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La part de la redevance reversée aux radios et télévisions locales devrait augmenter en 2016

Invitée au dernier Radioday, la Conseillère fédérale en charge de la communication a annoncé en guise de discours d’ouverture qu’elle tenait « à honorer le fait que les radios privées et la SSR organisent une manifestation commune alors que leurs intérêts ne sont pas toujours identiques ».

Ainsi, devant un parterre de quelque 300 personnes présentes au Radioday 2015, elle s’est félicitée de cette cohésion. Mme Leuthard a ensuite évoqué la révision de la LRTV, adoptée de justesse en juin dernier. Elle a annoncé que l’ordonnance a été mise en consultation et que le Conseil fédéral prévoyait son entrée en vigueur au second semestre 2016.
Le DETEC réclame plus de fonds pour les infos locales
Mme Leuthard a rappelé que la LRTV préconisait de reverser désormais jusqu’à 6% de la redevance télévisée et radiophonique aux chaînes privées. En raison de « la situation délicate dans laquelle se trouvent certaines stations TV et radio privées financées par la redevance », elle souhaite donc augmenter la part qui leur est allouée. « Mon département va donc proposer en temps voulu au Conseil fédéral d’allouer aux prestataires locaux, dès l’entrée en vigueur de la nouvelle loi l’été prochain, une quote-part de redevance plus élevée. » La présidente du DETEC n’a pas précisé le montant de l’enveloppe demandée, ni mentionné le fait que cette procédure entraînerait évidemment une diminution de la part reversée à la SSR. Mais elle a laissé entendre que ce nouvel apport de capitaux profiterait surtout aux plus actifs, se référant à une nouvelle étude réalisée pour l’OFCOM par l’institut Publicom : elle révèle que c’est le public francophone qui peut écouter le plus d’informations régionales par jour (à savoir 36 minutes) sur les radios locales financées par la redevance, la part des radios de Suisse alémanique étant en moyenne de 25 minutes et celle du Tessin de seulement 16 minutes (voir encadré). Et de conclure : « Notre objectif est d’élargir cette culture de l’information ».

Des louanges pour la stratégie DAB+ commune
La profession a également été félicitée pour l’accord conclu, l’an passé, entre les fédérations de radios privées et la SSR au sujet de la numérisation de la radio. Il précise que le passage des OUC à DAB+ ne devra pas nécessairement se faire en même temps dans tout le pays, les radios privées et la SSR prévoyant toutefois de coordonner leur action dans chaque région linguistique. « Je vous félicite pour ce coude à coude qui a aussi suscité l’admiration d’autres pays », a déclaré la conseillère fédérale, qui a également évoqué un crédit de CHF 30 millions pour la numérisation de la radio et de la télévision et CHF 4,5 millions destinés à une campagne d’information à ce sujet. Elle a aussi annoncé qu’en 2017, le Conseil fédéral passerait en revue les radios locales actuelles car les concessions arrivent à expiration fin 2019. Il lui faudra donc se pencher, dans ce domaine, sur les points devant encore (?) être réglés dans le monde de la radio numérique. « Nous n’avons nullement l’intention de vous imposer des restrictions ; nous souhaitons nous engager avec vous dans un univers radiophonique encore plus libéral », a indiqué la ministre en charge des médias. En guise de remerciement pour son intervention, les organisateurs du Radioday ont offert à Mme Leuthard la deux millionième radio DAB+ vendue en Suisse.
L’OFCOM analyse aussi la nouvelle co-entreprise

Signalons au passage que Mme Leuthard n’a fait qu’indirectement allusion à la nouvelle co-entreprise réunissant SSR, Ringier et Swisscom, déclarant que la numérisation présentait divers avantages et entraînait une énorme transformation structurelle difficile à maîtriser. Et de poursuivre : « On voit soudain surgir de nouvelles coopérations et de nouveaux modèles commerciaux qui étaient jusqu’alors impensables. » On ne saurait mieux dire !
Victoria Maria Haas, présentatrice chez RTR, a toutefois interrogé la nouvelle directrice adjointe de l’OFCOM Roberta Cattaneo au sujet de la nouvelle structuration de la distribution publicitaire. Selon elle, la nouvelle activité a été signalée par la SSR à l’OFCOM, qui est tenu de la vérifier en termes de politique médiatique conformément à l’article 29 de la LRTV, alors que la Commission de la concurrence effectue la même procédure dans le cadre des directives de la législation anti-trust. L’article 29 de la LRTV précise que le DETEC peut assortir de diverses obligations toute activité de la SSR « qui risque de porter atteinte à la position ou à la mission d’autres entreprises de médias suisses », voire l’interdire. Mme Cattaneo présume que l’examen pourra s’achever dans le courant de l’année.

Et si la DAB+ était reléguée au second plan ?
Revenons-en à la DAB+. Une étude de la filière illustre la répartition de l’écoute radio : 55% pour les OUC, 23% pour la DAB+ et 22% via Internet. Les représentants de la profession rassemblés sur un podium ont ouvertement manifesté leur joie en évoquant la « part importante revenant à la DAB+ » – mais ces chiffres ont été largement gonflés par la filière depuis des années. On se demande toutefois comment le streaming radio peut être presque aussi dynamique, sans publicité professionnelle. Jürg Bachmann, le président de l’Association suisse des radios privées VSP, se montre d’ailleurs assez inquiet : « Le pire des scénarios, c’est que la DAB+ devienne une simple technologie de remplacement ». M. Bachmann, qui est aussi le patron du groupe de marketing Digitale Migration (DigiMig), a présenté le problème « marketing » de la DAB+ comme suit : « Nous devons vanter les mérites d’un produit qui n’est pas immédiatement identifiable. » Une campagne devrait faire l’objet d’un appel d’offres à l’automne.

[ASIDE]

Réduction massive de l’étude des radios locales

Depuis 2012, Publicom procède chaque année à l’analyse des programmes des radios privées. Alors que toutes les stations avaient été évaluées en 2012 et 2013, l’OFCOM a demandé en 2014 de ne plus analyser que les 17 radios concernées par la redevance et sous mandat de prestations. En Suisse romande, RTN est la station ayant enregistré la plus forte baisse en matière d’informations, passant de 29% en 2012 à 21% en 2014. Pendant la même période, Rouge FM a augmenté la diffusion d’informations (de 10% à 28%). Les éditions 2012 et 2013 des études montrent par ailleurs que la part d’informations et la proportion d’informations régionales sont généralement supérieures à la moyenne pour les stations à redevance, alors que les radios plus importantes (soit, en Suisse occidentale, GRRIF, Rhône, LFM, One FM et Yes FM) sont pratiquement toujours en dessous de la moyenne.[/ASIDE]

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