Inteviewés :
Lara Crawshaw (LC) – Elle a été engagée chez De Brain.
Jérémie Braun (JB) – New Media Art Director au Vietnam
Gwendolyn Muller (GM) – DA junior chez MCI à Genève
Antoine Karpat (AK) – (CR) vient de terminer CREA, en binôme chez CLM BBDO / Paris
Emile Martin (EM) – (DA) en binôme chez CLM BBDO / Paris
Tiffanie Boner, Motion Designer chez Neo Advertising
1) En quelle année avez-vous débuté l’école CREA ?
LC : Avril 2009.
JB : En 2008.
GM : J’ai débuté ma formation à l’école CREA en 2008, au sein de la première volée, et l’ai achevée en 2011 avec l’obtention de mon Bachelor.
AK : En 2009.
EM : Avril 2009.
TB : J’ai commencé CREA pour la première volée en avril 2008
2 ) Pourquoi avoir choisi cette formation ? Intérêt pour la publicité, ne savait pas quoi faire, autre… ?)
LC : Ma première idée était de me diriger dans une formation supérieure en communication dans le domaine du luxe. J’ai découvert CREA et sans hésiter, j’ai voulu faire partie de cette école.
JB : L’envie de partager mes idées et d’avoir un large public à qui les montrer.
GM : Mon choix s’est porté sur cette formation car elle semblait correspondre à mes attentes. À l’époque, je suivais un cursus universitaire dans le cadre de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation en deuxième année à l’Université de Genève, lorsque j’ai appris que l’école CREA allait ouvrir ses portes. Après m’être renseignée sur la teneur du programme proposé, avoir assisté à une séance d’information et en avoir discuté avec certains acteurs de la communication, j’ai décidé de croire en cette structure et de participer au processus de sélection afin de me lancer dans l’aventure. CREA m’offrait ce que je recherchais depuis ma sortie du collège : une formation professionnalisante dispensée par des professionnels à travers un enseignement alliant créativité et théorie et préparant à la direction artistique, autrement dit, à la création en communication.
AK : Après des études en droit à l’Université de Genève, j’ai décidé de changer d’orientation. Je cherchais une activité qui permettrait de m’exprimer à travers mes centres d’intérêts. C’est ainsi que j’ai découvert, un peu par hasard, le métier de concepteur-rédacteur.
EM : A Genève, l’obtention de la maturité gymnasiale augure souvent d’une suite universitaire. N’étant que peu enthousiaste à l’idée de me replonger dans une formation ultra théorique et conventionnée, j’ai jeté un œil à quelques écoles alternatives et j’ai complètement adhéré au concept de CREA : l’alternance de la théorie et la pratique et le fait que les cours soient dispensés par des professionnels actifs, qui permet d’être en constante connexion et adéquation avec le monde du travail. Ce qui manque encore cruellement dans de nombreuses formations « classiques ».
CREA était pour moi l’opportunité de donner une nouvelle direction à mes connaissances scolaires en matière d’économie et de communication orale. Au Collège, j’avais déjà tendance à gribouiller sur le coin des feuilles d’examens, je me suis donc laissé dire qu’il y avait déjà une petite fibre créative en moi…
TB : J’ai choisi l’école CREA après avoir obtenu ma maturité artistique au Gymnase de Nyon. Je voulais continuer une formation artistique et surtout pouvoir me plonger rapidement dans le milieu professionnel.
Le programme présenté par CREA (avec des intervenants de qualité ainsi que de nombreux Workshops et stages) m’a donc tout de suite séduite.
3) Vous attendiez-vous à une formation plus pub que digitale ou l’inverse ?
LC : Je m’attendais à une formation plus pub, mais aujourd’hui le digital fait partie intégrante de la publicité.
JB : Je m’attendais à un juste milieu. Le digital offre de larges possibilités créatives pour communiquer, il n’a pas de limite. C’est pourquoi on ne peut plus parler de pub sans digital.
