En février, Tamedia a instauré une prime au clic pour l’équipe de Newsexpress qui poste les dépêches d’agences sur les différents sites du groupe en Suisse alémanique. Chaque trimestre, les collaborateurs de Newsexpress recevront un bonus collectif de CHF 1 500 pour autant que le nombre de clics dépasse celui du trimestre précédent. De plus, le journaliste qui aura produit le plus d’articles et attiré le plus de visiteurs touchera une prime de 800 francs par trimestre. Le deuxième au classement percevra CHF 500, le troisième CHF 300. Il s’agit d’une phase test qui va durer 3 mois.
En Suisse romande, on s’apprête à lancer le même test pour améliorer le taux de clics sur les sites de 20 minutes, la Tribune de Genève, Le Matin, et 24 heures. Toutefois ici, on va se limiter à améliorer la visibilité des posts sans pour autant verser un bonus aux onze journalistes de Newsexpress. Comme l’explique Philippe Favre, rédacteur en chef de 20 minutes et de Newsexpress, « les rédactions alémaniques de Tamedia ne sont pas soumisses à une convention collective de travail, contrairement à celles de Suisse romande. Par conséquent, l’idée d’une prime à la performance individuelle semble est mieux acceptée Outre-Sarine. On verra, à la fin des trois mois, comment nous pourrons remercier les efforts de notre équipe romande. Ici, il ne s’agira en aucun cas d’une part variable du salaire. Nous étudions par exemple la possibilité de faire évoluer cette prime vers une forme de compensation non pécuniaire pour valoriser les bons résultats. »
Fermes à clics ?
« C’est ce que nous voulons à tout prix éviter, poursuit Philippe Favre. « Donner envie de lire des dépêches d’agences ne signifie nullement tromper le lecteur. Toute stratégie allant dans ce sens ne pourrait que se retourner contre nous. » Notre intentions est d’améliorer la rédaction de posts d’agences afin d’augmenter leur taux de clic. Chaque rédaction garde toutefois sa ligne éditoriale online et peut à tout moment « versionner » les posts publiés par Newsexpress. Selon les titres, le volume publiés par cette rédaction web peut correspondre jusqu’à 60% des posts publiés online.
Tamedia à la recherche d’un nouveau modèle
Le succès d’audience online est crucial pour les éditeurs. Alors que Tamedia Advertising est en train de développer une plate-forme programmatique interne, la commercialisation de l’inventaire passe par une forte fréquentation des sites de quoi générer les datas que les annonceurs recherchent. Telle est la règle pour tous les sites online. Si dans l’univers web, l’idée de la performance est une valeur positive, on peut comprendre toutefois que pour des rédactions cette notion puisse encore paraître choquante. Pourtant, toute la tarification publicitaire de la presse écrite a toujours été en lien avec les données d’audiences qui sont aussi des datas puisque ces informations sont segmentées par sexe, âge, zone d’habitation et milieu socio-culturel. Et dans certaines rédactions, les rédactions en chef ont droit à une part variable qui tient compte de l’évolution du titre. Le nouveau modèle de Newsexpress innove puiqu’il ne tient pas compte de la position du journaliste dans la hiérarchie.
Quoi qu’il en soit, cette phase de test est très intéressante car elle va notamment nous montrer si les différences entre les régions tiennent plus à la culture où à la nature des supports. La suite dans trois mois….