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Prévisions économiques à la baisse pour 2022

L’économie suisse a connu une contraction de son activité plus limitée en 2020 que dans les pays développés en raison de sa structure davantage orientée vers le secteur de la chimie-pharma et moins exposée aux secteurs intensifs en contact humain comme l’hôtellerie-restauration. Après une forte reprise en 2021 induite par les progrès de la vaccination en Suisse et dans ses principaux pays partenaires commerciaux, l’Institut CREA de l’Unil prévoit un ralentissement conjoncturel en 2022 et 2023. L’émergence de nouveaux variants favorisée par l’accès inégal à la vaccination entre pays à revenu élevé et faible devrait en être la cause. Après avoir enregistré une hausse de 3.6% en 2021, le produit intérieur brut (PIB) ne devrait augmenter que de 2.3% en 2022 et de 1.6% en 2023. Ce ralentissement pourrait s’avérer nettement plus grave en cas d’incapacité des gouvernements des économies développées à limiter la propagation du virus sans porter atteinte à l’activité économique.

Selon les dernières estimations du SECO, le PIB réel de la Suisse s’est contracté de 2.4% en 2020 par rapport au niveau de 2019. On observe que l’économie suisse a mieux traversé la crise du COVID-19 que les principales économies développées.Plusieurs raisons liées à la structure de l’économie suisse expliquent sa résilience en comparaison internationale (cf. tableau 1). Premièrement, l’activité de son industrie manufacturière a connu une diminution plus faible. Elle s’est réduite de 3.0% en Suisse, alors qu’elle s’est contractée d’un peu plus de 10% en Allemagne, en France et en Italie. Le secteur de la chimie-pharma suisse qui concentre un peu plus d’un tiers de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a contribué à limiter sa contraction en enregistrant une croissance positive en 2020 à 4.6%.

Le retour à la croissance en 2021 en Suisse s’explique par la dynamique de sa demande intérieure, principalement en raison de la forte croissance de la consommation des ménages. Alors que la mise en place de mesures d’endiguement de la pandémie de COVID-19 ainsi que la crainte de la population d’être infectée ont été les principaux moteurs de la récession, la reprise économique en 2021 est portée par les progrès de la vaccination, en particulier parmi les personnes les plus vulnérables. Le taux de personnes entièrement vaccinées dans la population a atteint 66.1% à la fin du mois de novembre contre 21.9% six mois plus tôt. L’accélération du nombre de personnes protégées contre la contamination du virus a permis d’une part aux autorités cantonales et fédérales d’assouplir les mesures de restriction, et d’autre part, à la population de réduire la distanciation sociale. Grâce à ces deux facteurs, la consommation privée devrait enregistrer une croissance de 2.8% sur l’ensemble de l’année 2021 après une contraction de 3.7% en 2020.

Ralentissement anticipé
La forte reprise économique que nous observons en 2021 devrait laisser place à un ralentissement modéré de l’activité économique en Suisse en 2022 et 2023. Après avoir enregistré un taux de 3.6% en 2021, la croissance du PIB réel devrait se situer à 2.3% en 2022 et décélérer encore à 1.6% en 2023. Cette prévision repose sur trois hypothèses centrales.

•Selon la première, l’accès inégal à la vaccination entre pays à revenu élevé et à revenu faible favoriserait l’émergence de nouveaux variants potentiellement plus contagieux et résistants aux vaccins. La propagation de ces nouveaux variants parmi les populations des pays développés entraînerait alors une augmentation du nombre de nouveaux cas avec comme conséquence potentielle une surcharge de leurs systèmes hospitaliers.

•La seconde se traduit par un fléchissement de dynamique de l’économie mondiale et du commerce international en 2022. La croissance des exportations suisses de marchandises devrait de ce fait ralentir en enregistrant une croissance modérée à 3.8% (contre 7.8% en 2021). Outre l’évolution plus faible de l’activité mondiale, le franc suisse devrait légèrement s’apprécier en terme nominal effectif en raison l’incertitude grandissante sur la capacité des gouvernements de économies développées à limiter la propagation du virus sans péjorer l’activité économique.

•La troisième hypothèse sous-jacente à notre scénario de base est que la situation sanitaire en Suisse permette au Conseil fédéral et aux gouvernements cantonaux d’adopter une stratégie d’endiguement de la propagation des nouveaux variant plus libérale et donc moins pénalisante pour l’économie helvétique que ce qui est observé dans les autres économies développées. Ainsi, la consommation des ménages ne devrait pas être entravée par des mesures de restriction et devrait enregistrer une croissance en 2022 (3.7%) supérieure à celle de 2021 (2.8%).

Victoria Marchand

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