Le marché des objets connectés promet d’être le nouvel eldorado du monde digital. Swisscom s’y engouffre par le biais de la sécurité personnelle. Un secteur qui permet à cet opérateur de rester dans le Saint des Saints : l’intérieur des Suisses.
Après la géolocalisation et les réseaux sociaux, le monde du web s’intéresse à l’Internet des objets. Bien que la littérature soit très prolixe à ce sujet, ce marché à fort potentiel semble encore bien obscur pour le consommateur lambda. Le lancement de l’Apple Watch a contribué à mettre à la mode le terme d’objet connecté mais il a également mis en avant la question des données personnelles transmises à des serveurs qui semblent échapper à tout contrôle. Comme pour le e-paiement, la traçabilité sera une condition sine qua non pour le développement de ces supports collecteurs de datas.
Une aubaine pour Swisscom qui gère les données personnelles des Suisses depuis l’époque des PTT. Mais encore fallait-il que cette ancienne régie trouve un secteur pour faire ses premiers pas dans la domotique. « Nous sommes déjà à l’intérieur des maisons avec le téléphone, les routeurs, la Swisscom TV, constate Gregory Grin, Head of Product Development & Operations chez Swisscom Smart Living. Lorsque nous avons réfléchi au développement de nouveaux services, les statistiques des cambriolages dans notre pays nous ont appris que la sécurité est un secteur qui préoccupe les Suisses. » C’est ainsi qu’est né SmartLife Security, un kit d’objets de surveillance à installer chez-soi.
La particularité du marché suisse
Les Suisses étant un peuple de locataires, il leur est difficile, voire impossible, d’installer des systèmes de sécurité fixes. En effet, n’étant pas sûrs de pouvoir revendre ces installations au locataire qui leur succédera, où de pouvoir les réimplanter dans leur nouveau logement, ils préfèrent faire appel à des sociétés de sécurité. Or, les services de surveillance que proposent ces entreprises restent chers et destinés à une minorité. « Il y avait de la place pour des objets mobiles. » Autre avantage avec cette solution, une application permet de contrôler à distance les caméras rotatives, les détecteurs d’ouverture de portes ou de fenêtres, de fumée ou de fuite d’eau, les prises et autres objets dédiés connectés à une box reliée au routeur du wifi. « Nous avons tablé pour une solution technique qui ne demande aucune connaissance technique. En moins d’une demi-heure, le système de base est opérationnel. On peut ensuite tout contrôler depuis son mobile ou un ordinateur. »
Le modèle économique
Face la disparition programmée du marché de la téléphonie payante, Swisscom, comme tous les opérateurs, se devait de trouver des solutions de substitution. Disposant déjà de clients et de leurs données de facturation, le basculement de son business modèle est moins risqué que pour des sociétés de sécurité inconnues. Mais Swisscom n’a pas pour autant le droit à l’erreur. Le choix de la technologie est fondamental le type de contrat. Ici, deux abonnements mensuels sont proposés : avec ou sans déclenchement d’une intervention de Securitas. Les prestations de base, en plus de l’achat du kit, sont l’application SmartLife, la vidéosurveillance en direct, les alarmes et notifications illimités, la transmission et le stockage des données cryptées. A ce sujet, Grégory Grin insiste sur le respect de la vie privée. « Toutes ces datas sont stockées sur des serveurs indépendants. Il n’y a par conséquent aucune agrégation avec les données clients déjà en possession de Swisscom. Par conséquent, personne ne peut regarder les vidéos de surveillance privées sans connaître le mot de passe du client. »
Nous entrons dans un nouveau monde, les entreprises sont contraintes de trouver de nouveaux marchés. Avec SmartLife, Swisscom fait un premier pas vers le service à la personne. Un axe qui, avec le vieillissement de la population, va connaître un grand avenir.