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La Commission fédérale des médias veut construire une gouvernance des plateformes sociales… réaliste?

Les plateformes en ligne, telles que les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, jouent aujourd’hui un rôle essentiel dans le débat public et l’échange d’informations. Les entreprises qui gèrent ces plateformes détiennent un pouvoir considérable, tant sur le marché que sur l’opinion publique. Cette situation a des conséquences sur le secteur des médias, la formation de l’opinion publique et la démocratie. La Commission fédérale des médias (CFM) a fait ses recommandation afin d’examiner des mesures à plusieurs niveaux dans le cadre d’une stratégie globale et propose des options pour la gouvernance future des plateformes.

Les entreprises à l’origine de ces plateformes exercent souvent une puissance économique importante, ce qui met également les médias suisses dans une situation de dépendance. Parallèlement, ces plateformes disposent d’un pouvoir d’influence et, grâce à leurs algorithmes, orientent une part importante du débat public. « Ces mêmes entreprises détiennent à la fois un pouvoir économique et un pouvoir d’influence considérable. Cela soulève des préoccupations pour la formation de l’opinion publique dans une société démocratique », souligne Anna Jobin, présidente de l’CFM.

Le pouvoir économique des plateformes
La CFM considère que le pouvoir économique des plateformes pose un problème non seulement économique, mais aussi démocratique. Cela a des répercussions sur la communication publique et sur les médias : les plateformes définissent les conditions dans lesquelles les médias, les annonceurs et les utilisateurs interagissent. Ces relations de dépendance sont renforcées par le fait que les plateformes proposent souvent des systèmes d’intelligence artificielle largement utilisés.

Ce pouvoir peut également être abusé. Les grandes entreprises technologiques ont divers intérêts pour le faire, par exemple en favorisant leurs propres services ou en imposant unilatéralement des conditions d’utilisation ou des contrats.

Le pouvoir d’influence des plateformes
La CFM met en lumière le lien entre le pouvoir économique et le pouvoir d’influence des plateformes. Les contenus personnalisés affichés dans les fils d’actualité, les recommandations, les réponses générées par l’intelligence artificielle ou les résultats de recherche sont sélectionnés par des algorithmes. « Ces algorithmes ne servent pas des objectifs journalistiques ou démocratiques, mais prioritairement des objectifs commerciaux. Par conséquent, les utilisateurs voient des contenus destinés à les maintenir le plus longtemps possible sur la plateforme. Ces contenus ne sont pas nécessairement pertinents pour la société ni diversifiés », explique Manuel Puppis, vice-président de la CFM.

Cela peut influencer la perception des problèmes par les utilisateurs, les informations auxquelles ils ont accès, la manière dont ils forment leur opinion – et par conséquent, le fonctionnement de notre démocratie.

En Suisse, ce pouvoir d’influence est renforcé par l’impact des grandes entreprises technologiques sur la politique, l’administration, l’éducation, la recherche et la société. Elles fournissent des solutions logicielles complètes aux entreprises, administrations publiques et institutions éducatives, financent la recherche universitaire, soutiennent les entreprises médiatiques et investissent massivement dans le lobbying politique. Tous ces aspects, rarement débattus publiquement, doivent être pris en compte dans la réflexion sur le pouvoir d’influence des plateformes.

Une stratégie globale recommandée
Face au pouvoir économique et d’influence des plateformes, la CFM recommande de développer une stratégie globale pour la gouvernance future des plateformes en Suisse. Le projet de loi fédérale sur les plateformes de communication, annoncé par le Conseil fédéral, constitue une étape importante de cette stratégie. Cependant, d’autres mesures sont également nécessaires.

La CFM propose des options d’action dans cinq domaines spécifiques :

L’avis de Cominmag
Mieux vaut tard que jamais ! L’analyse de la CFM est totalement pertinent mais pourquoi faut-il avoir un plan d’action qu’en ce début 2025, à l’heure où les GAFAMs vont connaître une phase de dérégulation sans précédent ? Je me rappelle avoir interviewé Anna Jobin au début de Facebook. En tant que chercheuse universitaire dont l’objet d’étude portait sur l’impact du numérique dans la société, toutes ces craintes étaient déjà perceptibles. L’ampleur de ces plateformes, notamment par leur capacité à capté la publicité, n’a fait que croître ? Certes, le continent européen est capable d’ériger des normes de contrôle – RGPD, Loi sur les services numériques, Loi sur les marchés numériques, Directives NIS 2, AI Act, Directive sur les droits d’auteurs, E-Privacy Regulation, Digital Euro, Cyber Resilience Act – mais il n’y a pas de moteur de recherche (mis à part Qwant… mais qui l’utilise ?) ou de réseau social  européens. Nous sommes totalement démunis et nos ressources nous échappent. Alors une loi suisse en plus, ce sera bon pour le moral mais inutile – je le crains- pour sauver les médias locaux. A ce stade, on ne peut qu’en appeler à la responsabilité des marques. ARRETEZ DE NOURRIR CES RESEAUX !!!

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