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RTS : une politique de marques fortes

Interview de Gilles Marchand, directeur de RTS

En janvier 2010, la SSR a fusionné ses deux divisions romandes Télévision Suisse Romande (TSR) et Radio Suisse Romande (RSR) en une seule entreprise convergente baptisée Radio et Télévision Suisse (RTS). Le 29 février 2012, Gilles Marchand, directeur de la RTS, harmonisait également les noms des chaînes TV et stations de radio ainsi que le site Internet. ComInmag l’a rencontré pour passer en revue ces changements.

-Gilles Marchand, qu’elles ont été les réactions suscitées par les nouveaux noms et le nouveau site ?
-Nous avons réorganisé toutes nos marques autours de RTS afin de créer de la cohérence et du repérage dans un marché très concurrentiel, presque saturé.
C’est ainsi que « TSR1 » est devenue « RTS1 », que « RSR La Première » est devenue « RTS La Première » et que tsr.ch et rsr.ch sont devenus rts.ch. Nous avons aussi profité de ce changement important pour lancer deux marques transversales : « RTSinfo » et « RTSsport ». « RTSdécouvertes » suivra bientôt.
Dans l’ensemble, ce changement a été bien accueilli. Tant à l’interne qu’à l’externe. Je crois que les observateurs saluent la cohérence de la démarche, son efficacité et le professionnalisme qui a permis que tout fonctionne le jour J à l’heure dite. Après, le design lui-même est toujours affaire de goûts et de couleurs… J’en suis pour ma part très fier, je le trouve contemporain, efficace et en phase avec notre identité de service public.

-Ce qui est frappant, c’est la disparition de l’indication d’origine « Romande » dans les nouveaux noms. Pourquoi l’avoir supprimée ?
-Parce qu’il n’y a pas besoin de s’afficher « romand » pour l‘être, profondément !
La dimension s’exprime d’abord par nos émissions de radio et de télévision, par ceux qui les animent. Nous avons aussi choisi d’écrire en toutes lettres le chiffre de nos chaînes de télévision. Il s’agit d’un hommage à la francophonie, qui souligne notre attachement à cet espace culturel. Pas seulement en Suisse, mais dans le monde également.
Dernière chose : nous revendiquons la dimension nationale de nos chaînes de télévision et de radio. La Suisse n’est pas propriété exclusive de la Suisse alémanique. C’est ce que signifie RTS, radio télévision suisse. Je préfère d’ailleurs parler de Suisse francophone que de suisse romande. C’est moins réducteur et je crois qu’il ne faut jamais accepter de se faire enfermer dans une logique de minoritaire.

-Avant regroupement de vos sites, tsr.ch et rsr.ch cumulaient quelque 430 000 visites individuelles. Quels sont les premiers résultats du portail unique rts.ch – le nombre de visiteurs est-il en chute libre ou augmente-t-il ?
-Notre objectif principal est plus qualitatif que quantitatif. Je crois que notre plate-forme, qui expose le meilleur de la radio et de la tv, est un vrai plus pour le public. Nous avons rassemblé nos forces, réorganisé nos contenus pour les re-proposer de manière très performante à nos publics. Il s’agit là d’un axe central de toute notre stratégie programmatique. Sur le plan purement quantitatif, je ne serai pas étonné que nous passions d’abord par une phase de perte (1 plateforme au lieu de 2), puis de nouvelle progression. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui compte c’est la qualité et la performance de nos propositions, sur le plan journalistique comme technologique.

-Comment le premier week-end pilote du 10/11 mars s’est-il passé ? Les utilisateurs ont-ils réussi à s’orienter ?
-Oui. Le premier bilan est intéressant. D’abord parce que nos 3 vecteurs ont développé leur compétences spécifiques, dans leur propres rythmes. La radio était excellente dans son registre, notamment en fin d’après-midi. La TV a bien rythmé la journée avec les flash et les journaux, puis avec Mise au Point et l’interview de P.-Y. Maillard. Quant au site, il a été massivement sollicité pour les premières infos mais aussi pour revoir et re-écouter les moments forts. On peut toujours améliorer, mais je trouve que nous avons offert une bonne complémentarité.

-D’ici fin mars, les éditeurs et la SSR devront avoir résolu le litige les opposant quant à la publicité en ligne. Or il n’y aurait pas de place pour de la publicité dans la nouvelle maquette de rts.ch. L’auriez-vous oubliée ou simplement vous n’y croyez plus ?
-Je ne peux pas faire de commentaire sur des discussions en cours. Mais je peux souligner que la SSR souhaite accompagner le transfert inéluctable de ses audiences de la tv classique vers la Video in Demand (VOD), avec le même type de pub. En clair, nous ne parlons pas de display mais de pre-mid et post roll. C’est une différence importante. Pour le reste, il vous faut attendre la fin des discussions.