GM : Au-delà d’une quelconque question de clivage pub/digital, je m’attendais surtout à accéder à un programme qui forme de manière globale à la création en communication et qui puisse m’ouvrir un horizon professionnel « multidirectionnel ». Libre à moi ensuite d’affiner mon orientation vers un secteur particulier en fonction de mes connivences, de mes capacités et de mes expériences. Le digital et la pub devaient donc, au même titre, faire partie intégrante de l’enseignement dispensé.
Aujourd’hui, si l’on considère la place que le digital occupe dans le paysage de la communication, cela représente une grande évolution par rapport à 2008, lorsque j’ai débuté ma formation. Par conséquent, à l’heure actuelle, il est certain que je m’attendrais à suivre une formation qui soit d’avantage teintée de digital. Je pense même que je m’orienterais vers le Bachelor en Digital.
CREA est une structure qui se doit de rester flexible en adaptant continuellement son programme afin de correspondre au mieux aux besoins et aux attentes du marché, de sorte que les étudiants qui sortent de son cursus disposent du bagage approprié.
AK : À vrai dire, je m’attendais à une formation publicitaire plus traditionnelle, mais le fait de prendre le train du digital en marche m’a réellement ouvert de nouvelles possibilités. De plus, de nos jours, il est impossible de s’en passer, la publicité étant dans un tournant grâce à ces nouveaux médias. C’est donc une excellente nouvelle pour le secteur, car une nouvelle génération de « créatifs » est en marche.
EM : Dès les premiers cours à CREA en 2009, le digital était sur toutes les lèvres. On comprenait que la communication était à un tournant et que les nouvelles technologies allaient bouleverser le métier. Mais je crois que personne ne s’attendait à ce que son évolution soit aussi vertigineuse et, surtout, à ce que les consommateurs s’y adaptent aussi vite.
Paradoxalement, l’évolution s’est faite assez naturellement à CREA. Rapidement, la majorité des modules de cours se sont adaptés et ont commencé à intégrer de plus en plus de digital dans nos cours et workshops. Des intervenants de divers horizons professionnels viennent régulièrement partager leur vision et leurs expériences face à cette « transition continue ». Cela nous permet d’avoir un aperçu global et réaliste des nouvelles perspectives qui s’ouvrent aux créatifs et aux communicants en général.
Le digital faisant aujourd’hui partie intégrante de la réflexion publicitaire, c’est un gros enjeu et une véritable chance pour tous les futurs créatifs qui débarquent sur un marché saturé. Je me souviens des paroles d’un Directeur de Création de TBWA Bruxelles, lors d’une visite avec CREA : « Quand je reçois un book, je veux découvrir quelque chose que je n’ai encore jamais vu ; si vous faites le boulot que mes créatifs savent déjà faire, je n’ai pas besoin de vous… ».
Ça tombe bien, il reste encore pas mal de choses à faire en matière de digital… Bien sûr, une super idée print dans un book peut encore scotcher un Directeur de Création, mais je pense que c’est bel et bien en misant sur notre capacité à réfléchir 360° et à intégrer systématiquement le digital à des idées impactantes qu’on peut démontrer toute notre fraîcheur et faire la différence.
TB : Je m’attendais à une formation très axée pub et non digitale. Mais je suis ravie d’avoir eu des cours qui me permettent maintenant d’être tout autant à l’aise avec le digital car c’est indispensable de nos jours.
4) Aviez-vous en tête dès le départ vers quel secteur vous vouliez-vous diriger ? En quoi cette école vous a-t-elle aidé à trouver votre voie ?
LC : Je voulais me diriger dans le domaine du luxe. Je pense que CREA m’a permis d’acquérir les outils nécessaires grâce aux cours mais surtout grâce aux périodes de stage.
JB : Je pensais me diriger dans la publicité. L’école m’a donne les outils pour y arriver.
GM : Pour ma part, je dois dire que je ne savais pas dès le départ quelle allait être mon orientation finale, mon but était de pouvoir apprendre et tirer un maximum de l’enseignement qui allait m’être dispensé.
