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L’ingénieur suisse Elmar Mock nominé pour le Prix de l’inventeur européen 2017

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Le Suisse Elmar Mock, innovant à bien des égards, est célèbre pour la co-invention de la montre-bracelet Swatch, qui a révolutionné les processus de fabrication et redynamiser l’ensemble de l’industrie horlogère suisse. La technologie du moulage plastique, utilisée pour la première fois par l’inventeur dans la fabrication de cette montre, est également devenue la pierre angulaire d’une société inscrivant l’innovation dans son ADN. Aujourd’hui, l’ingénieur suisse est à l’origine de 178 familles de brevets – une famille rassemble tous les documents et brevets concernant une même invention – en tant qu’inventeur ou co-inventeur dans une grande variété d’industries, de l’horlogerie à l’ingénierie mécanique ou encore dans les technologies médicales. Il est à la tête d’une société d’inventeurs professionnels, développant des solutions pour de nombreuses multinationales, et également à l’origine de plusieurs entreprises dérivées à succès.

Pour son apport prolifique et ses grandes réussites au cours des trente dernières années, Elmar Mock a été sélectionné parmi les trois finalistes du Prix de l’inventeur européen 2017 dans la catégorie  » oeuvre d’une vie « . Les gagnants de la douzième édition de ce prix récompensant l’innovation, attribué chaque année par l’Office européen des brevets, seront annoncés le 15 juin prochain lors d’une cérémonie à Venise.

« Elmar Mock est un inventeur qui a osé défier le statu quo et remettre en question un standard apparemment incontestable » a souligné le Président de l’Office européen des brevets, Benoît Battistelli lors de l’annonce des finalistes pour le Prix de l’inventeur 2017. « En rompant avec les conventions, il n’a pas seulement offert au monde un garde-temps, il a également construit une entreprise créative à succès dans laquelle l’invention est au coeurs des activités. Il est véritablement un inventeur-entrepreneur. »

Repenser la montre
A posteriori, il paraît contre-intuitif d’envisager que quelqu’un ait pu douter des chances de succès de la montre Swatch. Pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Elmar Mock s’est confronté à un certain scepticisme lorsqu’il a présenté ses premières ébauches pour réinventer la montre-bracelet. L’ingénieur et son équipe s’attelaient en effet à un projet foncièrement nouveau dans les années 80: créer une montre en plastique, au lieu du métal, souvent précieux, normalement utilisé, et diviser pratiquement par deux le nombre de pièces nécessaires à la fabrication d’une montre, passant de 91 dans les garde-temps standards à 51 pour la Swatch.

Pour atteindre cet objectif, M. Mock a développé une nouvelle technique de fabrication basée sur le moulage par injection de certains composants de la montre et leur soudage par ultrasons pour garantir solidité et durabilité. L’ingénieur fut le premier à utiliser dans l’horlogerie cette technique d’assemblage, restreinte à l’époque à la seule production automobile. Son premier brevet pour la nouvelle montre en plastique est obtenu en 1982. Par la suite, cinq autres brevets sont venus protéger la technique de fabrication unique de la Swatch.

Repenser l’industrie
L’invention de la Swatch a non seulement constitué une étape clé dans l’histoire de l’horlogerie, mais elle a également eu un impact majeur dans l’entreprise pour laquelle Elmar Mock travaillait. « Pour la personne chaotique que je suis, la période précédant le lancement de la Swatch fût extraordinaire », assure M. Mock. « Mais par la suite, le succès de la Swatch a apporté l’ordre, les procédures, un système structuré, un environnement qui ne me convenait plus : j’ai voulu retourner dans l’innovation. » Dans tous les cas, l’esprit créatif de l’inventeur n’a pas cessé d’inspirer après son départ.

L’invention : la quête d’une vie
Elmar Mock embrasse la même carrière que son père, horloger et micro-mécanicien et prend la responsabilité des activités de moulage plastique de l’entreprise suisse ETA alors qu’il n’a que 21 ans. Après une courte interruption pour se diplômer dans l’ingénierie du plastique, il retourne chez son employeur et co-invente la Swatch. Avant même que le produit atteigne des ventes records, il est déjà à la recherche de son prochain projet.

M. Mock travaille ensuite comme consultant indépendant et conférencier universitaire avant de trouver sa vocation avec la création de sa propre entreprise de conseil, Creaholic, qu’il décrit comme l’oeuvre de sa vie. Cette fabrique à innovations développe des solutions pour plus de 200 sociétés dans plusieurs industries, allant des technologies médicales à l’agroalimentaire. Comme dans une chasse au trésor, Creaholic trouve des réponses aux problématiques spécifiques de chacun de ses clients.  » L’invention n’est pas l’objectif. Personne ne dit: Je vais inventer quelque chose. L’innovation arrive lorsque l’on cherche la meilleure solution possible à un problème « , explique M. Mock.

Plusieurs des neufs grands succès de l’entreprise trouvent leur origine de cette manière, à l’instar de Smixin, l’association de « smart » et « mixing », un système automatisé pour le lavage des mains utilisant 90% d’eau et 60% de savon en moins que les lavabos traditionnels. Smixin puise ses origines dans une solution de bec verseur conçue pour un client, qui a ensuite été utilisée dans un tout autre domaine : la conservation de l’eau. L’idée a débouché sur deux autres créations : le pommeau de douche Gjosa et le système de récupération de chaleur des eaux usées Joulia, qui permettent de réduire considérablement l’eau et l’énergie utilisées.

Même l’idée initiale du soudage du plastique par ultrasons pour les pièces de montres a trouvé de nouvelles applications, par exemple pour assembler du bois ou d’autres matières poreuses utilisées dans la fabrication de meubles ou le revêtement, commercialisées sous le nom de WoodWelding. Une autre application a été trouvée dans les implants orthopédiques des vertèbres, ce qui s’est transcrit par la creation SpineWelding. Une des dernières nées des sociétés de Creaholic est Miniswyss, qui a développé un minuscule moteur piézoélectrique utilisant les ultrasons pour faire bouger une plaque de céramique. Utilisé dans les appareils photos des smartphones pour la mise au point automatique (autofocus) et la fonction zoom, ce moteur trouve ses origines techniques dans le soudage par ultrasons.

Fondé en 1986, Creaholic emploie une cinquantaine de collaborateurs et a rempli plus de 800 missions de conseil. Son chiffre d’affaires annuel est juste en dessous des cinq millions d’euros et selon ses estimations, les idées développées par ses consultants génèrent aux alentours de 3,75 milliards d’euros de revenus pour ses clients. Creaholic a travaillé pour plusieurs sociétés, dont Würth, Ikea, Nestlé, Du Pont, Bosch, Nespresso, BMW et Roche. Les neuf entreprises issues de l’incubateur de start-up interne appartiennent aux employés.

En 2010, Elmar Mock a reçu le prix Gaïa du Musée international d’horlogerie (MIH) de La Chaux-de-Fonds pour l’invention de la Swatch (partagé avec le co-inventeur et horloger Jacques Müller)

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