Les Chiffres

Presse alémanique : Mach3 2014-2

Dans le monde de l’édition, lorsque sur 240 titres de Suisse alémanique qui participent à Mach 3 2014-2, 42 essuient une perte significative de lecteurs, cela équivaut à un violent tremblement de terre. Il est intéressant de constater que tous les types de titres sont concernés : aucune tendance générale ne se dégage. Une chose est certaine : le recours au numérique ne suffit pas à compenser ces pertes, tout du moins en ce qui concerne les magazines.

Force est de le reconnaître : le déclin de la presse écrite est particulièrement évident en Suisse alémanique. En effet, sur les 240 titres et titres combinés de langue allemande participant à Mach 3 2014-2, 42 enregistrent une perte de lecteurs significative par rapport à l’année précédente – malgré une légère croissance démographique de 38 000 personnes parlant la principale langue nationale. Les pertes se situent entre -5,1% et -25,9 % pour les titres figurant dans le tableau ci-contre. Aucune maison d’édition importante, aucun segment de presse (pas même la presse gratuite) n’y échappe. Landliebe de chez Ringier est le seul et unique magazine qui continue de se développer fortement : il a touché dernièrement 540 000 lecteurs, soit 140 000 personnes ou 35 % de plus qu’il y a encore 12 mois. L’ampleur des dégâts est quelque peu déconcertante.
Toutefois, la REMP nous a confirmé le bien-fondé de nos interrogations : de manière générale, il n’y a pas d’erreur. Harald Amschler, directeur de la recherche chez REMP, attire l’attention sur le fait que l’ampleur des variations du taux de pénétration dans la dernière étude n’est pas si exceptionnelle. Les comparaisons effectuées sur deux ans entre les taux de pénétration de la MACH Basic 2008-2 et ceux de la MACH Basic 2007-2 auraient également révélé des reculs significatifs de nombreux titres de Suisse alémanique ; de fait, 38 titres et titres combinés avaient subi des pertes importantes, alors que huit titres avaient enregistré une augmentation de leur taux de pénétration. Le constat de la REMP est inquiétant : si la presse écrite perd régulièrement un taux de pénétration significatif, il n’est alors plus possible de parler d’un lent déclin.

Pour preuve, le fait que plusieurs titres sont en-dessous des principaux seuils psychologiques. Trois des quatre titres de magazines de presse économique touchent désormais moins de 100 000 lecteurs, et le quatrième, Bilanz, s’approche dangereusement de ce chiffre. Il en est de même pour les magazines de télévision : le supplément TV täglich tombe chaque jour en dessous des 600 000 lecteurs, Tele sous les 400 000 et TVStar sous les 200 000. D’autres magazines connaissent le même sort : Das Magazin a touché dernièrement moins de 600 000 lecteurs, Glückspost et Schweiz am Sonntag moins de 400.000, PC-Tipp moins de 300 000 et Joy moins de 100 000. Trois de ces titres ont été particulièrement touchés : TVStar perd plus d’un quart de ses lecteurs habituels, et Joy et Handelszeitung ont perdu 22 % de leur lectorat.

Quant aux journaux gratuits, Blick am Abend y a clairement laissé des plumes : 43.000 personnes qui lisaient le journal il y a encore un an s’en sont lassées. Ce qui n’est pas une surprise, vu les nombreux exemplaires qui restent dans les distributeurs. Quant aux quotidiens avec abonnement, force est de constater que la NZZ accuse une perte de plus de 11 % et que Blick et Tages-Anzeiger enregistrent des baisses légèrement inférieures. Il est toutefois fort possible que ces trois titres aient pu jusqu’à ce jour compenser leurs pertes grâce aux lecteurs en ligne (cf. Cominmag Juin 2014). Toutefois, seule l’étude Total Audience 1.4 sera à même d’apporter un véritable éclairage sur ce point, au printemps prochain.

La presse régionale difficilement comparable
Pour les quotidiens, la difficulté à comparer de nombreux résultats est imputable à divers changements. Ainsi, Südostschweiz a perdu il y a quelques mois plusieurs de ses petits journaux partenaires du St. Galler Tagblatt et du Neue Luzerner Zeitung, ce qui a créé une nouvelle situation ayant un fort impact sur les éditions dominicales respectives. Il en va tout autrement pour la Basler Zeitung (BaZ) : elle a mis fin l’an passé à son édition dominicale, recensée par la REMP non pas comme une édition distincte mais comme une septième édition. C’est pourquoi, pour la première fois depuis de nombreuses années, nous disposons d’un taux de pénétration non falsifié (117 000 lecteurs) de ce journal qui paraît tous les jours, sauf le dimanche. Chiffre record actuel, le plus bas de l’histoire du journal, dont Christoph Blocher, copropriétaire et conseiller national UDC, est le seul responsable. Au cours des dernières années, ses positions comme celles de son rédacteur en chef Markus Somm ont divisé leur lectorat.

Sur le marché des éditions dominicales, un nouveau titre est apparu – Ostschweiz am Sonntag (OaS) qui est enregistré pour la première fois. Mais manque de chance : au lieu des 200 000 lecteurs initialement attendus, le journal touche à peine plus de la moitié, à savoir 109 000 lecteurs, résultat qui a eu un impact négatif sur Sonntagspool, la combinaison de tous les journaux dominicaux au sein du groupe NZZ. Cette combinaison aurait dû devenir le numéro un sur le marché des éditions dominicales ; avec 693 000 lecteurs, il n’arrive qu’en deuxième position derrière SonntagsBlick (631 000 lecteurs). Il a quand même pu nettement distancer le SonntagsZeitung (631 000 lecteurs). D’un autre côté, ce dernier est le seul grand journal dominical qui a su tant bien que mal rester stable, notamment grâce aux augmentations enregistrées à Berne et à Bâle. Ceci s’explique sans doute par le fait que des abonnements à un tarif fortement réduit ont été proposés aux lecteurs du quotidien Der Bund, ainsi qu’aux anciens abonnés à l’édition dominicale du BaZ qui a été arrêtée.

Mach3SA_2014-2

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