Grâce à la formation didactique, à l’expérimentation (deux périodes de stage incluses dans le cursus) et à la rencontre avec des professionnels aguerris qui nous instruisent, partagent leurs expériences et nous aiguillent, j’ai pu approfondir et découvrir certains secteurs dont je n’avais qu’une vague idée. C’est d’ailleurs suite à ma rencontre avec Sophie Delétraz, Creative Director chez MCI Group, et Suzanne Fellay, Strategic Communication Director chez MCI Group, qui ont dispensé un module de cours sur l’événementiel, que j’ai pu effectuer mes premiers pas dans ce domaine. Elles m’ont offert la possibilité de réaliser un stage chez MCI Group, où je suis actuellement employée.
AK : Dès le début de mes études, je me suis intéressé aux marques. Je ne savais juste pas quelles étaient les opportunités sur le sujet. CREA Genève m’a permis de mettre en application toutes les choses que j’aime : écrire, être au courant des dernières technologies, créer des concepts de campagnes et réfléchir pour le compte des marques. Le digital est arrivé naturellement au croisement de tout cela et cette école a réussi à révéler ce qui se cachait en moi.
EM : Dès le début de CREA, j’ai rapidement su que je me dirigerai dans la création publicitaire en agence, en tant que directeur artistique – sans en oublier pour autant mon goût pour les mots.
De la conception à la réalisation d’une campagne, c’est tout simplement génial et unique de pouvoir toucher à une telle multitude de domaines dans le cadre d’un seul et même métier. Conception, stratégie, marketing, audiovisuel, webdesign, graphic design, PAO, sémiotique, rédaction, etc. Simplement passionnant.
C’est en quelque sorte le métier rêvé. Tout le monde a des idées, mais tout le monde n’a pas les moyens de les exprimer de manière optimale. Notre job est d’exploiter tous les outils nécessaires pour leur donner la plus belle forme et les faire vivre au maximum de leur potentiel. Que ce soit dans le cadre de la com ou dans notre vie privée, c’est un atout inestimable.
TB : Non, au départ tout était très vague pour moi et c’est le premier stage que j’ai réalisé chez Freestudios qui m’a permis de trouver non seulement ma voie mais aussi ma passion : le Motion Design.
5) Pensiez-vous pouvoir trouver des stages ou un job en Suisse ?
LC : Je pense pouvoir trouver des stages en Suisse plutôt facilement. Et en ce qui concerne un job, cela dépend de l’expérience acquise durant les 3 années. Ayant de bons retours suite à mes stages, je suis plutôt confiante.
JB : Oui, par contre vu la taille du marché je savais que ça ne serait pas facile.
GM : L’espoir de parvenir à trouver tant des stages qu’un job en Suisse est inhérent au fait que l’on s’engage dans une telle formation. Je ne pense pas que vous pourriez trouver des candidats prêts à s’engager à perte, surtout lorsqu’il s’agit d’un investissement financier personnel conséquent.
AK : Honnêtement, je pensais que cela serait difficile. Au final, ce ne fut pas si compliqué même si les places sont limitées. Il faut être prêt au niveau de son « book » pour faire la différence auprès des agences.
EM : N’appartenant qu’à la 2e volée de CREA, personne ne savait vraiment ce qui nous attendait. Les CREA 1 venaient de débuter leur stage et on savait que les places étaient chères : en Suisse, d’une part, où les opportunités en matière de création publicitaires sont limitées, et à l’étranger d’autre part, où la compétition est rude au vu du nombre d’écoles – dont certaines de très haut niveau – qui forment des futurs créatifs. Et sans oublier la crise, qui a fait très mal dans de nombreux secteurs de la communication.
En réalité, je pense que c’est ce qui a dopé la motivation de tout le monde. Chacun a bossé dur pour que son dossier et surtout son book soient à la hauteur. CREA, c’est une bande de potes continuellement en compétition. Une compétition saine et constructive, où tout le monde se pousse vers le haut.
