La RTS change sa stratégie de positionnement digital et réduit ses présences sur les réseaux sociaux. Cette décision est justifiée par une volonté de privilégier ses plateformes propres, de simplifier ses points de contact et de proposer des contenus digitaux qui correspondent toujours plus aux besoins de la population.
Face à une concurrence digitale démultipliée, les nombreuses présences sociales de la RTS brouillaient la lisibilité de son offre auprès du public. La RTS a donc décidé de simplifier ses présences sur les réseaux sociaux et de privilégier ses plateformes propres comme rts.ch ainsi que ses applications, un repositionnement ciblé qui permettra de capter de nouveaux publics. De plus de 77 comptes, elle passera progressivement à environ 30 présences sociales d’ici fin juin.
La réorganisation de ces présences permettra également à la RTS d’améliorer la qualité des échanges avec ses communautés, particulièrement sur X (ex-Twitter) où le dialogue ne peut plus s’opérer de manière constructive et respectueuse. Cette plateforme étant devenue sujette à des campagnes de haine et de diffamation de la part de mouvements complotistes et extrémistes, la RTS y ferme tous ses comptes, à l’exception du compte d’entreprise @RadioTeleSuisse qui reste actif pour traiter de sujets institutionnels.
Du web 2 au web 3
Ce mouvement précurseur est à inscrire dans ce qu’on pourrait appeler la logique de la « first-party » . Une nouvelle réalité dans l’écosystème de communication qui tient autant de la nécessité légale qu’économique. En effet, avec l’évolution des lois sur la confidentialité, telles que le RGPD ou la LPD, les données de première partie (donc celles qui sont la propriété de l’entreprise : les abonnés, les clients) sont de plus en plus valorisées car elles réduisent les risques de non-conformité. Peu à peu les entreprises reprennent le contrôle total sur ces données et les interactions sur les réseaux sociaux, ce qui permet une personnalisation et une optimisation plus précises de la relation-client. Du côté des auditeurs ou des utilisateurs, le capital confiance augmente puisque les données ne sont plus partagées avec des tiers.
Ce mouvement va s’étendre au fur et à mesure que nous allons entrer dans une nouvelle étape où le web sera décentralisé. En effet, dans le Web 3.0, les utilisateurs auront un contrôle total sur leurs données personnelles. Ils pourront choisir de les partager ou non, et pourront même monétiser leurs données s’ils le souhaitent. Cela contraste avec le modèle actuel où les plateformes de réseaux sociaux collectent et exploitent les données des utilisateurs pour générer des revenus publicitaires. Cela aura une incidence sur les réseaux sociaux qui ne seront plus contrôlés par des entités centralisées comme Facebook ou X. La technologie blockchain permettra de distribuer le contrôle et la gestion des données parmi les utilisateurs eux-mêmes. Une véritable économie participative va enfin pourvoir émerger au bénéfice des producteurs de contenu.
Il est donc important pour les médias comme pour les marques de ramener leurs communautés sur leurs sites et ainsi créer relation de dialogue directe avec leurs publics ou communautés. L’époque où les réseaux sociaux permettaient d’augmenter la visibilité d’un média ou d’une marque est en passe d’être révolue. Les dérives telles que la non-attribution à la marque, la question des droits voisins, le poison des fake news et surtout, la baisse des performances des réseaux sociaux rendent ce relais moins attrayants. Trop d’effort pour finalement peu de retours et surtout une perte d’image.
Il est temps de passer à une autre logique….