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SXSW : Au cœur de la matrice

« What’s on ? » et « What’s next ? » ont été les deux questions qui ont servi de fil conducteur lors de la conférence interactive SXSW 2013 qui s’est tenue du 8 au 12 mars à Austin (Texas).

Qu’est-ce que SXSW ?
Créé voici 27 ans, SXSW (South by South West) était à l’origine un festival musical. De la musique au web il n’y a qu’un pas, qui a été franchi en 1994 via la musique électronique avec la création de SXSW Interactive. En vingt ans, ce festival numérique, qui se tient concomitamment avec SXSW Film et SXSW Music, est devenu LE rendez-vous incontournable pour tous les spécialistes du web : développeurs, web designers, digital stratégistes, e-marketeurs, etc. C’est à ici que Twitter et Foursquare ont été lancés. C’est à SXSW Interactive que Mark Zuckeberg a tenu en 2008 sa conférence « The Power of a Connected Audience » annonciatrice du monde 2.0.
Pour comprendre ce que représente cette Mecque, il faut imaginer quelque 50.000 personnes débarquant pour cette occasion à Austin, la capitale du Texas et seule ville démocrate de cet Etat républicain. Ville éclatée sur des kilomètres, tout se passe autour de l’Austin Convention Center situé en plein centre-ville. Ainsi pour suivre la centaine de conférences proposées par jour, le Trade Show avec sa centaine de stands et fréquenter les bars des agences, les conférenciers se déplacent à pied ou par navettes entre ce centre névralgique et les hôtels alentours. L’ambiance y est studieuse et festive. Et, il faut le relever, l’organisation est à la hauteur du défi. Le staff est nombreux et compétent ; les horaires sont respectés ; l’équipement audiovisuel fonctionne parfaitement ; le wifi a une puissance impressionnante ; bref c’est un sans-faute que l’on ne retrouve malheureusement pas dans tous les festivals de ce type (j’en parle en connaissance de cause !). Et le soir, parallèlement aux soirées sponsorisées, la longue 6th Street ouvre ses nombreux bars sous l’œil vigilant de la police qui ne saurait tolérer le moindre débordement (on est au Texas !). Bref, comme le décrit si bien l’écrivain David Lodge dans son ouvrage « Un si petit monde », l’expérience d’une conférence est proche de celle d’un pèlerinage. Et celle de SXSW, vous donne vraiment le sentiment d’être dans la matrice originale. Unique !

Le cru 2013
Point de lancement tonitruant cette année. De quoi inquiéter Hugh Forrest, le directeur de SXSW Interactive ? « Tout est devenu social, a-t-il expliqué aux journalistes accrédites à l’instar de Cominmag. On ne saurait dès lors s’attendre à ce qu’une nouvelle plateforme sociale ou mobile face la Une de notre festival. Ce que tout le monde recherche désormais est la formule de l’intégration de tous ces services numériques dans un business model rentable. Une attente qui explique pourquoi en 2013, le nombre de marketeurs inscrits a dépassé pour la première fois celui des développeurs. »
Ainsi, le concept qui a le mieux illustré cette édition a été trouvé par Kevin Rose, General Partner chez Google Ventures, avec le terme « Serendipity » (heureux hasard). Un concept confirmé au long des conférences où il est clairement apparu que la recherche du Graal numérique repose sur une nouvelle trinité : la technologie, la connaissance et… la chance.
Et pour parfaire cette photographie, ma présence à cette conférence m’a permis de mettre un terme à un mythe : l’avance digitale des Etats-Unis. La Sillicone Valley n’est en rien représentative du pays. Lors de la séance des questions-réponses qui suit toute conférence, il est clairement apparu que les PME américaines ne sont ni plus en avance ni plus en retard que les Suisses. Et quelle n’a été ma surprise d’apprendre qu’en moyenne, un Etatsunien peut compter sur 245 amis sur Facebook, 102 abonnés sur son compte Twitter, et que son réseau professionnel compte sur 319 contacts LinkedIn !