TB : Je savais que ça allait être compliqué car il n’y a pas beaucoup de places dans ce secteur en Suisse et que la concurrence y est rude mais ça m’a justement motivée à faire un bon dossier ( book, site etc…) pour être prise.
6) Qu’en a-t-il été (stages + job) ?
LC : Mon premier stage je l’ai fait chez Vogue Paris. Je l’ai obtenu grâce à une offre spontanée. Ce stage s’est super bien passé et m’a ouvert beaucoup de portes. J’ai commencé mon deuxième stage chez Condé Nast international à New York, mais j’ai voulu me diriger dans un domaine différent pour acquérir une expérience supplémentaire dans le monde du travail. J’ai alors terminé ma période de stage dans une boite de branding/marketing, DËBRAIN (hellodebrain.com), où aujourd’hui je suis employée en tant que directrice artistique junior.
JB : J’ai réalisé mon premier stage chez JWT Zurich : une révélation en quelque sorte. Cela a confirmé mon choix de continuer dans la communication et particulièrement la publicité.
Ensuite je suis parti à Hambourg chez Jung von Matt (Alster), et là j’ai vraiment pu me lâcher sur le plan créatif et surtout me familiariser avec les nouveaux médias.
Après j’ai travaillé un moment à Bern et maintenant je suis directeur artistique en nouveaux médias au Vietnam.
GM : Dans le cadre de mon cursus à CREA, j’ai eu la chance de pouvoir trouver des places de stage très différentes l’une de l’autre, ce qui m’a permis de diversifier mon expérience.
J’ai débuté par une expérience d’une durée de 4 mois à Paris dans une agence de communication visuelle, nommée Assouline Media, sur la Place Vendôme à Paris, qui alimente également et gère un site web dédié au luxe. J’ai ensuite poursuivi, comme déjà mentionné, par l’exploration du secteur de l’événementiel avec un second stage de 8 mois chez MCI Group à Genève où je travaille actuellement.
AK : Ils se sont toujours bien déroulés et nous ont permis de mettre en application ce que nous avons appris à CREA Genève. Nous sommes arrivés avec une base solide et nous en apprenons tous les jours. D’ailleurs, nos compétences ont permis de transformer notre stage à Paris en contrat à durée indéterminée.
EM : BBDO, TBWA, BETC, DDB, Y&R, Euro RSCG, McCann, Saatchi&Saatchi,… Les plus grands réseaux mondiaux ont déjà reçu des stagiaires CREA dans différentes villes, dont certains ont débouché sur des contrats fixes. Joli palmarès pour l’école, sans parler de celles et ceux qui se sont reconverti(e)s avec succès dans d’autres domaines : chez Vogue, ELLE, MCI,…
Le label Swiss Made s’exporte plutôt bien…
Pour ma part, j’ai fait mes premiers pas chez les grands lors d’un stage de 4 mois chez Euro RSCG Genève (qui deviendra Havas Worldwide Genève d’ici la fin de l’année) dont je salue l’équipe, qui a énormément compté dans mes progrès et mon parcours actuel. Mon deuxième stage s’est déroulé à Paris chez CLM BBDO, qui a débouché sur un contrat à durée indéterminée.
TB : J’ai effectué mon premier stage chez Freestudios et ça c’est très bien passé. J’étais très contente de cette première expérience qui m’a permis de réaliser un film pour mon travail de stage et cela m’a beaucoup appris.
Le deuxième stage, je l’ai fait chez Neo Advertising. J’ai beaucoup évolué durant cette période où j’ai pu me perfectionner dans le Motion Design. Lorsque mon stage touchait à sa fin, on m’a proposé un poste de Motion Designer (que j’occupe actuellement) et j’en suis ravie.
7) La réalité du marché en Suisse comme à l’étranger correspond-elle à ce à quoi vous vous attendiez?
