ne faut pas attendre avant 2018 sans doute, la concession SSR actuelle expirant de toute façon fin 2017. Ayant donc une longueur d’avance, M. Frank a choisi de prendre les devants en annonçant pour la première fois ses objectifs stratégiques à l’horizon 2018… ou comment rassurer les actionnaires : d’ici cette date, la croissance du chiffre d’affaires devrait être supérieure à la moyenne de branche, la progression devant être à deux chiffres dans les secteurs vidéos en ligne, DOoH et Mobile. L’augmentation annuelle moyenne du bénéfice net est également calculée à deux chiffres. M. Frank compte aussi, d’une part investir dans le pilotage de la publicité basé sur des données et automatisé, d’autre part réduire les frais généraux et enfin maintenir la distribution aux actionnaires du groupe de la plus grande partie du bénéfice net. Comment mieux les motiver ?

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