Cominmag.ch

Havas Suisse se réinvente

La nomination de Damien Fournier en tant que directeur digital d’Havas Suisse et directeur associé d’Havas Genève est le signal d’une profonde mutation qui fait entrer cette agence réseau dans l’industrie digitale.

Jusqu’à présent, la carrière de cet ingénieur aguerri à la gestion de projets avait suivi le développement de l’agence digitale Virtua, dont il a fini par assurer la codirection jusqu’à fin 2016. Désormais, c’est pour le compte de l’agence réseau Havas que Damien Fournier opère.
Il connaît déjà la maison, car il a souvent eu l’occasion de collaborer avec ce groupe en tant que prestataire web et digital. Mais l’ère de la sous-traitance est désormais finie chez Havas Genève et Zurich. « Ils sont venus me chercher car ce réseau souhaitait faire entrer le digital au cœur du processus de création. »

Une transformation soutenue par le groupe
La mutation du cœur de métier de ce réseau est portée depuis quelques années par la famille Bolloré. Une stratégie qui commence à donner d’excellents résultats, puisque le chiffre d’affaires du groupe Havas s’est élevé en 2016 à € 2,2 milliards (meilleur résultat du groupe) avec un taux de croissance de 3,1% au niveau mondial et de 5,4% en Europe. Or, il suffit de lire le rapport des résultats 2016 pour constater que, même si différents pays européens sont cités en exemple, il n’y a nulle trace de la Suisse. « Le réseau nous donne aujourd’hui les moyens de nous transformer », confirme Damien Fournier qui a été reçu par le PDG du groupe Yannick Bolloré.

Donc pas question de faire dans la cosmétique : les ambitions sont grandes.
« Nous voulons devenir une agence très technologique. Et à l’instar des autres agences du groupe, nous avons ouvert un Havas Village à Zurich ; c’est un modèle d’agence intégré et très agile où l’on va transversaliser la réalisation des mandats. Autrement dit, le team digital fonctionnera désormais en parallèle avec les pôles création et ingénierie. Plus question de travailler en silos. »

Comment cela va-t-il fonctionner concrètement ?
La porte d’entrée et de sortie de toute campagne passera désormais par les mains de Damien et de son équipe digitale, composée pour l’instant de profils très pointus : ingénieur technique, chef de projets senior, et expert en marketing à la performance. Cette équipe ne s’occupera pas de la création ou du planning stratégique. Elle devra orienter le projet en tenant compte des besoins du client final. C’est justement ce type d’approche que les marques recherchent aujourd’hui. Passer par le POUR QUI et le POURQUOI : voilà une révolution dans un environnement où le COMMENT était souvent la principale finalité. Afin de ne pas se limiter en matière technologique, Damien Fournier aura accès à toutes les compétences et agences du groupe. « Nous allons pouvoir compter par exemple sur le Labo d’Equino, un pôle data où des statisticiens et des analystes vont pouvoir nous élaborer des plans de taggages, de tracking et nous fournir des analytiques. Idem pour tout la partie développement. Nous allons travailler avec nos agences, mais nous pourrons également faire appel à des partenaires locaux indépendants et suisses ».

Damien Fournier aura les moyens de ses ambitions. Il a rencontré Yannick Bolloré, CEO du groupe Havas, qui le lui a confirmé. C’est ainsi que l’agence de Genève devrait, d’ici cinq ans, réunir 30 à 40 collaborateurs. « D’ici à la fin de l’année, nous allons engager de 5 à 8 personnes entre Genève et Zurich. Nous recherchons des spécialistes des médias sociaux et de la performance. »

Henri Balladur restera à la tête de la création et de la stratégie. Ensemble, ils codirigeront l’agence qui reste en lien avec celle de Zurich. Tout l’enjeu désormais est d’informer les clients et les futurs clients de la mutation de Havas Suisse. « Il nous faut des clients locaux. Il faut être conscient que nous n’allons pas hériter de tous les mandats internationaux du groupe. » En effet, le réseau a décidé de transférer le lead du budget PSA (Citroën et Peugeot) à l’agence Havas de Vienne. La Suisse est trop chère…

Quitter la version mobile