Reconnaissant que l’IA générative offre au journalisme et aux entreprises de médias, l’association Schweizer Medien demande aux développeurs et aux exploitants de systèmes d’IA qu’ils prennent en compte et respectent le droit en vigueur en Suisse.
Dans son manifeste « L’intelligence artificielle uniquement dans le cadre de l’ordre juridique suisse », elle formule des principes clairs qui doivent être respectés par les exploitants et les développeurs d’IA conformément au droit suisse en vigueur. Pour les éditeurs, le respect de ces principes est déterminant pour la préservation de la base économique de la création médiatique et pour une interaction équitable et fonctionnelle entre l’IA et les médias. C’est la seule façon de préserver à l’avenir la confiance du public dans les faits, dans le journalisme et, surtout, dans la démocratie directe.
L’association des éditeurs exige des exploitants d’IA et de leurs applications :
- la prise en compte de la protection de la propriété intellectuelle
- l’équité du marché et de la concurrence
- la transparence sur l’utilisation des contenus
- la qualité et intégrité des contenus
- la sécurité et responsabilité
- la coopération entre les exploitants d’IA et les médias
Recommandations d’action pour une utilisation responsable
Parallèlement aux exigences posées aux exploitants d’IA, l’association fournit à ses membres des recommandations d’action pour l’utilisation des applications d’IA par les entreprises de médias dans le cadre de leur travail journalistique. Les guidelines traitent entre autres de thèmes tels que l’utilisation responsable, la transparence, le contrôle journalistique ou la formation et l’instruction.
Une étude du Centre de recherche opinion publique et société (fög) de l’Université de Zurich (« KI im Journalismus ») a récemment montré que la population fait preuve d’un certain scepticisme quant à l’utilisation de l’IA dans les médias. Cela souligne l’importance d’une utilisation responsable des applications de l’IA, comme le font déjà les entreprises suisses de médias. Ainsi, l’interaction entre les professionnels des médias et les applications permet d’obtenir des contenus journalistiques encore plus qualitatifs.
Applications de l’IA dans le journalisme
Dans le respect des principes journalistiques, l’association a élaboré, à l’intention de ses membres, des principes d’utilisation de l’IA.
1-Utilisation responsable
Les systèmes d’intelligence artificielle ne peuvent pas remplacer le travail central des journalistes. L’indépendance des entreprises de médias privées suisses ainsi que leur importance particulière pour la formation démocratique de l’opinion exigent une utilisation responsable de l’IA dans le quotidien rédactionnel. Même en ce qui concerne l’automated journalism et l’utilisation de l’IA, la responsabilité journalistique incombe toujours aux entreprises de médias.
2-Objectif de l’utilisation
Les entreprises de médias suisses encouragent et utilisent l’IA lorsqu’elle facilite le travail des journalistes et des collaborateurs augmentant leur productivité et améliorant la qualité de l’information. L’utilisation de l’IA doit notamment permettre de conduire à une amélioration de la qualité des contenus journalistiques et autres produits des entreprises de médias.
3-Transparence et déclaration
Lorsque le contenu journalistique (texte, image, audio) est entièrement produit à l’aide de l’IA, sans intervention humaine, il doit être certifié et traçable. Un marquage n’est pas nécessaire dans les cas où un outil d’IA n’est utilisé qu’en tant que (p.ex. traduction, transcription, etc.) et qu’un processus humain est utilisé.
De manière générale, il doit être possible de comprendre comment le contenu en question a été réalisé. La distinction entre la réalité et la fiction doit toujours être sans équivoque.
4-Contrôle éditorial
La confiance des consommateurs dans les contenus journalistiques dépend de leur fiabilité et de la qualité. C’est pourquoi les contenus créés entièrement ou avec l’aide de l’intelligence artificielle doivent être soumis à un examen critique, avant d’être publiés. Sans une vérification et un contrôle de qualité par des personnes formées, il ne doit pas y avoir de publication de contenus générés par l’IA.
5-Responsabilité juridique
Les entreprises de médias sont responsables de tous les contenus qu’elles publient. Cette responsabilité s’étend également aux contenus créés uniquement ou avec l’aide de l’IA. Les journalistes sont conscients de la responsabilité qui va de pair avec l’utilisation de l’IA. Les principes juridiques et éthiques existants s’appliquent. La protection de la propriété intellectuelle est respectée.
6-Protection des données et confidentialité
Les systèmes d’intelligence artificielle accèdent à une grande quantité de données. Des données qui peuvent être sensibles, matérielles ou personnelles. La sécurité des données doit donc être garantie. La protection de la personnalité est valable sans restriction également lors de l’utilisation de l’IA.
Les collaborateurs des entreprises de médias ne doivent pas divulguer d’informations confidentielles et sensibles, telles que des données personnelles provenant de sources journalistiques, dans les systèmes d’IA générative si la sécurité et la confidentialité des données (p. ex. texte, code, image, son, etc.) ne sont garanties par ces logiciels d’IA.
7-Formation et instruction
Les entreprises de médias privées suisses forment leurs collaborateurs à l’utilisation de l’IA. L’accent est mis sur les opportunités et les dangers de l’IA dans le travail quotidien rédactionnel. Les principes les plus importants concernant l’utilisation de l’IA sont connus de tous les collaborateurs. Ils sont régulièrement contrôlés et, le cas échéant, adaptés pour tenir compte de l’évolution rapide des applications de l’IA générative.