Le magazine des Romands s’est toujours voulu transgénérationnel. Et pour continuer à toucher des publics aux intérêts et aux codes différents, la rédaction a entamé une profonde réflexion qui, aujourd’hui, prend la forme d’une nouvelle maquette. La prochaine étape est la refonte de l’offre digitale à 360°. Son rédacteur en chef, Michel Jeanneret, nous en parle.
Le message de l’édito est clair : « Ce n’est pas parce que l’on a presque 100 ans qu’il ne faut pas soigner son apparence ». En effet, pour Michel Jeanneret, la forme est aussi importante que le fond et qu’on ne vienne pas lui dire que c’est parce que L’Illustré n’est qu’un magazine divertissant. « Tout le travail de la rédaction est tourné vers l’objectif de faire un journalisme d’enquête de qualité. » Loin du segment « People », L’Illustré a réussi à se créer un ancrage local qui permet de mettre en avant des gens d’ici tout en les faisant cohabiter avec des événements de là-bas. « Notre mission est de révéler des personnalités. » Et par ricochet de prouver à la Suisse romande que si elle n’a pas beaucoup de stars, elle a un réservoir inépuisable de gens qui ont quelque chose à dire.
Rajeunir le lectorat
Côté audiences, il en va de même qu’avec les êtres humains : elles vieillissent. L’enjeu consiste dès lors à savoir se renouveler en agrégeant de nouvelles cibles sans perdre les anciennes. Et pour intéresser les Millenials, la première édition de la nouvelle version s’offre un méga-sondage réalisé auprès de 810 Romands âgés de 18 à 30 ans (génération Y). De quoi intéresser les 14-34 ans qui représentent 22% du lectorat, contre les 35-44 ans (30%) et les 55 ans et plus (49%) (erreur de chiffre : soit 35-54 soit 45 et plus). La nouvelle maquette traduit aussi ce besoin de transversalité générationnelle en faisant alterner des sujets à la mise en pages classique avec d’autres au design plus rythmé, voire des infographies.
Une nouvelle maquette à point nommé
Au-delà de la question de repositionnement, L’Illustré se devait de marquer le terrain. La fin de L’Hebdo, un autre titre de Ringier Romandie, lui a redonné un peu plus d’espace éditorial. Par exemple, si le sujet sur la jeune actrice valaisanne Noémie Schmidt est bien dans sa ligne, celui consacré au plasticien chinois Ai Weiwei aurait été certainement du ressort du titre « Bon pour la ( ?)Tête ».
Cet élargissement est nécessaire si l’on veut attirer l’audience de L’Hebdo, qui semble s’être évaporée dans la nature. La vague d’analyse Mach Basic 2017-2, qui couvre la période d’octobre 2016 à mars 2017 (soit trois mois suivant la fin de L’Hebdo, fermé en mars 2017), annonce pourtant une perte de lectorat pour L’Illustré de 14’000 lecteurs. Qu’en conclure ? Tout d’abord qu’il n’y a pas encore eu de report. Adviendra-t-il ? Ensuite, force est de constater que l’audience traditionnelle du titre s’érode et que pour la première fois dans l’histoire de L’Illustré, l’on passe sous la barre fatidique des 300’000 lecteurs (précisément 294’000). Pas de quoi paniquer pourtant : en 10 ans, L’Illustré n’a perdu « que » 59’000 lecteurs, là où d’autres titres comme le Matin Dimanche ont vu leur audience fondre de 300’000 lecteurs. Toutefois, il est impératif d’aller séduire les anciens lecteurs de L’Hebdo. De là à en conclure que cette nouvelle maquette vise ce but plutôt que de séduire les Millenials, il n’y a qu’un pas que certains ne manqueront pas de franchir.
Monétisation de l’audience en ligne
Qu’en est-il des audiences en ligne ? Pour les magazines, le site n’a pas la même fonction que pour les quotidiens. La stratégie qui est en train de se mettre en place vise la multiplication de points de contact (réseaux sociaux, vidéo) afin de créer une proximité constante avec la marque. « Nous avons ouvert un forum sur Facebook, dont le but est de réunir une communauté active autour du titre et qui fonctionne comme un réservoir de contenus et comme un relais multiplicateur. » Le rapprochement avec le Digital Lab du Temps va permettre de créer un contenu spécifique pour tous les supports online. « Maintenant que nous avons revu la version papier, nous allons pouvoir nous atteler au chantier numérique ».
Le Nouvelliste se remet également au goût du jour
Nouvelle maquette, application enrichie d’un nouveau fil de news avec notamment le suivi d’événements en direct, le Groupe Rhône Médias qui fait partie de ESH Média a décidé d’investir afin de proposer un titre plus à l’écoute de son public. Comme pour L’Illustré, la nécessité de toucher tous les publics sur tous les supports existants a amené la rédaction sédunoise a entamé un travail de fond qui se traduit par un journal plus élégant et surtout plus dynamique.
L’enjeu est important : le marché valaisan est le plus important pour ce groupe, qui a annoncé la construction d’une imprimerie pour ses titres (Le Quotidien de la Côte, L’Express, L’Impartial) pour janvier 2019. La stabilité des audiences print de ces titres régionaux prouve que ce segment de presse a su résister aux gratuits et qu’elle a su s’adapter au numérique. [/ASIDE]