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Etude Deloitte : Jusqu’à quel âge devrait-on travailler ?

D’après les calculs d’UBS , d’ici 2030, il pourrait manquer entre 230’000 et 500’000 travailleurs sur le marché du travail suisse. L’économie devra, par conséquent, mieux tirer parti de la réserve de main d’œuvre potentielle si les entreprises veulent rester compétitives sur le long terme et disposer d’employés qualifiés au cours des prochaines décennies.

Bien que le marché du travail suisse constitue un environnement favorable pour les employés de 50 ans, ce groupe représente encore un potentiel inexploité pour les employeurs. La participation au marché du travail diminue de façon considérable à partir de 60 ans. Plusieurs quittent le marché du travail avant l’âge légal de la retraite, même si la majorité le fait volontairement. Le groupe d’âge des 65-69 ans ont une participation relativement faible en Suisse (23%) par rapport à la moyenne de l’OCDE (27%). Cela est principalement dû à l’âge de la retraite en Suisse, qui est plus bas que celui de l’OCDE. Si ce potentiel inexploité était utilisé, il pourrait sensiblement atténuer l’impact du changement démographique sur le marché du travail.

Deux sur cinq souhaitent travailler au-delà de l’âge de la retraite
Les personnes déjà intégrées au marché du travail qui souhaitent travailler au-delà de l’âge de la retraite représentent une réserve de main d’œuvre importante, qui pourrait facilement être mobilisée. Pour quantifier la taille de ce groupe et le potentiel qu’il représente, Deloitte Suisse a mené une enquête représentative auprès de 1’000  personnes âgées de 50 à 70 ans. Les résultats sont frappants. 40% des personnes actives âgées de 50 à 64 ans souhaitent travailler au-delà de l’âge de la retraite: 35% aimeraient continuer de travailler à temps partiel et 5% à temps plein. Cela représenterait 578’000 travailleurs supplémentaires.

« Notre étude montre qu’une bonne partie des plus de 50 ans souhaite continuer de travailler au-delà de l’âge légal de la retraite.  C’est une bonne nouvelle pour l’économie suisse. Si ce potentiel était pleinement exploité, il pourrait sensiblement corriger le déséquilibre croissant entre les personnes intégrant et quittant le marché du travail et ainsi réduire la pression sur le système de sécurité sociale. Mobiliser ce groupe pourrait largement combler l’écart estimé par UBS en 2030 », explique Michael Grampp, Chief Economist à Deloitte Suisse et co-auteur de l’étude.

Les travailleurs âgés souhaitent travailler plus longtemps, mais le peuvent-ils ?
Si l’on compare la volonté de travailler au-delà de l’âge de la retraite avec la participation actuelle au marché du travail des personnes ayant dépassé l’âge de la retraite, l’écart est considérable. En 2018, seulement 23% des personnes âgées 65-69 ans étaient actifs, un chiffre nettement inférieur au 40% mentionné plus haut.

De plus, bien que 40% des 50-64 ans déclarent vouloir continuer de travailler au-delà de l’âge officiel de la retraite, seulement 30% pensent en être capables (voir le graphique ci-dessous).

À première vue, cet écart significatif entre l’aspiration et la réalité (assumée) est très surprenant. À y regarder de plus près, cela s’explique principalement par la mentalité des employés. Vu qu’il existe un âge de la retraite, de nombreux employés considèrent qu’ils arrêteront de travailler dès qu’ils auront atteint cet âge.

Cet écart s’explique également par un manque de débouchés: D’après l’étude, 66% des personnes interrogées qui sont déjà à la retraite n’ont pas eu la possibilité de continuer à travailler. Parmi ce groupe, 46% auraient voulu continuer à travailler, soit presque un tiers (30%) de toutes les personnes touchant déjà leur retraite. Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles les entreprises n’emploient pas des travailleurs au-delà de l’âge de la retraite, dont le coût, le déséquilibre des compétences et les préjugés. D’autres entreprises ignorent simplement le potentiel que représentent les travailleurs plus âgés, notamment parce que la Suisse a fixé un âge de départ à la retraite et que les entreprises s’attendent à ce que leurs employés arrêtent de travailler une fois cet âge atteint.

Enfin, l’écart peut également s’expliquer par le manque de mesures incitatives. S’il n’y a aucun avantage financier à continuer de travailler au-delà de l’âge de la retraite, de nombreux employés arrêteront de travailler, même s’ils voudraient continuer.

Les entreprises doivent agir…
Les entreprises peuvent aussi mieux tirer parti du potentiel des travailleurs âgés en leur proposant des formations régulières et en adaptant leurs compétences aux futures exigences du monde du travail. Bien sûr, maintenir l’employabilité demande aussi un effort de la part de l’employé. Le concept d’apprentissage continu doit être adopté par les deux parties.

« Comme l’indique un rapport de l’OCDE récemment publié, la réforme de l’âge de la retraite en Suisse et l’allongement de la vie active sont essentiels pour assurer des revenus adéquats aux personnes âgées et éviter que le vieillissement devienne un fardeau pour les entreprises et les travailleurs. Les faits sont clairs: si les travailleurs âgés sont amenés à travailler plus longtemps, le gouvernement doit assouplir l’âge de la retraite. Autrement, il sera difficile de faire changer les mentalités sur le départ à la retraite à un âge donné. Les fonds de pension doivent être adaptés à l’espérance de vie moyenne ou à la durée de la vie active d’un individu pour que le système soit financièrement viable. Les mesures visant à accroître la flexibilité doivent également comprendre des incitations efficaces: les personnes travaillant plus longtemps doivent gagner plus, même après les déductions fiscales et cotisations sociales », déclare Michael Grampp.

L’augmentation de l’âge de la retraite doit aller de pair avec des mesures visant à l’assouplir. La Suisse pourrait suivre l’exemple de la Suède et du Canada, qui ont associé le relèvement de l’âge de la retraite à une grande flexibilité et ont renoncé à fixer un âge de départ à la retraite spécifique.

Victoria Marchand

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