Ces derniers mois, la guerre des sexes fait rage. La nature du combat ? L’écriture inclusive. Gare au massacre !
Après « Balance ton Porc », « Défonce ton français » ! Pour ceux qui viennent de se réveiller d’un long coma, l’écriture inclusive est un ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre femmes et hommes dans la langue française.
Trois principes
Elle repose sur 3 principes :
- Accorder les fonctions, les métiers, mais aussi les titres et grades en fonction du genre. On écrira ainsi une « pompière », « une maire », « une auteure ».
- Au pluriel, le masculin ne l’emporte plus sur le féminin. Il faut inclure les deux sexes en ayant recours au point milieu. On ne rédige donc plus « Tous les salariés », pour désigner l’ensemble des salariés, mais « Tou•te•s les salarié•e•s ».
- Ne plus employer les mots « homme » et « femme » mais utiliser des termes beaucoup plus universels comme « les droits humains » (à la place des « droits de l’homme »).
Le langage forme la pensée
Il est vrai, comme le relèvent de nombreux linguistes, que le langage forme la pensée. En d’autres termes, quand le masculin l’emporte systématiquement sur le féminin, dès le plus jeune âge, il peut en résulter une perpétuation d’inégalités et de stéréotypes.
Mais faut-il pour autant massacrer la langue française ou faire du terrorisme intellectuel, sous prétexte de faire avancer la parité ? Je n’en suis pas sûr…
Le point de la discorde
Si les points 1 et 3 ne me posent aucun problème et pourraient être facilement mis en œuvre, le point 2, le fameux « point du milieu » relève de la stupidité pure : non seulement ce point alourdit les textes, mais il pose d’énormes défis de prononciation.
Avouons-le : salariée-eu-esse, c’est quand même plus difficile à articuler que salariés. Et ça prend beaucoup plus de temps à écrire, à lire et probablement à comprendre.
Or, je ne sais pas pour vous, mais pour moi, le temps est une denrée plutôt rare…
Le problème avec ce genre d’initiative – à l’heure où j’écris ces lignes, elle n’a pas encore réussi à convaincre les décideurs –, c’est qu’elle ouvre la porte au politiquement trop correct. Et au rédactionnellement trop compliqué.
Pourquoi pas, pendant qu’on y est, modifier la langue de Molière afin d’inclure la population homosexuelle, les hermaphrodites, les minorités religieuses, les véganes, les personnes de petite taille ou les nudistes ? Bref, toute communauté qui souffre d’une quelconque forme de discrimination ?
Bon combat, fausse cible
Avant de s’attaquer ainsi à la langue de Molière, ne vaudrait-il pas mieux d’abord amender les entreprises qui rémunèrent moins les femmes pour un poste équivalent ? Ou bannir les couleurs bleu et rose de l’univers des bambins et ne proposer qu’une seule teinte, disons le gris ? Ou encore amender sévèrement tout macho qui se permet de siffler une demoiselle en minijupe ?
Tout ce préambule pour dire qu’en tant que rédacteur, je n’utiliserai jamais le point milieu. Un point, c’est tout ! Oui à l’égalité, non à la stupidité !