Christophe Marty, CEO de Goldbach, avant d’aborder l’actualité de Goldbach, comment s’est déroulé l’année 2024 ?
2024 a été une année bien étrange. Alors que le 1e semestre a suivi nos prévisions, le second semestre a été un des plus difficiles que j’ai connu dans toute ma carrière. Du jamais vu !
Comment expliquez-vous cette baisse des investissements publicitaires à partir de septembre ?
Les incertitudes internationales ont certainement influé sur le climat économique et des campagnes ont été arrêtées. Cet attentisme est particulièrement vrai pour les marques automobiles, la grande distribution et les banques. Trois secteurs qui sont très importants pour la presse écrite. De nombreux éditeurs m’ont rapporté qu’ils n’avaient jamais connu un tel gel des investissements publicitaires.
A quoi est-ce dû ?
Pour l’automobile, la faible demande pour les voitures électriques est venue contre-carrer les stratégies des constructeurs qui doivent anticiper la fin des modèles thermiques d’ici à 2030. Le commerce de détail a réduit ses dépenses. Enfin, le secteur bancaire a également adapté son volume d’annonces au principe du « 1 + 1 ≠ 2 ». Comme on pouvait s’y attendre, UBS n’a pas doublé sa communication pour combler la perte d’investissements en publicité et sponsoring du Crédit Suisse.
Toutefois, la baisse des investissements publicitaires dans la presse va moins vous impacter puisque, dès 2025, Goldach ne commercialisera plus les titres de Tamedia. Est-ce un plus ou ou moins ?
Concrètement, nous revenons à la normale. Goldbach est une régie publicitaire spécialisée qui a été créé pour les médias électroniques : la télévision et la radio.L’affichage est venu ensuite avec les rachats de Neo Advertising et de Clear Channel Suisse. Il s’avère que la complémentarité entre ces supports ce qui nous convient puisque nous vendons du contact et de la performance.
Mais pour être précis, nous ne sortons pas complètement du média print, car nous allons garder les mandats de Goldbach régional pour les régions de Bâle et de Berne. Ce département va être regroupé dans notre pôle radio et digital.
Donc, la perte du print….n’en est pas une ?
Les équipes dédiées de Tamedia Advertising et de 20 Minutes auront plus de proximité avec les titres, ce qui sera un avantage également pour les annonceurs qui attendent de ce média une approche commerciale différente.
Ce redécoupage va avoir une autre incidence. Sans le print, le chiffre d’affaires de Goldbach va forcément baisser en 2025. Or, TX Group s’attend à une rentabilité de 18 à 22 % pour Goldbach et de 12 à 14 % pour Goldbach Neo, là où il n’exige que de 8 à 10% pour Tamedia et de 14 à 16 % pour 20 Minutes. Comment allez-vous résoudre cette équation ?
En innovant et en améliorant nos offres. Nous avons la chance qu’en télévision, la nouveauté pour l’an prochain sera sans conteste l’arrivée, au second semestre, du format « Replay Ads » pour les fenêtres publicitaires françaises (TF1 et M6). Pouvoir accompagner la consommation en différé est une attente des marques comme des téléspectateurs. Nous avons pu le tester sur le marché alémanique et cela nous permettra d’augmenter nos revenus sur ce média.
L’affichage promet également des perspectives encourageantes pour 2025. La confirmation de la concession genevoise renforce notre axe national sur une ligne St-Gall, Zurich, Berne et Genève. Nous sommes en train de revoir notre argumentaire commercial, ce qui nous permettra également d’être plus profitable en offrant une plus grande performance. Et il y a également le DOOH qui se renforce notamment dans les magasins et les centres commerciaux. Des espaces qui permettent de toucher un large public diversifié.
Enfin, la corrélation entre ces deux médias est très forte, à nous de créer des packages à très haut potentiel de contacts.
L’affichage est certes un média en progression mais il est également très décrié par certains conseillers administratifs qui cherchent à interdire toutmessage commercial sur les murs de leurs communes. Un danger ?
Pas pour l’instant, si on se réfère au volume d’affaires, mais on ne peut pas être sourd à ces critiques. Si on analyse ce rejet, on se rencontre qu’il porte plus sur les messages que sur le support. J’en veux pour preuve que les entités communales qui ont réussi à l’interdire utilisent ces surfaces pour leurs propres messages. Force est de constater que l’affichage est le dernier mass média et qu’il permet d’atteindre une large audience.
Pour finir cette rétrospective 2024, on ne peut éluder votre nomination à la tête de Goldbach. Prendre les rênes après le mythique Michi Frank….cela n’a pas été trop difficile ?
(rires) Non ! Je le connais depuis des années. J’ai fait ma carrière dans l’affichage, là où il a construit l’offre tv de Tamedia, aujourd’hui TX Group. Le timing est par conséquent parfait, puisque l’affichage est le nouveau média de Goldbach et que mon expertise est la bienvenue. Et Michi ne disparaît pas complètement du groupe puisqu’il reste au Conseil d’administration de Goldbach.