Collectées entre septembre 2014 et septembre 2015, les données « lectorat » de la Mach Basic 2016-1 mettent en évidence les pertes sévères essuyées par les deux fleurons du groupe Ringier, Blick et SonntagsBlick, qui voit donc sa position s’affaiblir sur les marchés respectifs – au profit de Tamedia et du groupe NZZ qui grignotent ainsi quelques parts de marché. Le seul titre suisse alémanique connaissant une évolution positive significative appartient lui aussi à Ringier : Schweizer Landliebe continue sur sa lancée.
Sur les 257 titres et combinaisons de titres de Suisse alémanique référencés dans la Mach Basic 2016-1, 26 (10%) ont perdu un nombre significatif de lecteurs par rapport à l’année précédente. La presse profite donc à nouveau d’un léger répit, puisque dans la Mach Basic 2014-2, la diminution sensible du lectorat affectait 27% de l’ensemble de la presse. Le nombre de titres confrontés à de fortes pertes est en constante diminution. La situation n’en est pas moins dramatique au cas par cas : dans les titres sélectionnés pour le tableau ci-joint, les baisses significatives du nombre de lecteurs vont de – 5,1% (Das Magazin) à – 23,2% (Joy). En chiffres absolus, les pertes sensibles commencent à 18 000 (KMU-Magazin) pour plafonner à 86 000 lecteurs (SonntagsBlick). Joy, SonntagsBlick et PC-Tipp sont particulièrement affectés, enregistrant pour la quatrième fois consécutive une forte diminution de leur lectorat. En trois ans, SonntagsBlick a donc perdu 199 000 lecteurs (- 24%), l’audience de PC-Tipp a baissé de 31% (- 95 000 lecteurs) et celle de Joy a pratiquement diminué de moitié : 48% ou 55 000 lecteurs.
Landliebe est le seul à progresser
Mais on compte aussi 63 journaux et magazines connaissant un certain essor, si infime soit-il. Il est rare par contre que le nombre de lecteurs augmente de manière significative : seul Schweizer Landliebe, titre créé par Ringier en 2011, peut se targuer, pour la cinquième fois consécutive, d’un lectorat en nette augmentation (+ 65 000 lecteurs, soit + 12%).
Les gratuits 20 Minuten et Blick am Abend sont en perte de vitesse (le recul étant même important pour le premier) : depuis 2013, les deux titres ont globalement perdu 241 000 contacts quotidiens (- 10%). Étant donné qu’en raison d’une panne chez Net Metrix, l’étude Total Audience n’a pas été publiée en même temps que Mach Basic, il est encore impossible de dire si le secteur en ligne aura permis aux deux titres de compenser leurs pertes dans le domaine imprimé. Mais cela est tout à fait envisageable, à en croire des études antérieures.
Quotidiens : part de marché d’environ 50% pour Tamedia
Par contre il est impossible, à l’heure actuelle, de se prononcer pour les journaux payants. Dans la majorité des cas, cette compensation semble même improbable. Une chose est certaine : bien que Blick soit récemment passé en dessous de la barre des 600 000 lecteurs, il reste de loin le plus grand quotidien payant de Suisse alémanique. Les autres titres demeurent relativement stables. Mais depuis l’étude 2013-2, tous les quotidiens mentionnés dans le tableau ont globalement perdu 279 000 contacts, soit 8% de l’audience totale. Fait intéressant, si l’on se réfère au nombre de contacts (presse gratuite comprise), Tamedia détient près de 50% du marché, le groupe ayant même légèrement progressé dans la catégorie Quotidiens (de 46 à 47%).
Pendant la même période, les titres du groupe NZZ sont passés de 14 à 16%, la Basler Zeitung est restée stable (2%) en dépit du recul de son lectorat, alors que Ringier a perdu deux points et ne génère plus qu’un petit quart de tous les contacts dans la catégorie Quotidiens (24%). Cumulés, Nordwestschweiz et Südostschweiz arrivent tout juste à 10% (- 1%).
Le groupe NZZ en tête le dimanche
La situation est différente le dimanche : SonntagsBlick demeure de justesse le numéro un devant la SonntagsZeitung à laquelle il ne manque désormais plus que 12 000 lecteurs pour rattraper le journal de Ringier. La lutte sur le marché publicitaire n’en est que plus ardue, d’autant plus que le « Sonntagspool » regroupant NZZ am Sonntag, Ostschweiz am Sonntag et Zentralschweiz am Sonntag est la combinaison dominicale fédérant de loin le plus de lecteurs (707 000). En trois ans, la presse dominicale a globalement perdu 300 000 contacts (- 11%).
Ces trois dernières années, de nets décalages sont venus redistribuer les parts de marché du dimanche : alors que Ringier dominait le marché en 2013 avec une part de 31%, il est retombé à 27%, coiffé sur le poteau par le groupe NZZ (32% contre 26% auparavant). Tamedia a pu se maintenir à 26%, Schweiz am Sonntag (AZ Medien et Somedia) atteignant 15%.
La majorité des contacts économiques revient à Tamedia
La presse économique et la presse féminine/de santé sont les plus affectées par le recul du nombre de contacts, la baisse étant de 19% par rapport à 2013. Côté presse économique, on retrouve Tamedia en tête du peloton, avec désormais 51% de contacts contre 44% il y a encore trois ans. Quant aux titres d’Axel Springer, ils ont reculé de 37 à 29% alors que Kimedia (K-Geld) et KMU-Magazin se maintiennent respectivement à 15 et 5%. Et si l’on inclut NZZ dans la presse économique, la répartition des parts de marché est encore différente : NZZ se retrouve en première position avec 37%, suivi par Finanz und Wirtschaft (36%), les titres d’Axel Springer représentent 19%, Kimedia et KMU-Magazin détenant chacun 4% de parts de marché.
Le Teleclub Magazin (Swisscom) n’est plus référencé dans la catégorie des programmes car l’audience n’est plus communiquée. Par contrecoup, TVStar et Tele (Axel Springer) cumulent ensemble 52% de parts de marché pour les magazines de programme pris en compte, TV Täglich (Ringier) et Tamedia représentant à eux seuls 48%.