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Libre d’écrire, plus

Ma réd’ en chef me pose une colle: quelle différence de ton entre les journaux et les blogs?

Pour Loïc Le Meur, vice-président de la plate-forme Six Apart et blogueur influent, il ne faut pas confondre ces nouveaux moyens de communication avec les médias traditionnels. «Les blogueurs ne se prennent en général pas pour des journalistes. Ils écrivent leurs opinions et leurs sentiments sur tout ce qui leur passe par la tête et surtout pour leurs amis. Par contre, certains blogueurs deviennent des professionnels de même que certains journalistes bloguent».

En France, Libération met en avant les blogs de ses journalistes sur son site. Le Monde prolonge même l’expérience en invitant les abonnés du journal à créer leur blog sur sa plate-forme, dont les billets voisinent avec ceux des journalistes qui bloguent. En avril sort en kiosque le numéro 3 de Netizen, mensuel consacré au phénomène de la prise de parole des individus sur le Web. Cette fois ce sont les écrits des blogueurs qui sont imprimés, joli retour des choses.

Blogueur ou journaliste, cherchez la différence. Ecrit-on vraiment d’une autre façon? Sur un blog, il est de bon ton de revendiquer ses paroles par l’usage du «je». C’est moi qui assume mes écrits. Je personnalise le récit en utilisant un ton familier. Avez-vous souvent lu une dépêche d’agence où l’auteur partage son émotion avec le lecteur? Le journaliste ne dit jamais je, lui.

Au bouclage d’un journal, mon article est relu et corrigé par le secrétariat de rédaction. Tandis que personne ne me relit avant que je publie une note sur le web. Ce sont les lecteurs, par le biais des commentaires, qui rectifieront mes erreurs. À une vitesse impressionnante parfois.

Sur mon blog, je peux m’étaler. Ou pas. Un billet peut ne faire qu’une ligne, ou n’être qu’une photo même pas légendée. Mais je peux noircir des dizaines de milliers de signes si l’envie s’en fait sentir. L’espace ne m’est pas compté. Au contraire des rubriques des quotidiens dont le format doit être respecté à vingt signes près.

Aussi, je publie quand je le veux bien. Rien ne m’inspire, tant pis. Trois bonnes nouvelles à transmettre, allez! Trois notes du jour en ligne. Pas de tri au moment du bouclage parce que l’actualité trépidante a fait dérailler un train ou exploser une bombinette quelque part, reléguant l’actualité tiède au placard.

Cette liberté a un prix bien sûr. Formé aux règles de son métier, le journaliste est un professionnel payé pour sa production. Le blogueur, lui, écrit par passion.

Anne Dominique Mayor, journaliste et blogueuse

Blog : Prismes et planches
http://annedominique.wordpress.com

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