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#INTERVIEW : Michel Colin, la fin de la FM…est-ce grave pour les chaînes frontalières ?

Michel Colin, consultant  et podcasteur (Radiopub), vous avez participé aujourd’hui au 1e Swiss Radio Day virtuel. Est-ce la bonne formule ?
Nous allons devoir nous habituer à ces nouveaux formats. C’est très efficace pour s’adresser à une audience géographiquement éclatée mais il est certain que nous sommes tous restés en manque de networking. Ces journées professionnelles ont pour première mission de réunir les acteurs d’une branche. Attendons les retours, peut-être que nous reviendrons à l’ancienne formule l’an prochain.

L’édition 2020 a doublement innové. Numériquement, comme nous venons de l’évoquer, et technologiquement, avec l’annonce de l’arrêt de la bande FM pour 2022/23. Que va-t-il se passer avec les stations de radios proche d’une frontière avec un pays où la FM va rester ? 
A mon avis, la Suisse ne pourra pas fermer tous les émetteurs FM. La norme DAB+ commence seulement à se développer en France et le taux d’équipement est encore très faible. Tant que les radios françaises diffuseront en FM il me semble irréaliste de supprimer la FM dans les régions frontalières, et il y en a beaucoup en Suisse !

Est-ce à dire que les Français sont très en retard ?
Si je vous dis que les études d’audiences Médiamétrie se font encore par sondage alors qu’en Suisse elles sont mesurées électroniquement, on peut aisément dire que la France à 17 ans de décalage avec la mesure radio.

Comment expliquez-vous cela ? Pourtant le média radio a toujours eu une place très importante en France ?
En France le démarrage du DAB a été très tardif, les grands réseaux commerciaux n’ayant pas envie de remplacer leurs immenses parcs d’émetteurs FM. Et les habitudes d’écoute migrent plus vite de la FM vers le web.

Ne pas passer par l’étape du DAB+ est-ce un problème ?
Non si l’on rattrape ce retard en étant en avance sur la prochaine technologie. La webradio, le streaming, le podcast voilà la direction que l’on ne peut rater. Le DAB+ a permis de segmenter les programmes mais pas d’offrir une voie de retour aux annonceurs comme le fait le digital.

Donc pas de segmentation et de personnalisation publicitaire sur le DAB+ ?
Exactement. Mais quelque soit la technologie choisie le plus grand défi de la radio est de faire comprendre aux annonceurs que ce média est le plus efficace et les plus réactif en termes publicitaires.

Pourtant En Suisse, les investissements radio sont restés bloqués à 4 % et en France à 8%. Pourquoi, rien n’évolue malgré des offres crossmédia radio-web ?
D’une part parce que les créatifs publicitaires ne se sont jamais intéressés à ce média et d’autre part parce que la radio n’aura pas à vivre les disruptions que subit notamment la presse écrite. Globalement, il est moins vulnérable et plus rentable.

Qu’en est-il depuis la crise de la Covid ?
Après un arrêt brusque des investissements, ils reprennent. En juin, ils sont quasiment revenus à la normale et tout l’enjeux est de récupérer les pertes sur la fin de l’année. On estime que les budgets devront être couverts entre 80 et 90 %.

L’autre leçon de ce semi-confinement est que l’on pu constater que la radio a pu tenir ses audiences malgré le manque de pendulaires…
La radio comme tous les médias linéaires est en train de voir ses audiences s’éroder. Si au début du confinement, le public a moins suivi les émissions matinales, il a très vite repris ses habitudes. Au final, les émissions du matin se sont décalées de 6-9h à 7-10h. Covid ou pas, la consommation radio tend inexorablement à se fractaliser entre les offres en ligne et celles à la carte. Ce n’est pas un hasard si des Deezer ou des Spotify sont en train de compléter leurs catalogues de podcasts. La diversification ne fait que commencer !

 

Victoria Marchand

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