SW Schweizer Werbung et PS Publicité Suisse ne sont pas d’accord avec le message du Conseil fédéral sur la procédure de consultation relative à la nouvelle loi sur les produits du tabac (LPTab), et en particulier avec son argumentation.
Lorsque le Conseil fédéral parle d’une «ligne équilibrée adoptée dans l’avant-projet», il passe sous silence le fait que le secteur du tabac a déjà accepté depuis longtemps, de sa propre initiative et sous la forme d’une autorégulation, des restrictions très étendues qui vont encore plus loin que les prescriptions légales. Dès lors, il ne s’agit pas d’une ligne équilibrée, mais au contraire d’une nouvelle concession à des organisations de défense de la santé qui argumentent de manière dogmatique.
Les effets de la pression sociale
Au vu du fait que la consommation de tabac a reculé de 24 % en Suisse ces dix dernières années, et qu’elle se situe entre-temps à un niveau inférieur à celui de l’UE, et qu’en France, p. ex., les interdictions publicitaires existantes ne parviennent pas à faire baisser la consommation de tabac, ces restrictions supplémentaires ne relèvent que d’un entêtement déplacé. Les frais qui, sur la base des chiffres actuels, sont nécessaires pour réaliser d’infimes progrès, ne sont plus du tout en rapport avec les résultats. Malgré toute la compréhension que suscite la nécessité de disposer d’une protection de la jeunesse efficace, il faut donc remettre en question l’idée qu’une large interdiction de la publicité contre le tabac serait une stratégie adéquate susceptible de réduire encore la consommation de tabac. Tout comme la problématique de l’endettement des jeunes, ici aussi, il s’agit en priorité d’un travail de sensibilisation qui doit se faire dans un cadre privé et scolaire. Une grande partie des jeunes ne touchent pas pour la première fois à la cigarette parce qu’une affiche publicitaire les a particulièrement interpellés, mais parce qu’au sein du groupe de leurs pairs, la pression sociale et le besoin d’appartenance ont des effets sensiblement plus importants.
Distorsion de la concurrence
Les interdictions de la publicité pour le tabac touchent surtout la branche de la communication et représentent
une distorsion de la concurrence au profit des grandes marques. Ces dernières pourront en effet tranquillement conserver leurs parts de marché et ne devront plus se défendre contre des prestataires moins connus et de plus petite taille. De manière tout à fait générale, SW Schweizer Werbung et PS Publicité Suisse refusent toute restriction à la liberté dans la publicité tant qu’un produit peut être acheté légalement sur le marché. Le danger est réel qu’après l’alcool et le tabac, d’autres denrées d’agrément comme les douceurs, les boissons sucrées et les produits contenant du sel seront bannies à leur tour et seront de plus en plus frappées d’interdictions publicitaires. Cela ne saurait être toléré, car cela constitue une mise sous tutelle inadmissible des citoyennes et des citoyens. Le souci de la santé et du bien-être demeure en priorité l’affaire de chaque individu, et non celle de l’Etat. En l’occurrence, le principe de proportionnalité n’est pas respecté.