On sait bien qu’à chaque crise économique, un des premiers secteurs a se voir réduit est celui de la publicité. C’est pourquoi les informations recueillies par eMarketers ont de quoi nous alerter.
En effet, sur le marché nord-américain, la publicité et les relations publiques ont perdu 2 400 emplois en mai malgré une augmentation globale de l’emploi dans ce pays. C’est ce que révèlent les données du Bureau américain des statistiques du travail, signe que ce secteur commence à traverser une période d’incertitude qui définira le reste de 2022. Si l’emploi dans les agences de publicité est toujours à un niveau élevé, le repli du mois dernier survient alors que le secteur est confronté à des perspectives économiques incertaines et à des problèmes d’adtech. La perte d’emploi de mai a été la première diminution mensuelle des emplois dans la publicité cette année. Dans l’ensemble, l’économie américaine a créé 390 000 emplois le mois dernier.
En outre, il s’agit de la première baisse de l’emploi depuis novembre 2020, signe que le boom publicitaire provoqué par la pandémie ralentit. Les licenciements ont touché plusieurs industries adjacentes comme la technologie et les médias sociaux. Le marché du travail tendu et la hausse des taux d’intérêt signifient que l’embauche est actuellement un processus lent et difficile pour de nombreuses entreprises.
Qu’est-ce qui se cache derrière ce revirement ?
Selon certains indicateurs, la publicité numérique semble se porter mieux que jamais (cf, les données de Zenith Media). Les dépenses publicitaires numériques atteindront des sommets cette année, les consommateurs continuent de dépenser, et les industries qui ont souffert pendant la pandémie voient un retour de la publicité. Mais malgré cela, l’emploi dans le secteur de la publicité ralentit depuis peu. Le mois d’avril a peut-être vu l’ajout de 300 emplois publicitaires, mais il s’agit d’une baisse significative par rapport aux 1 300 emplois créés en mars.
Des événements récents ont suscité des inquiétudes quant à l’efficacité de la publicité numérique. Les tensions entre Egon Musk à propos des faux comptes sur Twitter. Les annonces de Snapchat annonçant qu’il n’atteindrait pas ses propres prévisions de revenus. Sans parler de la série de licenciements et de gels d’embauche dans des entreprises ayant une forte influence sur la publicité numérique, comme Meta, Twitter et d’autres. Ce recentrage n’inspire pas beaucoup de confiance, car de nombreuses plateformes publicitaires sont confrontées aux retombées des changements apportés par Apple en matière de suivi des publicités et de protection de la vie privée.
Force est de constater que l’avenir immédiat du secteur de la publicité numérique n’est pas clair, et si une récession se profile réellement dans l’économie américaine, les problèmes des plateformes auront une incidence sur les agences de communication et de publicité digitale.
Le tableau ci-dessous nous démontre que la croissance fulgurante que ce secteur a connu lors des deux dernières décennies a vécu. Il est important d’en prendre conscience à l’heure où de plus en plus de critiques s’élèvent pour exprimer un ras-le-bol face à l’abondance des volumes publicitaires et des messages poussant à une consommation peu respectueuse de l’environnement.
A méditer !