« Média publics et société numérique : L’heure du grand débat » , publié aux éditions Slatkine, a été rédigé par la Prof. Dominique Bourgeois des sciences de la communication à l’Université de Fribourg Chaire, Ingrid Deltenre, CEO de l’UER et Gilles Marchand, directeur de la RTS. La coordination a été confiée au Prof. Patrick-Yves Badillo du MediaLab de l’Université de Genève. Cet ouvrage académique a été présenté hier à l’Université de Genève en présence du recteur Yves Flückiger.
Dominique Bourgeois s’est notamment attachée à analyser la nature des critiques qui sont portées contre les télévisions de service publique à propos de la distorsion de marché ou le coût élevé de production dans un contexte numérique qui fragile l’équilibre des médias. Quant à la question de monopole, le développement du câble et aujourd’hui des opérateurs OTT (Netflix) expose désormais toutes les chaînes publiques à une offre globalisée. En Suisse, où le service public tient une place prépondérante, la concurrence vient de l’extérieur » 60% du public suisse regarde des chaînes étrangères ».
La production propre est une autre des caractéristiques des télévisions de service public. Ingrid Deltenre rappelle que ce taux n’est que de 23% pour un câblo-opérateur comme Sky et de 9% pour Netflix. L’ensemble des chaînes publiques réunies au sein de l’UER produit 84% de ses programmes. Elle plaide ainsi, dans sa partie, pour une nouvelle réglementation européenne visant à accroître la mise en commun de moyens de production entre services publiques.
Gilles Marchand a quant à lui porté un regard sociologique sur la notion de service public. Il l’a notamment défini en quatre points : la singularité de sa production originale, le respect des diversités linguistiques et culturelles, son ancrage et son ouverture, sa force d’intégration et de co-existence. Enfin, il a résumé les contributions du service public à la société : assurer l’équilibre démocratique, proposer une identité partagée, offrir un espace culturel, proposer un regard permettant l’intégration, l’intégration dans la société numérique, faire perdurer le savoir-faire médiatique et en tant qu’entreprise être un acteur du bien-être économique.
Le recteur de l’Université de Genève a également rappelé que la question du service public est au coeur des préoccupations de l’Université. « La numérisation est également un défi pour le monde de l’enseignement. Nous devons aujourd’hui trouver de nouveaux modèles et être capable dans un carcan coûts-bénéfices de privilégier la recherche et la diversité. »
Le débat est ouvert…