Les deux applications dont on a beaucoup parlé
Uber est une application qui transforme tout propriétaire de voiture en potentiel chauffeur de taxi. Le principe est très simple. Il suffit de télécharger l’application, de se géolocaliser via l’app et de demander une voiture. Un particulier, préalablement inscrit sur ce service, vous acheminera à votre destination. Le service est payant.
Autre succès story : Airbnb. Ici, ce sont des propriétaires de logements qui louent ponctuellement leur appartement. Le principe est le même, l’utilisateur définit la période, le quartier et le nombre de pièces recherchés et l’application vous propose une liste. On s’inscrit et l’on entre en contact avec le propriétaire via la plateforme, notamment pour définir les modalités (heure d’arrivée et de départ, où trouver les clés, nettoyage, etc.).
Dans les deux cas, ces services court-circuitent les agences officielles (taxis ou immobilier) : il s’agit de services de particulier à particulier. Comme l’a expliqué Travis Kalanick, fondateur de Uber, après s’être totalement focalisé sur le développement technique de son application, le succès l’oblige aujourd’hui a entamer une bagarre légale avec les sociétés de taxis qui l’accusent de faire du dumping, puisque les prestataires de son réseau ne prélèvent pas de commissions et ne paient aucune taxe. Une situation très inattendue pour un créateur de start-up qui, comme il l’a expliqué, « a sacrifié toute vie privée pour mener à bien un projet sur le web. » Or aujourd’hui, la vie réelle se rappelle à lui…

Internet des objets
Autre utopie, bien que réelle : l’imprimante 3D. La magistrale conférence de Bre Pettis, CEO de MakerBot Industries, a été l’occasion de la présentation de son imprimante 3D : Digitizer.
Objet emblématique des BarCamp (ateliers numériques), l’imprimante tridimensionnelle est au cœur de la culture participative et anticonsumériste. Qu’elle fonctionne avec du plastique, de la cire, du métal ou du plâtre, la finalité recherchée est toujours la même : l’autosuffisance productive.
La machine de Bre Pettis est un premier pas dans cette direction. Elle se nourrit de bobines de fils de plastique et peut reproduire de petits objets grâce à des lasers qui copient un modèle original. « Dans un proche futur, a-t-il prédit, lorsque l’on aura besoin d’un objet, on téléchargera son plan et on le produira à la maison. Coût de la machine : dans les 2.000 dollars
Autre objet du futur qui va bientôt faire partie de notre quotidien : les Google Glasses. Un atelier Google a permis aux participants de suivre la démonstration et surtout de découvrir ces lunettes dont tout le monde parle. L’invention chère à Sergey Brin, co-fondateur de la firme de Mountain View, est un Smartphone déguisé en monture de lunettes. Le petit écran qui est placé en haut de l’œil droit permet de filmer, photographier et voir des données en temps réel. Aucune manipulation avec les mains, tout passe par la voix. De quoi découvrir le plan d’une ville, le nom des restaurants de la rue où l’on se trouve, etc. Le lancement de ces e-montures est prévu avant la fin de l’année et ne devraient pas dépasser les 1.500 dollars.
Avec le Leap Motion Controller, qui coûte 70$ et sera disponible dès le 13 mai 2013, le clavier de l’ordinateur et la souris n’auront bientôt plus de raison d’être. Dès que ce petit boîtier sera relié à votre Mac ou PC, vos doigts pourront ouvrir des dossiers. Idéal pour le gaming, Leap Motion n’est toutefois pas encore capable de simuler l’écriture… mais cela ne saurait tarder.

La conquête de Mars
La Keynote de Elon Musk, co-fondateur de Paypal, a permis de regarder les problématiques terriennes sous une nouvelle perspective. Le « What’s next ? » pourrait ne plus avoir à faire avec le web mais avec la conquête spatiale. Lorsque cet entrepreneur fonde en 2002 la société SpaceX, il a pour idée de créer des systèmes de lancement commerciaux pouvant concurrencer la Nasa et autre Agence spatiale européenne. Fort d’une fortune estimée à quelque 2 milliards de dollars, ce futuriste également co-fondateur de Tesla Motors, une société qui produit des voitures de sport électriques, prouve à quel point les nouvelles fortunes du web cherchent vraiment à changer notre monde. Sergey Brin, le co-fondateur de Google, s’intéresse de très près à la maladie de Parkinson dont souffre sa mère et dont il est porteur du gène. Depuis, il a investit des millions dans la recherche médicale. Ainsi, l’espace et les neurosciences sont des territoires encore à conquérir.

Victoria Marchand

www.sxsw.com

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