Les Chiffres

Tamedia : Résultats du 1er semestre 2014

Alors que les recettes publicitaires « presse » ont baissé, le premier semestre 2014 se solde, pour Tamedia, par un accroissement des ventes, des bénéfices, de la marge et du marché numérique. Le paywall du Tages-Anzeiger incite à mettre en place – aussi en Romandie – d’autres paywalls. Et si la fusion entre search.ch et local.ch est autorisée, Tamedia empochera, pour la première fois, un bénéfice de plus d’une centaine de millions.

Au premier semestre 2014, Tamedia a vu son chiffre d’affaires augmenter de 3% (par rapport à l’année précédente) à CHF 551 millions, le bénéfice passant à CHF 59 millions (+8 %) et la marge EBIT de 11,9% à 13,3%. « Des résultats globaux satisfaisants », a déclaré le CEO Christoph Tonini en août lors d’une conférence téléphonique, précisant toutefois que ce développement résultait de la reprise de Landbote/Ziegler Druck (Winterthour) et des diverses mesures mises en œuvre pour optimiser l’efficience de la société.
Pour ce CEO, la création des paywalls au Tages-Anzeiger en avril 2014 se solde par un bilan positif : à ce jour quelque 7 400 internautes se sont abonnés à la version numérique, bien qu’il s’agisse surtout d’abonnements à l’essai particulièrement avantageux. Ce chiffre dépasse certes les espérances, toujours selon Christoph Tonini, mais il faut passer maintenant aux abonnements fermes, qui sont plus chers. Concernant la fréquentation de tagesanzeiger.ch, il a confirmé que « le recul était plus important que prévu ». Effectivement, depuis avril, le nombre de pages vues (page impressions – PI) a pratiquement été divisé par deux, les visites diminuant d’un cinquième et la durée de chaque visite ayant perdu une bonne minute. Par contre, le nombre de visiteurs uniques (UC) n’a presque pas changé.
En raison de la petite taille de l’affichage, les appareils mobiles cumulent rapidement plus de PI. Le recul constaté ici montre que c’est surtout ce type d’utilisation qui a diminué, a expliqué le CEO en ajoutant qu’il n’y avait pas de souci à se faire car « pour le trafic mobile, il n’y a pas encore de problème en ce qui concerne les espaces disponibles ». En d’autres mots, de nombreux espaces publicitaires sont encore vierges sur tagesanzeiger.ch.

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La baisse de la fréquentation n’est toutefois guère surprenante. Lorsqu’ils ont instauré leurs paywalls, Le Temps (en janvier 2011) et NZZ (en octobre 2012) ont fait des expériences similaires : mais en l’espace de six mois, les UC retrouvaient leur niveau précédent, le nombre de visites ayant remonté au bout d’un an environ. Et NZZ comptabilisait, début 2014, le même volume de PI qu’avant la création de la zone payante. Par contre, Le Temps n’a toujours pas réussi à rééquilibrer son nombre de PI. Chez les deux titres, la durée de chaque visite (qui a baissé de 30 secondes chez NZZ depuis l’instauration d’un paiement et d’environ une minute au Temps) est restée constante au niveau le plus bas. Le Temps a néanmoins progressé dans un domaine précis : après la mise en place du paywall, l’audience (135 000 visiteurs uniques par mois) avait baissé d’abord d’un tiers avant de connaître une reprise rapide et de se stabiliser en moyenne autour de 160 000 visiteurs. NZZ n’a pas encore pu fournir de chiffres explicites à ce sujet.

Revenons au tagesanzeiger.ch : sur les 7 400 abonnements vendus, 66% sont des abonnements « numériques » pour ordinateur de bureau, smartphones et iPad (sans version papier), 27% sont de type « Digital light » (uniquement pour ordinateur et smartphone) et 7% relèvent de la catégorie « Week-end » (lecture de la version numérique en semaine, éditions papier du Tages-Anzeiger et de Sonntagszeitung le week-end). Se basant sur cette expérience, Tamedia a donc décidé de mettre en place, début novembre, un paywall au Bund dont la rédaction coopère étroitement avec le Tages-Anzeiger ; les titres romands suivront dans la foulée, en 2015 : tout d’abord 24 Heures et La Tribune de Genève, puis Le Matin en fin d’année.

