Qui dit mieux ? D’autant que le business modèle a toujours fermé la porte aux revenus publicitaires. « Il ne s’agit pas d’une posture idéologique. Mais force est de constater que la destruction de valeur de la publicité online ne profite qu’à un seul acteur : Google. Nous n’avions aucun intérêt à entrer dans cette course. » Résultat, ici ce sont les abonnés qui font vivre le site. 76’000 personnes qui déboursent 9€ par mois ou 90€ par an. Un revenu fixe qui a permis de passer d’une rédaction initiale de 29 collaborateurs (25 journalistes) à 46 (31 journalistes). « Nous avons été les premiers à défendre l’idée que l’information online avait un prix. A l’époque de notre lancement, un tel propos était une hérésie. Les faits nous ont donné raison, tous les éditeurs qui sont tombés dans le piège de la gratuité cherchent désormais à monétiser leurs sites, notamment via un paywall. »
Un bon business plan ne saurait toutefois garantir le succès. Quel est le secret de Médiapart ? « Nous ne nous considérons pas comme un média de niche, mais comme un laboratoire qui démontre jour après jour qu’il y a un public pour de la plus-value journalistique : de l’enquête, de l’analyse. » Les affaires Bettencourt et Cahuzac auront été d’extraordinaires leviers. « Nous avons simplement fait notre travail. Le journalisme doit être au service des idéaux démocratiques. D’où notre slogan : l’info part de là ! »
Autre élément déterminant qui a contribué à porter la marque Mediapart : le club des abonnés. « Nous ne pouvions être sur le web et continuer à nous comporter comme un journal classique. Nous avons souhaité que le public puisse participer. L’échange avec notre communauté est constant, enrichissant et fidélisant. »
Un tel modèle pourrait-il être suivi en Suisse romande ? Louis Ruffieux, rédacteur en chef de La Liberté, a répondu à cette question lors de la table-ronde qui a suivi: « Compte tenu de la taille de notre marché, un tel site ne compterait pas plus de 1’700 abonnés romands. Et puisque notre actualité franchit déjà mal les frontières cantonales, espérer toucher la francophonie relèverait de l’utopie. »