LC : Très franchement, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Grâce à nos périodes de stage, on se retrouve directement immergé dans le monde du travail, ce qui nous permet d’être mieux préparer à la réalité du marché.
JB : Pour ce qui est de l’étranger ça a confirmé mes attentes, que ce soit par le nombre de postes à pourvoir, l’utilisation de nouvelles technologies ou par la qualité créative des campagnes. Par contre, le marché suisse a encore beaucoup de chemin à faire.
GM : En ce qui concerne la réalité du marché à l’étranger, je peux difficilement me prononcer car je n’y ai pas vraiment été confrontée, hormis le stage que j’ai effectué à Paris.
En Suisse, bien que nous ayons la chance de pouvoir bénéficier d’une situation un peu plus stable que dans d’autres pays, trouver du travail, tous secteurs confondus, reste actuellement une tâche qui peut se révéler difficile. En effet, il ne suffit généralement pas d’envoyer un ou deux CV, mais nécessite une certaine pugnacité, surtout dans le domaine de la communication. C’est pourquoi il faut être constamment à l’affût et ne pas avoir peur de profiter de chaque contact que nous sommes amenés à créer pour tenter de le transformer – pourquoi pas – en réelle opportunité.
Est-ce que je m’attendais à une situation comme celle-ci? Il est quasiment impossible de prédire l’évolution du marché 3 ans à l’avance, mais je pense que nous faisons partie d’une génération qui, par la force des choses, a plutôt les pieds sur terre. En ce qui me concerne, j’imaginais bien que la démarche ne serait pas des plus faciles. Dans la pratique, j’ai eu la chance de ne pas devoir réaliser de nombreuses recherches puisque la société où j’ai effectué mon dernier stage a pu me proposer un poste peu de temps après l’obtention de mon Bachelor.
D’une manière plus générale, si je considère les étudiants de ma volée, le bilan semble être plutôt positif puisque la plupart d’entre nous avons eu la chance de pouvoir trouver un emploi en Suisse ou à l’étranger.
AK : Oui. Les possibilités offertes par l’étranger sont vraiment sans équivalence. J’ai la chance de travailler sur des budgets de portée internationale à CLM BBDO, ce qui n’est pas toujours le cas en Suisse. Notre marché a le potentiel de devenir encore meilleur, ce n’est qu’une question de temps.
EM : En Suisse comme à l’étranger, le marché est très dur et les étudiants en communication ne sont pas toujours sereins quant à leur avenir. En France, les stages ne sont possibles qu’à condition de posséder une convention délivrée par les écoles, qui ne dure qu’un certain temps. Le dernier stage dans le cadre scolaire est donc souvent décisif pour espérer trouver un emploi fixe dans de bonnes conditions.
Même topo à Londres, où j’ai récemment rencontré, dans le cadre d’un workshop, de jeunes stagiaires qui n’ont qu’une idée en tête : remporter des prix pour gagner en crédibilité auprès de leurs Directeurs de Création et ainsi espérer une embauche.
Une fois de plus, je pense que la clé pour nous jeunes créatifs réside dans notre compréhension du digital et donc dans la nouvelle façon d’envisager une campagne 360°. La palette de médias s’élargit continuellement, et le rôle de ces derniers change. On doit être capable de donner vie à des idées suffisamment fortes et simples, afin qu’elles se déclinent naturellement sur tous les supports. La campagne « Be Fruit » d’Oasis en est un super exemple.
8) Pour ceux qui ont trouvé un job : quel est le montant de votre premier salaire ?
LC : Mon premier salaire est un salaire moyen de directeur artistique junior à New York.
JB : Mon premier salaire en Suisse était de 4500CHF.
GM : (ndrl : salaire non divulgué)
AK : Vous avez une autre question? Je pense que tout le monde connaît la réputation des premiers salaires français! 😉
EM : Je peux vous dire que j’ai des tickets restaurant d’une valeur de 6.50 €… 😉
En ce qui concerne les dédommagements de stage en France, ça tourne autour de 400 €/mois. Mais apparemment, de plus en plus d’agences appliquent maintenant un salaire minimum de 1000 €/mois.