Attendons de voir ce que fera 20 Minuten : même si le pendulaire a vu ses recettes publicitaires « presse » poursuivre leur recul au premier semestre 2014, M. Tonini a annoncé que la consultation numérique avait énormément augmenté et que sa commercialisation était clairement meilleure qu’en 2013, les ventes « mobiles » ayant augmenté de 66% chez 20 Minutes et pratiquement doublé chez 20 minutes (mais à un niveau plus bas).

D’autre part, Christophe Tonini a annoncé que la vente des parts du Temps à Ringier était prévue pour le troisième trimestre 2014, dès que la Commission de la concurrence aurait donné son accord. L’impression du journal continuera de se faire à l’imprimerie Tamedia de Lausanne.

Le CEO de Tamedia a également communiqué les résultats de la division « Numérique » : un plus de 12% pour les ventes, une augmentation de l’excédent brut d’exploitation (EBE) de 11% et le maintien de la marge d’EBE à 24%. « Mais nous savons que seules d’autres reprises nous permettront d’atteindre notre objectif : générer, d’ici trois ans, 50% de l’EBE grâce au numérique », cette part étant actuellement de 27%. Cet été, Tamedia est donc entré au capital du Danois Trendsales.dk (88%) et de la plateforme suisse de conseil financier Moneypark (20%) où elle compte par ailleurs devenir majoritaire à moyen terme.

Le 5 septembre, Swisscom rachetait PubliGroupe. Mais la Commission de la concurrence n’a toujours pas pris de décision quant à la fusion des deux services d’annuaires local.ch et search.ch, appartenant respectivement à Swisscom et Tamedia qui ont prévu la création d’une société filiale commune dont Swisscom détiendrait 69% et Tamedia 31%). Si tel était le cas, Christophe Tonini s’attend, pour 2015, à « un réel impact positif sur le résultat ». Aspect d’autant plus intéressant que pour Tamedia, search.ch est à ce jour uniquement synonyme d’investissements et n’a généré aucun effet positif sur l’EBE. De plus le portail fera l’objet d’une nouvelle évaluation : début 2015, Tamedia devrait donc profiter de retombées uniques se chiffrant à plus d’une centaine de millions. Mais ce n’est pas tout : la vente de ses actions PubliGroupe à Swisscom rapporte à Tamedia un profit comptable d’environ CHF 20 millions.

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475 millions pour PubliGroupe

Swisscom a déboursé CHF 475 millions pour PubliGroupe, soit CHF 214 pour chaque action. 98% des actions ont été proposées à Swisscom jusqu’au 25 août, le reste étant annulé et repris au même prix. L’opérateur est surtout (comme Tamedia) intéressé par local.ch, le communiqué précisant que ni sa gestion, ni son organisation ne seraient modifiées : Edi Bähler restera donc le CEO du groupe Local. Par contre, Swisscom compte se débarrasser des participations médias de Publigroupe, la participation à FPH Freie Presse étant probablement reprise à l’automne par le groupe NZZ.
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PubliGroupe et Publicitas : quelques pertes

Avant même de connaître l’offre de Swisscom, Publigroupe avait vendu Publicitas, source de problèmes, à la société en participation allemande Aurelius. Conséquences de la vente conclue en juin : les comptes du premier semestre se soldent pour Publigroupe, en raison de « retombées uniques », par une énorme perte de CHF 46,4 millions (année précédente : CHF 9,5 millions). « Grâce à l’extraordinaire résultat de local.ch » (Arndt C. Groth, CEO), le résultat d’exploitation a été positif (CHF 1,6 million). Pour les six premiers mois, la division vendue « Media Sales » (Publicitas) fait état d’une perte d’exploitation de CHF 2,8 millions (contre CHF 8,6 millions l’année précédente).
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