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Le média en ligne Spatz réinvente la presse communale grâce à l’IA

Et si la presse villageoise allait sauver les médias ? Le journaliste Hannes Grassegger veut aujourd’hui développer son concept en Suisse romande et ainsi créer un réseau de Spatz et de « Piaf » dans le pays. Cominmag l’a rencontré et a découvert que IA et local ne très bien ensemble….

Notre pays compte quelque 2100 communes dont des centaines produisent leur propre journal local. On estime qu’environ CHF 200 millions seraient investis par ces entités administratives pour fabriquer ces titres. « Une véritable presse d’état dont les maires et syndiques sont les rédacteurs en chef », constate Hannes Grassegger. La plupart du temps, ces éditions sont édités en format papier, ce qui représente un coût pour les municipalités alors que ces titres ne survivent que grâce au bon vouloir de quelques bénévoles qui décident du contenu en fonction de leurs intérêts. De l’entre-soi qui n’a jamais vraiment intéressé la presse régionale qui préfère se focaliser sur la politique des grandes villes et cantonale. Or, dans un environnement où l’offre médiatique se réduit en raison de la baisse des revenus publicitaires et de la fidélisation des lecteurs, l’information micro locale est de plus en plus délaissée.

C’est justement cet espace que l’ancien journaliste, spécialisé en technologie, Hannes Grassegger a voulu s’investir non pour se substituer aux communes mais pour reconquérir une audience qui a besoin d’information de proximité. Le défi est grand car, on le sait, le public est de plus en plus réticent au papier et aux formats d’abonnements. Comment l’intéresser ?

Un modèle de presse participative
En sortant des modèles éditoriaux existant et en misant sur le digital et sur l’IA. Ici, il n’est pas question de rédiger ex nihilo des articles synthétiques en vue de concurrencer la presse communale. Non, l’idée est de collecter, grâce à un agent d’IA, toutes les informations publiées par les parties prenantes (associations, partis politiques, commerçants, etc) d’une commune et de les réunir dans un CRM dont l’écriture sera automatisée et formatée par un prompt qui va rédiger ce contenu pour un flux WhatsApp et une distribution par mail sous forme de newsletter. Une publication qui est hebdomadaire et gratuite. Il suffit de s’inscrire sur le flux.

En tant que journaliste Hannes Grassegger, s’appuie sur la technologie pour faire baisser les coûts de production mais reste inflexible sur la qualité. « Tout le contenu est relu avant d’être édité par un responsable local qui travaille pour « Spatz » (ndlr. Piaf) à 10%. Le public peut également éditer directement du contenu soit dans l’agenda ou sous une forme de lettre ou d’article. Tout ce contenu passera également par le filtre d’une deuxième relecture afin de se différencier des commentaires des réseaux sociaux. »

Développement romand
A ce jour, neuf communes alémaniques et une romande (Versoix) font partie de ce réseau. Un appel sera lancé à partir du 2 mai pour trouver d’autres responsables éditoriaux dans les cantons de Genève et de Vaud. Qui peut prétendre à faire partie de Spatz ? « Nous visons des communes qui réunissent au moins 3000 habitants. L’inscription se fait directement sur notre site. Quant à notre représentant, cette personne ne doit pas forcément être un journaliste mais il est essentiel qu’elle soit bien implantée dans son territoire et dans la communauté. »

Quel business modèle ?
Le développement de la plateforme web de Spatz a été rendu possible grâce au soutien de diverses fondations (Leenaards, Fonds pionner Migros, Mercator suisse) mais le responsable vise l’autonomie. Pour ce faire, la publicité est un revenu indispensable. « Les commerçants et les entreprises locales ont rarement la possibilité de s’offrir de la publicité locale numérique, Spatz est un espace pour eux. Nous visons également des acteurs régionaux qui cherchent à revenir vers des médias suisses qui soient fortement implantés localement. » Les formules publicitaires sont proposées au nombre de publication, des formules de sponsoring sont encore à l’étude.

Hannes Grassegger a la certitude que son modèle est duplicable partout où le territoire est divisé en commune. « Aujourd’hui l’information internationale est moins chère à produire que la locale. Les médias, les réseaux sociaux nous parlent du monde et de moins en moins de ce qui se passe à côté de chez-nous. Cette connectivité à paradoxalement déconnecté les personnes. Spatz se propose de refaire société. »

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