-Comment les réseaux sociaux sont-ils intégrés à rts.ch ? Actuellement, on ne les trouve qu’en bas d’écran sur le site mais les contributions individuelles n’y font pas référence. Pourquoi les traiter comme quantité négligeable ?
-On ne peut pas tout faire d‘un coup et là nous devons faire des progrès, c’est notre prochaine priorité. Je signale quand même une expérience très intéressante et populaire : « en ligne directe » sur La Première le matin, avec une présence significative sur les réseaux sociaux.
Mais rendez-vous dans quelques mois. Nous avons des idées innovantes en la matière. J’espère que nous arriverons à les concrétiser !

-Vous mentionnez l’émission social media « En ligne directe ». Pourriez-vous en expliquer le concept ?
-Cette émission est intéressante car elle interpelle le public et lui permet de participer en interaction avec des experts ou des politiques. Nous sommes ici au cœur du mandat citoyen. Mais le rôle de filtre des journalistes reste plein et entier. Chaque fin d’après-midi, la rédaction de la radio choisit un thème et le communique via les réseaux sociaux, une application smartphone et le site rts.ch au public. Ce dernier peut réagir, donner son point de point de manière très simple. La rédaction choisit les contributions pour les diffuser et anime un débat entre le public et les experts. C’est vraiment innovant et intéressant. A tel point que des collègues de la RTBF nous ont demandé de pouvoir utiliser le système.

-L’émission a été lancée le 13 février. Comment évolue-t-elle depuis ? Quelle est la taille de la communauté actuelle ?
-J’ai l’impression que cela fonctionne assez bien. Mais nous ne visons pas spécifiquement la communauté web. Nous n’oublions jamais que nous sommes un média public et généraliste qui doit toucher tous les publics. C’est la gestion permanente du grand écart entre innovation et large impact !

-rts.ch compte également fournir des offres pour les utilisateurs mobiles mais la tâche est loin d’être simple au vu des nombreux navigateurs mobiles, systèmes d’exploitation, smartphones et tablettes existants. Bref, rts.ch est-elle compatible, et avec quels systèmes mobiles ?
-En principe, toutes nos app sont disponibles pour I-phones et android. Nous utilisons le htlm5 pour nos vidéos qui sont ainsi visibles sur les tablettes, dans une qualité extraordinaire.
La vraie question pour moi n’est pas la disponibilité des contenus sur les mobiles mais notre capacité à mesurer et consolider ces nouvelles audiences, qui vont exploser.

-RTS a pratiquement achevé sa convergence interne. Si on en fait le bilan : quel est le nombre de licenciements et de suppressions d’emplois ? À combien se montent les économies réalisées ? Et quelle est la part revenant chaque année aux rédactions – dans le but d’assurer leur qualité ?
-Il y a 3 objectifs clairs pour la convergence, ou plutôt l’intégration radio/tv.
« L’efficience », avec 10% d’économie sur nos infrastructures, soit CHF 5.5M /an. C’est déjà presque atteint. Et au final, environ 30 postes de travail seront supprimés.
Ensuite « l’impact », avec la nouvelle politique de marque et la promotion croisée. Nous avons bien avancé depuis quelques semaines avec ce nouveau branding.
Enfin, « la qualité » des programmes de radio et de tv ; avec des développements sur chaque vecteur et des opérations communes, régulières ou ponctuelles. C’est un processus permanent bien entendu. Mais je relève des initiatives intéressantes qui arrivent sur nos grilles tv et radio.

-Le 29 février, comment le passage des chaînes de télévision RTS au HD a-t-il fonctionné ? Est-ce qu’il y a eu des problèmes ? La communication SSR préalablement effectuée était-elle suffisamment explicite ?
-Cela fonctionne parfaitement bien pour ceux qui sont équipés. C’est presque miraculeux qu’un tel changement technique se passe si bien. C’est un vrai plus en termes de qualité. Mais nous ne forçons personne et ceux qui restent en SD peuvent le faire encore 2 ou 3 ans. La communication va monter en puissance progressivement. Je pense que l’été sportif, entre les JO et l’Eurofoot, sera important pour ce développement. Mais il faudra 5 ou 6 ans pour une bascule complète.

-HD Suisse a cessé de fonctionner au 31 janvier. La Suisse romande y voit-elle une perte ? N’oublions pas que ce canal test multilingue diffusait également des émissions romandes en Suisse alémanique et au Tessin – et inversement.
-HD Suisse était une expérience pilote. En ce sens on doit la remercier car le changement actuel ne se serait pas aussi bien passé sans cette expérience. Mais je ne crois pas aux chaînes nationales dans un pays multilingue. Je préfère d’autres approches, comme celle de proposer des émissions de la RTS à SFinfo, grâce aux doublages en allemand de TV5Monde (!) ou de suivre l’actualité des autres régions dans nos émissions francophones. Sans oublier le sport, qui est souvent produit ou acheté en commun. En fait, la SSR et ses chaînes radio/tv, c’est un concentré de la Suisse, avec toute sa diversité, tout son talent, et ses quelques limites !

Propos recueuillis par Markus Knöpfli

www.rts.ch

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