9) Pensez-vous que l’on puisse faire encore carrière dans la publicité aujourd’hui ?
LC : La publicité est un monde très compétitif, je pense que pour faire carrière il faut être déterminé et se démarquer des autres.
JB : Oui. Je pense que ce n’est pas plus difficile que dans d’autres domaines. Peut être que dans la publicité ce qui est dur c’est de garder la motivation. On se rend vite compte que ce n’est pas tout les jours qu’on réalise des campagnes qui partent pour Cannes, du coup la motivation baisse et pour compenser on est bien loin des charmes de 99frs.
GM : Oui, je pense qu’il est encore possible aujourd’hui de faire une carrière longue dans la publicité ; encore faut-il le vouloir, tenir le rythme car ce n’est parfois pas évident, et surtout évoluer en même temps que le métier. Nous ne sommes plus dans la même définition du « mix de pub traditionnel » qui à l’époque comprenait l’affichage, la télé et la radio, dans une conception plutôt top-down. En effet, avec l’essor du web, l’arrivée des médias sociaux, la mise en exergue de la notion d’expérientiel et l’évolution du consommateur en consommacteur notamment, nous nous trouvons face à un élargissement des espaces de communication qui influe sur l’exercice des métiers de la pub… et cette dynamique de changement ne risque pas de s’inverser.
D’autres portes sont ainsi ouvertes, donnant l’accès à de nouveaux débouchés dans lesquels il y aura toujours besoin des métiers de la publicité.
AK : Oui, mais le métier est en pleine mutation. Notre génération a une carte à jouer dans le développement du digital et des nouvelles technologies. Je pense simplement que faire carrière n’est plus la même chose : il faut être de plus en plus compétent et flexible, comme de véritables couteaux suisses. Cela est dû principalement aux nouveaux métiers du digital. Le créatif moderne doit savoir maîtriser de plus en plus d’outils.
EM : La question est plutôt « A-t-on encore envie de faire carrière dans la pub aujourd’hui ? ».
La majorité s’accorde à dire que les conditions ont radicalement changé et sont plus dures. Les effectifs sont restreints, les attentes des clients toujours plus élevées et les salaires limités.
A partir d’un certain âge, pas facile de mener une carrière de publicitaire parallèlement à une carrière de conjoint ou de parent… A chacun de garder suffisamment de recul afin de définir ses limites et ses priorités.
Mais ce métier est pour beaucoup une passion. J’ai fait pas mal de petits jobs afin de payer mes études, et c’est bien la première fois que je ne regarde jamais l’heure au travail. J’aimerais pouvoir rallonger mes journées pour pousser toujours plus loin les idées et concepts.
TB : Oui, tout à fait. Pour moi, quand on veut on peut! Lorsqu’ on a un rêve, il s’agit de se donner les moyens pour y arriver. Par exemple, j’ai appris After Effects sur internet. Je n’y connaissais rien mais j’étais motivée et c’est maintenant mon outil de travail quotidien.
10) Pour réussir dans ce domaine, quels qualités, outils et connaissances faut-il posséder ?
LC : Il faut avant tout être curieux, ouvert et passionné. Les outils informatiques sont aussi indispensables car ils font partie intégrante de notre job au quotidien.
JB : Je vais répondre très simplement : le plus important, c’est d’avoir la motivation, le reste suit.
GM : Je dirais qu’il est important d’être avant tout passionné, motivé et, évidemment, créatif. Il ne faut pas compter ses heures et savoir gérer son stress lors des périodes de « rush ». C’est un domaine qui exige également de la curiosité car il est nécessaire d’avoir l’esprit ouvert, de s’intéresser aux nouveautés liées à la communication et aux nouvelles technologies et de rester en permanence attentif à ce qui se passe en Suisse et dans le monde.
