L’association Le Réseau, créée par le conseiller national Fathi Derder, a thématisé son colloque annuel autour de l’information et du numérique. Quelque 500 personnes se sont donc retrouvées aujourd’hui pour une matinée très dense au Rolex Learning Center de l’EPFL.
Dès l’ouverture, le ton était donné avec Patrick Aebischer, président de l’EPFL, et Gilles Marchand, directeur de la RTS, qui ont tous deux présenté le projet de Swiss Media Initiative qui prendra corps lorsque le nouveau bâtiment de la radio publique sera installé dans l’enceinte de l’EPFL. A l’heure du Big Data, la recherche et les médias sont condamnés à collaborer. « Les médias sont le laboratoire et l’EPFL est le démonstrateur 1:1 », a-t-on entendu.
Les présentations d’Adrienne Corboud Fumagalli, vice-présidente innovation et valorisation (EPFL), Patrick Thiran, professeur à la Faculté informatique et communication ou de Frédéric Kaplan, professeur directeur Digital Humanities (EPFL) ont permis de comprendre à quel point la technologie à besoin des sciences sociales et des médias. Donner du sens aux datas, tel est prochain enjeu de la société numérique.
Une évidence qui ne saurait cacher toutefois une autre réalité. Le numérique qui ne demande qu’à s’enrichir qualitativement est en train d’appauvrir tout le système médiatique. N’en déplaise à Google et à son DNI (Digital News Initiative) qui soutient des projets médiatiques originaux, le business modèle des médias est totalement remis en question par les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les habitudes de consommation du public. Etienne Jornod, président de la NZZ et Ralph Büchi, délégué du Conseil d’administration de Ringier Axer Springer, ont toutefois voulu montrer un visage moins défaitiste. « Certes la presse écrite souffre mais elle est en train de se réinventer. » Et pour ces deux éditeurs pas question de passer par le e-commerce : « le journalisme doit se suffire à lui-même. »
Mais dans un marché si étroit, l’arrivée des acteurs du numérique a chamboulé l’équilibre médiatique helvétique. La concurrence entre les titres et les médias pour le marché publicitaire est à son comble. Le prochain débat sur l’avenir du service public, qui sera suivi de la prolongation de la concession, puis de la votation de l’initiative populaire « No Billag », avec peut-être un contre-projet du Parlement, devraient aboutir à une nouvelle loi sur les médias. La présence de Doris Leuthard, Conseillère fédérale en charge notamment de la communication, était un moment très attendu. « La démocratie a besoin d’une information de qualité. Le service public comme le privé doivent trouver les bons modèles économiques. » Responsable d’une autre régie publique, Urs Schaeppi, CEO de Swisscom, a rappelé que la digitalisation est un « risque-chance » pour la Suisse. « Nous sommes trop petits pour nous affaiblir en querelles a prévenu la Conseillère fédérale, » certainement en prévision de l’agenda chargé qui l’attend. Un message d’unité et d’apaisement parfaitement compris en Suisse romande.
Le colloque s’est clôturé par deux tables-rondes réunissant des professionnels des médias, des enseignants, le Préposé fédéral à la protection des données, le représentant de la Fédération romande des consommateurs, le Head of Swisscom Venture et un représentant de Google. Roger de Weck, directeur général SSR a conclu cette rencontre.