La journaliste Maurine Mercier, correspondante en Ukraine de la Radio Télévision Suisse (RTS), de Radio France et de la Radio-Télévision belge francophone (RTBF), est la lauréate du Prix Jean Dumur 2022. Par ce choix, le jury récompense le courage journalistique et la recherche sincère de la vérité humaine dans les zones de conflit de la journaliste. Elle a fait la preuve de ces qualités, de façon absolument remarquable, aussi bien dans son poste de correspondante à Kiev, que, avant cela, comme correspondante en Afrique du Nord où elle a été amenée à couvrir, durant près de six ans, les effets du Printemps arabe et de la guerre civile en Libye. Le Prix Jean Dumur sera remis à Maurine Mercier le 11 novembre prochain à l’occasion des Assises presse et démocratie.
Née à Lausanne en 1981, double nationale suisse et canadienne, enrichie d’une petite enfance passée dans la campagne québécoise et d’études au sein de l’Institut des Haute Etudes Internationales (IHEID) à Genève, Maurine Mercier a été formée à la belle école de la télévision locale, à la TVRL puis La Télé à Lausanne. Sa carrière a passé par la Matinale de Couleur 3, la rubrique internationale de la Radio Romande et le talk-show de la RTS « La grande lessive ». La lauréate s’est installée à Tunis en 2016, puis à Kiev depuis août 2022. Elle a déjà été distinguée deux fois, par le Swiss Press Awards (2018) et par le Prix Bayeux des correspondants de guerre (2022).
Ses reportages radiophoniques et en JRI (journaliste reporter d’images) aux quatre coins de l’Ukraine assiégée frappent par l’extraordinaire proximité qu’elle installe avec ses témoins. Chaleureuse et grave dans le ton, rigoureuse et précise dans l’écriture, la lauréate nourrit son travail d’une empathie sincère avec les victimes, sans jamais se départir d’une impeccable indépendance journalistique. Son style, sa marque de fabrique, c’est la restitution des émotions humaines dans toute leur vérité brute, accolée à la vérification des faits, dans la plus grande exactitude possible, sur un terrain d’une immense complexité. En particulier, son travail sur le viol dans la guerre ukrainienne est le reflet d’une approche consciencieuse et éprouvée, que Maurine a développée déjà sur les terrains sensibles d’Afrique du Nord.
Traversée de nécessaires questions et doutes sur le rôle des journalistes en zone de guerre, sur l’impossibilité de travailler de part et d’autre du front, Maurine Mercier parvient à restituer au plus près de sa conscience, dans la transparence et l’humilité, l’essence de son métier. En cela, elle incarne les valeurs que le Prix Jean Dumur cherche à honorer : courage, recherche têtue de la vérité, droiture, indépendance farouche, élégance et clarté de l’expression. « Ce Prix Dumur me touche profondément. Il me donne de l’énergie. Car on ne va pas se mentir, ce travail est rude. Je ne sais pas combien de temps j’aurai cette énergie. En tout cas, j’en ai besoin ! »