Sur le plan technique, il est impératif de maîtriser certains logiciels tels ceux faisant partie de la suite Adobe ou, par exemple, Final Cut. En outre, la connaissance d’autres logiciels (autres programmes de montage, de 3D, de son ou autre) constitue un atout supplémentaire, et peut parfois faire partie des exigences de certains employeurs.
AK : Le plus important est de toujours être curieux. Notre quotidien nous demande d’être sans cesse au courant des dernières actualités. Tout est source d’inspiration. Ne pas hésiter à lire, sortir, faire des expos, dormir… 🙂 Bref, s’intéresser à un maximum de choses. Et cela, au-delà de ses propres passions.
Une bonne formation publicitaire est un vrai plus, évidemment. Maîtriser des logiciels de création en fait partie. Tous les outils sont bons à prendre, mais plus vous saurez faire de choses, mieux ce sera.
Le meilleur moteur pour performer restera toujours la passion que vous aurez pour ce métier. C’est elle qui maintiendra la flamme.
EM : Concernant les connaissances, il y a exactement 3 ans, je ne savais pas allumer un mac et je faisais mes invitations d’anniversaire sur Paint.
Si on débute, il faut simplement être suffisamment curieux et un peu autodidacte. Notre formation nous donne les outils pour être performants, libre à nous d’en faire bon usage. En principe, on se retrouve assez rapidement à faire des heures sup’, par simple plaisir de s’améliorer.
Je suis loin d’avoir fait le tour, mais ci-dessous quelques frais enseignements tirés de ma jeune expérience :
Qu’on soit en agence ou sur les bancs d’école, il faut croire en ses idées, mais aussi les challenger. Si quelqu’un adore votre concept pour certaines raisons, vous pouvez être sûr qu’un autre va le détester pour les mêmes raisons. Il ne faut pas hésiter à montrer son travail et à l’exposer à la critique, afin d’en avoir le jugement le plus objectif et global. Ça paraît évident mais c’est un exercice plus difficile qu’il n’y paraît.
Partir d’insights forts et justes. La publicité n’est jamais gratuite si l’on se base sur des vérités qui parlent à notre cible. Quand le point de départ de la réflexion est pertinent, alors publicité peut rimer avec utilité, sincérité et efficacité. En Suisse, je regrette qu’on oublie trop facilement l’importance du planning stratégique.
Être constamment en éveil. La publicité s’appuie sur l’actualité et les tendances. On doit savoir ce qui fait réagir les utilisateurs, connaître les vidéos qui font des vues, les trending topics sur Twitter, les app mobile qui cartonnent, etc. En général, dans toute agence qui se respecte, il y a un geek absolu qui se charge de forwarder sur mail groupé tout ce qu’il trouve sur le net. C’est très utile et ça permet de gagner du temps ;).
Lorsque l’homme nu de La Redoute (client de CLM BBDO) a pointé le bout de son… nez sur internet il y a quelques mois, la marque est passée n°1 des trending topics en quelques minutes. 1 heure plus tard à peine, un blog exposait des centaines de photomontages déclinés. Tout va extrêmement vite, et loin ! L’agence, qui n’était pas responsable du problème, s’est rapidement mobilisée pour exploiter la situation et tourner avec succès ce bad-buzz en opération promo.
Finalement, je pense qu’il faut avoir conscience du potentiel des nouveaux médias, et des perspectives qui s’offrent à nous pour repousser les limites de la publicité. On peut et on doit tous les jours réinventer notre manière de communiquer. Les marques doivent innover. A nous d’oser.
TB : Il faut être motivé, aimer les challenges et avoir des idées. Il me semble que maitriser par exemple Photoshop, Illustrator, Indesign est inévitable et que ça offre déjà une grande liberté de création. Connaître After Effects, Final Cut et des logiciels de 3D sont souvent un plus. Par contre, je trouve qu’avoir un minimum de connaissances dans le domaine du web aide beaucoup (pour créer un site et présenter ses travaux par exemple).
Propos recueillis par Victoria Marchand